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Alain Kemba Didah est libre de ses chaînes pas de ses peines

Blaise Dariustone
2 mars 2018

Quatre jours après sa relaxe par le tribunal de N’Djamena, Alain Kemba Didah, porte-parole du mouvement citoyen Iyina, n’arrive toujours pas à se tenir debout. Il a été torturé dans les locaux du commissariat central.

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Tschad Urteil im Prozess gegen Iyina Aktivisten
Image : DW/B. Dariustone

'on m’a bien bastonné avant de m’introduire dans la cellule'(Alain Kemba Didah) - MP3-Stereo

D’après la police, Alain Kemba Didah a été aperçu le 19 février au matin en possession d’une bouteille d’essence, prêt à brûler un pneu. Une version que dément la victime. L'activiste affirme avoir été arrêté alors qu’il allait faire du sport.

Conduit au commissariat, Alain Kemba Didah aurait été ligoté et torturé par la police pour lui extorquer des aveux.

"Arrivé au commissariat central, on m’a bien bastonné avant de m’introduire dans la cellule. Puis le commissaire central de la police m'a fait sortir de la cellule pour m’interroger. Il a posé des questions sur le mouvement citoyen Iyina : "qui vous finance, pourquoi vous voulez déstabiliser le pays, pourquoi vous n’aimez pas les Zaghawa (ethnie du président Idriss Deby Itno ndlr), tout ça…C’était un interrogatoire musclé. Ensuite, ils m’ont ramené en cellule en me demandant d'écrire une lettre d’excuses et de reconnaissance des faits pour que je puisse être libéré, chose que j’ai refusée de faire. Il a fallu que je déclenche une grève de la faim pour qu’on puisse me conduire à la police judicaire afin de faire ma déposition" relate-t-il.

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La torture, "monnaie courante"

Alain Kemba Didah sera ensuite conduit le 26 février devant le procureur qui a ordonné sa libération en classant sans suite son dossier, faute d’éléments pouvant soutenir l’accusation. Un de ses  avocats, Maître Gai Kindjaou, juge "inadmissible" le traitement infligé à Alain Kemba Didah.

"Le Procureur a estimé que les faits ne sont pas établis et donc l’a relaxé. Nous regrettons le fait que la police adopte une méthode qui n’est pas de notre époque en torturant sauvagement Monsieur Alain Kemba, ce qui est monnaie courante. Devant le procureur de la République, la victime s’est plainte du comportement de la police qui l’a torturée en citant le nom de l'auteur des faits. Il s’agit du commissaire central de la police qui l’a torturé, l’a ligoté. Aujourd’hui, Monsieur Alain Kemba ne peut plus se déplacer seul", explique Me. Kindjaou.

Des accusations que rejette la Direction générale de la police nationale.

"La police est régie par les textes et les policiers sont tenus au respect de la loi. Dans le cas d’Alain Didah, je suis un peu surpris en ce sens qu’il ne nous a pas signalé des cas de torture au niveau du commissariat central. Nous continuons à nous interroger. Actuellement, le parquet a ouvert une enquête. S’il s’avère qu’il a été torturé, les coupables seront sanctionnés comme il se le doit. Tous les citoyens sont égaux devant la loi, aucun texte ne permet la torture"  déclare Paul Manga, le porte-parole de la police nationale.

Le certificat médical délivré par l’hôpital la Renaissance de N’Djamena atteste que l’activiste Alain Kemba Didah souffre de contusions et de douleurs au thorax, aux genoux et sur la plante des pieds. Sa défense entend porter plainte contre le commissaire central de la police cité par la victime.