Appel au boycott du 2nd tour en Egypte
2 décembre 2010Les Frères musulmans, première force d'opposition en Egypte - officiellement interdite mais tolérée - disposait encore de 88 sièges dans l'assemblée sortante. Mais la confrérie n'a eu aucun élu au 1er tour le 28 novembre. Ces dernières semaines, plusieurs centaines de ses membres avaient été maltraités et arrêtés. Les Frères musulmans dénoncent la brutalité de la police et des hommes de main du PND à leur égard. Ils dénoncent également des fraudes massives en faveur du PND, le Parti national démocrate du président Hosni Moubarak .
Par ailleurs, le Wafd, qui est lui le plus important parti de l'opposition légale laïque a lui aussi décidé de se retirer pour protester contre le déroulement du vote, dénonçant des urnes bourrées ou encore des achats de vote. Aussi le Secrétaire général du Wafd , Mounir Abdel Nour, a déclaré le retrait de son parti pour le second tour, y compris pour les deux sièges gagnés au premier tour.
Un score proche de 100%
Sur les 221 sièges pourvus au premier tour - sur 508 au total - 209 sont allés au PND, soit 94,5%. Un score que certains observateurs qualifient de „digne d’une dictature". Et ce score très élevé sera encore dépassé au second tour dimanche puisque ce jour là, le PND sera pratiquement la seule formation présente face à quelques petits partis de l'opposition légale sans grande audience et à des indépendants. Aussi il n’est pas étonnant que des voix critiques se fassent entendre comme par exemple Hafez Abus Saada de l’organisation égyptienne de Défense des Droits de l’Homme:
„Parce que des lois et des verdicts de tribunaux ont été ignorés , parce que les médias ont été contrôlés et des candidatures empêchées, il existe d’énormes doutes quant à la validité du scrutin!"
D’ores et déjà, les Frères musulmans, interdits, mais qui avaient présenté leurs candidats comme "indépendants", ont assuré qu'ils prendraient "toutes les mesures légales" pour faire invalider la "pseudo-assemblée" qui sortira du second tour.
Ce scrutin parlementaire se tient à un an d'une élection présidentielle pour laquelle Hosni Moubarak, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis 29 ans, n'a pas encore dit s'il se présenterait. Ses proches assurent toutefois qu'il briguera un nouveau mandat malgré certaines rumeurs sur sa santé.
Auteur : Philippe Pognan
Edition : Aude Gensbittel, Cécile Leclerc