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Attaques contre l'Eglise catholique en Ituri

Marcus Loika
21 mars 2024

Trois institutions de l'Eglise catholique ont été attaquées en l'espace de quelques jours par des hommes armés non identifiés dans la ville de Bunia, en RDC.

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Un Congolais priant les mains jointes et les yeux fermés (illustration)
Des membres du clergé catholique ont critiqué les autorités militaires de l'IturiImage : PHIL MOORE/AFP

Trois institutions de l'Eglise catholique ont été attaquées en l'espace de quelques jours par des hommes armés non identifiés dans la ville de Bunia, dans la province de l'Ituri, située dans l'est de la République démocratique du Congo. Ces attaques n'ont pas fait de victimes.

Cette tension a débuté à la suite d'un message du gouverneur militaire de cette province, qui a accusé des membres du clergé  d'avoir voulu lui soutirer de l'argent, en échange de prêches positifs pour l'autorité militaire qui dirige cette province sous état de siège.

Des intimidations

La dernière attaque remonte à la nuit de mardi à mercredi et elle a visé l'internat du lycée catholique de Kigonze à Bunia.

Peu avant cela, ce sont le bureau du curé de la paroisse catholique de Nyakasanza et un couvent de sœurs qui ont été la cible d'attaques similaires, conduites par des hommes armés non identifiés jusqu'à présent. Aucune victime n'est à déplorer.

Cette situation intervient dans un contexte où plusieurs prêtres catholiques ont tenu des propos critiques à l'encontre des autorités militaires qui dirigent la province de l'Ituri, placée sous état de siège depuis près de trois ans. 

Un combattant de la Force de Résistance Patriotique de l'Ituri (FRPI) à Bukiringi (archive de janvier 2022)
L'Ituri est le théâtre de violences depuis des années. Plusieurs milices y sont activesImage : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Tout en condamnant ces attaques contre les installations de l'église, l'évêque du diocèse de Bunia, Dieudonné Uringi, a déclaré que les prêtres ne doivent pas se laisser intimider : 

"Le gouverneur a adressé des paroles méchantes aux curés. Nous ne devons pas nous laisser écraser par des personnes de ce genre-là, il n'a qu'à aller jusqu'au bout, mais il ne va pas nous forcer à nous taire, on ne doit pas être, n'est-ce pas, intimidés."

L'évêque de Bunia faisait référence à une déclaration du gouverneur militaire de l'Ituri, le week-end dernier, dans laquelle il a accusé certains prêtres d'avoir voulu lui soutirer de l'argent en échange de leur soutien.

Accusations de chantage

Le lieutenant général Johnny Luboya a ainsi accusé, sans les nommer, certains responsables religieux catholiques d'avoir exigé jusqu'à 300.000 dollars. 

"Ils viennent ici, ils me demandent de l'argent, je refuse. Ils repartent et vont dans leurs églises, ils commencent à me traiter de tous les noms. Je ne suis ni un bandit, ni un voleur et ce n'est pas parce que vous êtes un chef religieux, ce n'est pas parce que vous êtes un abbé que vous allez m'intimider. Je ne le ferai pas et si vous voulez me faire partir, si vous pensez que vous avez ce pouvoir, faites-moi partir."

En réponse, l'évêque de Bunia, Dieudonné Uringi, a exigé du gouverneur militaire qu'il dévoile l'identité de ces présumés maitres-chanteurs : "Je lui ai dit : venez me citer les noms de ces religieux qui sont venus demander de l'argent chez vous. Mais j'attends sa réponse. Face à des choses comme ça, on ne peut pas se taire, sinon on devient complice. Il faut dire la vérité, mais ne toucher à personne par la violence."

Cette controverse entre l'Eglise catholique et les autorités militaires de l'Ituri inquiète les fidèles catholiques. 

Ce lundi, les laïcs catholiques ont manifesté contre l'attaque de la paroisse de Nyakasanza. La manifestation a été repoussée sans ménagement par les forces de police, faisant quelques blessés légers.

Marcus Loika Korrespondant