Agression en Saxe

Voici donc qu’après le lait, c’est le cours des céréales, dont le houblon si cher aux brasseurs, qui s’envole. D’où le titre choisi par la Süddeutsche Zeitung, qui a de quoi faire frémir plus d’un Allemand: de maigres récoltes et le pain et la bière sont plus chers. La Fédération des agriculteurs allemands met d’ailleurs en garde contre une possible hausse des prix des aliments à la manière de ceux du secteur de l’énergie. La faute au mauvais temps, qui a causé en 2006 des récoltes inférieures de 10% à celles des années précédentes, bien que les agriculteurs aient également une part de responsabilité, eux qui décident souvent, désormais, de faire dans les biocarburants, plus rentables que les cultures vivrières .

Die Welt

revient pour sa part sur la situation en Afghanistan. Le journal glose sur les « je-sais-tout » européens qui critiquaient à tout va l’échec américain en Irak et se repaissaient de ce qu’ils appelaient la « réussite » de la stratégie européenne dans l’Hindukuch, toute relative au regard des récentes vagues d’assassinats et d’enlèvements. Or, pour Die Welt, les différentes attaques qui ont pris des Allemands pour cible doivent conforter Berlin dans sa volonté de stabiliser le pays. Le journal regrette cependant le manque d’effectifs au sein des troupes internationales : si l’OTAN a choisi d’envoyer un soldat pour 50 habitants au Kosovo, l’ISAF, elle, ne dispose que d’un soldat pour plus de 1000 Afghans.

La Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Rundschau et la tageszeitung ont choisi de publier en première page la photo de victimes de l’agression de Mügeln, en Saxe. Sur l’un des clichés, on voit l’un des huit Indiens tabassés par une cinquantaine de jeunes. Le visage contusionné, l’homme tient sa tête dans ses mains. La taz parle de « racisme ordinaire » et estime que le fait que l’on puisse être en danger dans certains endroits, juste parce que l’on n’a pas la « bonne » couleur de peau est un scandale auquel il ne faut pas s’habituer. Le journal déplore par ailleurs que dans ce type d’histoires on ne puisse pas compter sur le courage de ses concitoyens qui se bornent bien souvent à assister à la scène sans intervenir. Cela dit, le quotidien estime que ce genre de faits divers spectaculaires ne doit pas faire oublier que la discrimination prend différentes formes, parfois plus insidieuses, en Allemagne, que ce soit à l’école, au bureau ou à l’université, y compris envers des personnes nées dans le pays mais d’origine étrangère, turque notamment. Et la taz recommande à l’Etat et aux institutions de suivre l’exemple de la Fédération allemande de football qui mène en ce moment une campagne pour la « tolérance zéro » vis-à-vis des insultes racistes dans le sport.