Angela Merkel veut sauver la constitution européenne
12 octobre 2006C’est flatteur d’entendre le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, constater qu’on attend beaucoup de la présidence allemande l’année prochaine, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais de grandes attentes peuvent très vite devenir un fardeau et entraîner déception et récriminations. L’Allemagne veut par exemple présenter un calendrier pour relancer le traité constitutionnel européen – un traité dont même les fervents partisans sont incapables de dire comment il pourra un jour entrer en vigueur. Est-ce vraiment opportun et réaliste de faire comme si ce traité sous sa forme actuelle, ratifié par beaucoup de pays membres mais rejeté lors de deux référendums, deviendra un jour réellement la constitution valable en Europe ?
Que se passe-t-il avec Angela Merkel ? se demande de son côté die Welt. Lors de la visite de José Manuel Barroso, la chancelière a gâché une énorme chance. Elle aurait pu, avec des mots bien choisis, susciter l’enthousiasme quant à la présidence allemande en 2007. Mais elle a avant tout évoqué un calendrier pour relancer le projet de constitution. C’est une erreur, estime le journal. Car le risque est grand de voir les développements politiques et économiques de l’année prochaine venir contrecarrer les plans d’Angela Merkel. De plus, on surestime l’importance du traité constitutionnel. La constitution est un texte construit de toute pièce par des élites, le fruit de longues négociations diplomatiques. En bref un texte qui s’adresse à des Européens déjà convaincus, mais qui ne touche pas le cœur des gens.
Enfin pour le Tagesspiegel, Angela Merkel s’accroche au projet de constitution car il est le résultat de longues et difficiles négociations. La chancelière n’a pas le courage de se risquer à un nouveau départ. Mais aujourd’hui, quand on affirme qu’on a besoin d’une constitution, sans pour autant expliquer que faire avec la France et les Pays-Bas, où le traité constitutionnel a été rejeté, alors c’est qu’on n'a pas appris grand-chose de la « pause de réflexion » européenne, c’est qu’on se contente de continuer comme si de rien était.