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Afropresse

Aude Gensbittel4 avril 2008

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande. Cette semaine, les élections au Zimbabwe font les gros titres des journaux.

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Un zimbabwéen distribue des tracts du parti d'opposition MDC à Harare.Image : picture-alliance/ dpa

« Mugabe perd sa majorité parlementaire », « Craintes d'une guerre civile au Zimbabwe », « Un départ qui dure » ou encore « Les jeux sont faits pour le dictateur », voici quelques uns des titres que l'on pouvait lire en Une des quotidiens cette semaine. L'opposition zimbabwéenne gagne les élections législatives, rapporte la Süddeutsche Zeitung. Selon les résultats officiels fournis par la commission électorale, le parti d'opposition MDC, le Mouvement pour le Changement Démocratique, a remporté 109 sièges au parlement, dont 10 pour une faction dissidente, contre 97 sièges pour la Zanu-PF. Le parti de Robert Mugabe a donc pour la première fois de son histoire perdu sa majorité au parlement.


Pour die Welt, avec chaque jour qui passe, une guerre civile, un putsch militaire ou un soulèvement armé deviennent plus probables. Les années de mauvaise gestion sous le président Mugabe ont provoqué la plus haute inflation du monde, rappelle le journal, 150 000 % et la tendance est à la hausse. De moins en moins de denrées sont disponibles dans les magasins, le taux de chômage atteint 90% et quatre habitants sur cinq vivent avec moins d'un dollar par jour. Robert Mugabe est un symbole écrit la Tageszeitung. C'est le dernier représentant d'une génération de héros de la lutte d'indépendance en Afrique à être encore au pouvoir aujourd'hui. Avec son départ – quelle que soit la façon dont il se déroule – une ère touchera à sa fin en Afrique : celle des pères fondateurs autoritaires, qui tiennent leurs pays en tutelle comme leurs enfants et qui confondent la liberté de leur pays avec leur propre maintien au pouvoir.

Simbabwe, Morgan Tsvangirai, Führer der wichtigsten Oppositionspartei in Simbabwe
L'opposant Morgan Tsvangirai, chef du MDC.Image : AP


La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un portrait de l'opposant Morgan Tsvangirai, le seul adversaire sérieux du président selon le quotidien, un rival qui cherche depuis longtemps à vaincre Robert Mugabe par les urnes. Cet ancien ouvrier du textile et contremaître des mines, âgé de 56 ans, n'a pas, comme la plupart des hommes politiques au Zimbabwe, gagné ses galons dans la lutte pour l'indépendance sous le régime blanc de Ian Smith dans les années 70, mais dans la période qui a suivi. Morgan Tsvangirai est un produit du puissant mouvement syndical du pays. Ce qui le rend suspect non seulement aux yeux de la classe dominante du Zimbabwe, mais aussi aux yeux du parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC, le Congrès national africain. Ce n'est un secret pour personne que le président sud-africain Thabo Mbeki préférerait voir à la tête du pays voisin un représentant de la Zanu-PF réformé, plutôt qu'un ancien syndicaliste qui risquerait d'inciter les syndicats sud-africains à plus d'engagement politique.


Plusieurs journaux reviennent aussi sur l'affaire de l'Arche de Zoé, et la grâce accordée par le président tchadien Idriss Déby aux six Français qui avaient été condamnés.


Arche de Zoé Freilassung
Les membres de l'Arche de Zoé lors de leur comparution devant un tribunal de N'Djamena en décembre 2007.Image : AP

« Le dictateur du Tchad dit merci à son ami Sarkozy », c'est le titre d'un commentaire de la Berliner Zeitung. Lorsque le procès des six Français avait commencé, une peine de 20 ans de prison menaçait les accusés, pour tentative d'enlèvement de 103 enfants africains soi-disant orphelins. Un crime révoltant que les kidnappeurs avaient tenté de déguiser en action humanitaire, ce qui rend les faits encore plus répréhensibles, écrit le journal. Ils ont été condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés. Comme le dictateur du Tchad et le président français sont traditionnellement liés d'amitié, il n'a pas fallu longtemps avant que les condamnés soient transférés vers la France, où un tribunal a commué leur peine en huit ans de prison. Aujourd'hui, les kidnappeurs d'enfants profitent à nouveau de cette liaison politique : le président Idriss Déby a gracié les six Français et a aussi renoncé aux six millions d'euros de dommages et intérêts qu'il exigeait. Un geste de remerciement que la France a après tout mérité, estime le quotidien. Lorsque 3000 rebelles armés ont attaqué la capitale, N'Djamena, au mois de février, le chef de l'Etat, lui-même arrivé au pouvoir par un putsch, se trouvait bien démuni avant que le millier de soldats français stationnés dans le pays n'interviennent pour le sauver, lui et son poste de président. Récemment, Nicolas Sarkozy a souvent répété qu'il souhaitait mettre un terme à cette politique africaine des temps passés. Ce serait malvenu pour les despotes tels qu'Idriss Déby, c'est pourquoi on le voit s'incliner. Il se montre conciliant et serviable : en ce qui concerne le pétrole, les ventes d'armes ou encore avec des actions bienvenues telles que la grâce des kidnappeurs d'enfants.


Autre thème qui intéresse la presse allemande : le taux élevé de naissances en Afrique et les problèmes qui y sont liés.


Dans sa partie économie, l'hebdomadaire die Zeit publie un grand article sur l'accroissement de la population en Afrique, devenu plus rapide que jamais auparavant. Un accroissement qui risque d'entraîner une nouvelle forme de pauvreté et pourtant les responsables politiques du développement ne réagissent pas. Dans beaucoup de pays, la mortalité infantile est en baisse, mais le taux de naissance reste très élevé. Les ressources des familles, traditionnellement divisées entres les fils, ne suffisent plus à nourrir les familles et de nombreux jeunes quittent les zones rurales pour s'installer dans des bidonvilles aux abords des grandes agglomérations. Le journal cite l'exemple de l'Ouganda, où chaque jour 16 femmes meurent des suites d'un accouchement. Dans les zones rurales, la prospérité d'un homme se mesure encore à la surface du terrain, au nombre de femmes et au nombre d'enfants.

AIDS Waisen in Blantyre Malawi
Image : AP


La Frankfurter Rundschau se penche sur un sujet similaire avec un reportage en Ethiopie. Le journal relève que chaque année, dans les pays subsahariens, plus de 250 000 femmes meurent chaque année en mettant un enfant au monde. La clinique la plus proche est souvent à plusieurs jours de marche et l'aide arrive toujours trop tard. Dans les pays industrialisés, donner naissance est aujourd'hui quasiment sans danger. Selon les chiffres de l'office fédéral des statistiques, 673 000 bébés sont nés en Allemagne. 41 femmes sont mortes pendant la grossesse ou après l'accouchement. En Afrique subsaharienne, c'est une grossesse sur 16 qui entraîne le décès de la mère.