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Ankara n'adhèrera que si Ivo Sanader

Anne Le Touzé5 octobre 2005

Les journaux allemands reviennent sur l’épopée européenne du week-end : l’ouverture des pourparlers d’adhésion à l’UE avec la Turquie et la Croatie… Un épisode qui met en relief les conflits d’intérêts entre les partenaires européens.

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L'intervention de Carla Del Ponte en faveur de la Croatie ouvre la voie de l'adhésion aux Croates... et aux Turcs.
L'intervention de Carla Del Ponte en faveur de la Croatie ouvre la voie de l'adhésion aux Croates... et aux Turcs.Image : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung met l’accent sur la volonté affichée de la Grande-Bretagne de dégager la voie de l’adhésion pour la Turquie. La Croatie aurait-t-elle servi d’appât pour faire mollir l’Autriche sur son rejet d’Ankara ? A l’instar de ses confrères, le quotidien s’étonne du revirement du procureur du Tribunal pénal international, Carla Del Ponte. « Déçue » vendredi par le manque de coopération de Zagreb avec le TPI, elle affirme trois jours plus tard être « pleinement satisfaite » du gouvernement croate, soudain prêt à aider le tribunal dans la traque des criminels de l’ex-Yougoslavie. Quelques coups de téléphone avec les partenaires britanniques et américains auraient-ils joué un rôle dans cette affaire, s’interroge la FAZ.

Die Welt consacre une page entière à la magistrate, et dresse sa personnalité de façon peu flatteuse. De Bruxelles à Belgrad, Carla Del Ponte est connue pour son sens de la mise en scène personnelle, affirme le quotidien. Lors de ses interventions publiques, tout est parfaitement orchestré : de la tenue sobre mais élégante, aux gardes du corps en manteau de cuir. Une femme qui aime le jeu politique plus que l’équité, die Welt revient sur le pouvoir acquis par la magistrate dans le processus des négociations, face à une Europe pendue à son rapport sur la Croatie. Toutefois, s’interroge le quotidien, Carla Del Ponte s’est-elle rendu compte de la balle qu’elle a tiré dans le pied du TPI ?

La Tageszeitung se concentre sur la Turquie « Europe en 2015 – nous y sommes déjà », titre le quotidien, qui tire deux leçons de cette épopée pour la Turquie. Première leçon : celui qui veut s’affirmer sur la scène européenne ne doit pas arriver avec des souhaits sincères ou de bons arguments, mais avec un gage convaincant. Vienne voulait la Croatie ? L’Autriche a donc bloqué d’une main de fer l’ouverture des négociations avec la Turquie, et cela aussi longtemps que ses exigences n’ont pas été respectées. En fin de compte, ajoute le quotidien berlinois, le fait que Zagreb ne coopère pas assez avec le TPI est tout à fait accessoire. Deuxième leçon pour les Turcs : L’adhésion d’un pays dépend beaucoup plus de l’intérêt qu’y voient les futurs partenaires, que de la question de savoir s’il rentre dans le cadre culturel et économique de l’Europe. La Turquie doit donc son statut de candidat à sa position stratégique aux portes du Proche-Orient.

Enfin un petit passage scientifique dans la presse allemande ce matin : le nouveau Prix Nobel de physique fait la Une de la plupart des journaux, c’est un Munichois qui affiche son bonheur avec un grand sourire – Theodor W. Hänsch a d’ailleurs les dents du bonheur. Comme quoi la faculté de lire au millionième de milliard les fréquences d’un laser optique peut rendre heureux.