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Au Bénin les pirates s'en prennent aux radios

Rodrigue Guézodjè
4 décembre 2017

Au Bénin, depuis plusieurs semaines des radios privées sont victimes de piratage. Difficile pour leurs propriétaires de cibler les sources de ces désagréments.

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Benin Straßenverkehr in Cotonou
Image : picture-alliance/dpa/B. Beege

'C'est du matériel professionel qui est utilisé par les pirates'(Donklam Aballo) - MP3-Stereo

Au départ, le pirate brouilleur de fréquences ciblait systématiquement des émissions spécifiques, surtout politiques, à des heures précises de grande écoute.

Mais depuis quelques semaines, le phénomène s’est généralisé et brouille l’ensemble des programmes à la grande stupeur du personnel de la radio que dirige Donklam Aballo.

 

Nepal Wahlen | Radio
Image : Getty Images/AFP/P. Mathema

 

"La musique est maintenant en permanence diffusée sur nos antennes par on ne sait qui. Cela a été confirmé puisque nous nous sommes rendus compte que le phénomène s'est produit aussi avec une autre radio, avec un acteur de la vie sociale du Bénin qui s'y était rendu pour une interview. Le temps de son interview, la musique a brouillé une autre radio que Cap FM et pendant ce temps, on a été libéré"  explique Donklam Aballo, directeur de Soleil FM.

Les appels à l'aide lancés par le directeur de Soleil FM, ainsi que les démarches engagées par l'Union des professionnels des médias du Bénin en direction de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) sont restés jusque ici sans suite.

Des radios victimes de leurs lignes éditoriales ?

"Il faut dire que nous avons été déçus de cette audience, parce qu’il n’y avait rien de consistant à retenir. Aujourd’hui, qu’un pirate assiège une radio depuis plus d’un mois, que personne ne puisse réagir, c’est terrible ! On n’arrive pas comprendre. Donc il n’y a pas de solution. Le président de la Haac expliquait également que, même si la Haac réagissait, Soleil FM devait d’abord faire certains efforts" déplore Franck Kpotchémè, président de l'UPMB.

C’est la ligne éditoriale de la radio qui pourrait être à la base de son malheur. Les journalistes de Soleil FM sont souvent assez critiques vis-à-vis du régime en place, sans pour autant fouler aux pieds les règles de leur métier.

Pour le président de l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias, cela ne devrait pas priver les populations d’informations.

"Est-ce qu’il y a des radios aujourd’hui au Bénin qui ont mis à leur fronton radio de l’opposition ? C'est un devoir pour tout organe de presse de faire entendre toutes les composantes politiques d’un pays. Il revient aux médias de collecter les informations de tous bords politiques pour que le citoyen lambda puisse être informé", souligne Guy-Constant Ehoumi, le président de l’ODEM.

En attendant, le pirate, dans l’ombre et imperturbable dicte sa loi. Jusqu’à quand encore ?