Au moins huit morts dans les manifestations anti-Kabila
1 janvier 2018Après les manifestations contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila violemment réprimées de dimanche, le bilan s'est encore alourdi au premier jour de l'année. Au moins huit personnes ont été tuées à Kinshasa et à Kananga (centre) selon un bilan donné par une source de l'ONU à l'Agence France Presse (AFP). Les forces de sécurité ont réprimé des messes dans des églises à coups de gaz lacrymogène et empêché des marches après l'appel à manifester contre le pouvoir. Le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police nationale congolaise a déclaré à la télévision publique que deux jeunes ont été tués à la paroisse Saint-Alphonse de Matete, dans l'est de Kinshasa, tandis qu'une autre personne a été tuée dans la commune populaire de Masina.
Un policier a également été tué dans la capitale, selon un communiqué du gouvernement lu à la télévision d'État.
A Kinshasa, au moins une quinzaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs par balles. A Kananga, au Kasaï, dans le centre du pays, un homme a aussi été tué par balles par des militaires qui ont ouvert le feu sur des catholiques en marge d'une marche contre Joseph Kabila, dont le mandat a expiré depuis décembre 2016. Au total plus de 120 personnes dont des prêtres auraient aussi été arretées dans tout le pays.
Internet toujours coupé
Coupure d'internet, déploiement sécuritaire, barrages policiers: les autorités congolaises ont sorti l'artillerie lourde pour étouffer les "marches pacifiques" des catholiques contre le chef de l'État, malgré l'appel des Nations unies et des chancelleries au respect du droit à manifester. Ce lundi soir internet était toujours coupé et l'atmosphère est évidemment très particulière pour ce premier jour de l'année. Les marches avaient été initiées par les catholiques congolais, un an après la signature sous l'égide des évêques d'un accord prévoyant des élections fin 2017 pour organiser le départ du président Joseph Kabila.
La police a aussi interpellé douze enfants de choeur catholiques à la sortie d'une paroisse du centre-ville de Kinshasa. À Lubumbashi (sud-est), deuxième ville du pays, deux personnes ont été blessées par balles quand les forces de sécurité ont ouvert le feu alors que des catholiques tentaient de manifester à la sortie d'une messe.
Condamnation internationale
Ce lundi la secrétaire générale de la Francophonie a dénoncé des "attaques inqualifiables et désolantes" contre les manifestations. Dans un communiqué, Michaëlle Jean demande aux autorités congolaises de respecter le droit à manifester. Le président Kabila a lui répété lors de ses voeux que les élections auraient lieu en décembre 2018.