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Angela Merkel, l'état de grâce

Carine Debrabandère3 mars 2006

Cent jours d’état de grâce pour Angela Merkel. Les Allemands souvent d’humeur morose plébiscitent leur nouvelle chancelière. Mais les grands dossiers sociaux n’ont pas encore été traités par la grande coalition au pouvoir à Berlin. Le reportage de Carine Debrabandère

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Image : AP

Etat de grâce pour Angela Merkel. 72% des Allemands qualifient son travail de satisfaisant, cent jours après son élection comme première chancelière de l’Histoire de l’Allemagne. C’est le dernier sondage paru cette semaine dans le magazine Stern, alors que l’hebdomadaire Der Spiegel titrait sur « L’Allemagne, le pays du sourire ». Angela Merkel a donc - pour le moment tout au moins - gagné son pari de redonner confiance à ses concitoyens :

« Selon moi, l’Allemagne devrait retrouver sa place dans les dix prochaines années parmi les trois pays qui réussissent le mieux économiquement en Europe »

En terme de production industrielle et d’exportations, l’Allemagne est certes toujours la première économie de la zone euro. Mais elle est l’une des lanternes rouges européennes en matière d’emploi (cinq millions de chômeurs), et en matière de déficit budgétaire, qui pour la quatrième année consécutive dépasse la limite des 3% du Produit intérieur brut autorisée par le pacte de stabilité européen.

La tendance est cependant au beau fixe, notamment grâce à une embellie notable sur le front de la conjoncture. Après une longue période de stagnation, Berlin avance en effet le chiffre de 2% pour la croissance 2006.

Et puis bien sûr, il y a le facteur Angela Merkel. Celle que beaucoup considérait comme gauche et dénuée de la poigne nécessaire à la direction d’un gouvernement a su gagner le cœur des Allemands, par sa franchise et sa modestie, et sa fermeté en politique extérieure - notamment lors des critiques émises á l’égard des conditions de détention sur la base américaine de Guantanamo à Cuba.

La coalition entre chrétiens démocrates et sociaux-démocrates est stable, comme le souligne Matthias Platzeck, le président du SDP, parti social-démocrate, qui vient de l’ex-RDA, tout comme la chancelière…

« Nous faisons du bon travail ensemble. La confiance est de mise. Nous sommes sur la même longueur d’ondes. Tout va pour le mieux »

Les premiers cent jours de la coalition entre la gauche et la droite ont démarré par une série de mesures destinées à soutenir les investissements surtout dans les transports et la recherche, et par l’annonce de la hausse de la TVA de trois points à partir de l’an prochain. Ce qui est certes une mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie des Allemands (les produits de consommation courantes seront plus chers qu’aujourd’hui), mais ce qui devrait rapporter 20 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Cela dit, la grande coalition ne s’est pas encore attaquée aux grandes mesures sociales : la réforme des caisses publiques d’assurance-maladie menacées d’asphyxie, ou la nécessité ou non d’introduire un salaire minimum qui n’existe toujours pas en Allemagne à l’échelon fédéral. C’est sur ces dossiers que la coalition de Berlin menace de s’effriter. Et le ministre du travail social-démocrate Franz Müntefering attend la chrétienne-démocrate Angela Merkel au tournant :

« Nous ne serons à la hauteur de nos prétentions que si nous prenons la Grande coalition au sérieux. Il faut prendre le taureau par les cornes et s’attaquer aux grandes réformes. J’entends bien, il faut que nous nous y attaquions tous ensemble. »

Premier test de bonne entente pour la grande coalition: le 26 mars prochain, journée d’élections régionales dans trois Länder qui vont mettre à l’épreuve l’unité de l’équipe SPD-CDU.