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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

7 mai 2010

Les journaux s'intéressent en premier lieu au Nigéria après la mort du président Yar'Adua et l'investiture de Goodluck Jonathan, qui sera donc président jusqu'à l'élection présidentielle prévue en 2011 .

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Goodluck Jonathan en avril 2010Image : AP

La mort de Yar'adua met un point final à plusieurs mois d'incertitude et, au-delà du deuil officiel, suscite un certain soulagement, écrit la Tageszeitung. Les attentes sont immenses. Yar'Adua n'ayant mis pratiquement aucune réforme en marche, Goodluck Jonathan est censé tout régler. Son principal handicap, souligne le journal, c'est le temps. Des élections auront lieu l'année prochaine. Il est peu probable que Jonathan se présente, le prochain mandat présidentiel sera réservé à un président originaire du nord musulman. Goodluck Jonathan est du Sud. Pour Die Welt, le fait que Jonathan n'ait pas à se soucier de sa réélection est un avantage. Mais note Die Welt, la lutte de pouvoir au sein du parti gouvernemental donne un avant goût de la prochaine élection présidentielle. Pour le Nigéria il sera décisif que les premières actions de Jonathan aillent dans le sens des réformes sans compromettre l'unité du gigantesque pays. Qu'un dernier jeu de mots nous soit permis, conclut Die Welt: bonne chance Jonathan. La Süddeutsche Zeitung voit le géant de l'Afrique entrer dans une zone de turbulences. La règle de l'alternance à la magistrature suprême entre le nord et le sud n'est pas forgée dans le marbre. Si Jonathan veut avoir encore une chance de se porter candidat en 2011, il devra briller. Mais dans l'immédiat tout le monde attend de voir qui il va choisir comme vice-président. L'équilibre du pouvoir voudrait que ce soit un homme du nord, qui serait alors perçu comme le favori à l'élection présidentielle, et comme le rival de Jonathan.

Islamistische Kämpfer in Mogadischu, Somalia
Combattants islamistes à MogadiscioImage : AP

La Somalie revient cette semaine dans les colonnes de la presse allemande. Tout d'abord avec l'occupation d'un repaire de pirates par les islamistes du Hezb-al-Islam. La prise du repaire de Harardhere, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, est déjà considérée par certains comme un pas décisif dans la lutte contre la piraterie en mer au large des côtes somaliennes. Les barbus, avec leurs kalachnikovs rouillés, auraient réussi là où des dizaines de navires de guerre ultra modermes ont échoué. Mais le journal renvoie à un expert américain de la piraterie, Peter Pham, qui met en garde contre une telle conclusion. Selon lui les islamistes n'ont jusqu'à présent manifesté un intérêt à combattre la piraterie maritime que pour servir leur propre propagande. Et poursuit le journal, le même expert assure que les combattants du Hezb-al-Islam ont été en fait invités par les anciens de Harardhere, lesquels craignaient une occupation par la milice, encore plus radicale, des Shebbab, qui interdisent à la population tout passe-temps profane comme le football, le cinéma et la musique. La participation directe des islamistes à la piraterie n'est pas avérée note plus loin notre confrère, mais dans leur fief de Kismayo ils profitent bel et bien de la piraterie. Autre article, celui de la Süddeutsche Zeitung, à propos de neuf pirates somaliens présumés qui attendent d'être jugés à Mombasa, au Kenya, depuis plus d'un an. Un avocat allemand, qui défend l'un de ces pirates présumés, a saisi la justice allemande pour qu'elle tranche la question suivante: est-il juste que ces hommes soient emprisonnés au Kenya, alors qu'ils ont été capturés par la marine allemande, lors de l'attaque d'un cargo allemand dans le Golfe d'Aden.

Sudan Merowe Staudamm
Le barrage de Merowe en janvier 2009Image : AP

Il est aussi question, cette semaine dans la presse allemande, d'une autre action en justice: elle concerne l'Allemagne et le Soudan. Cette action en justice est intentée par une organisation berlinoise de défense des droits de l'homme, le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains. La Süddeutsche Zeitung évoque l'affaire sous le titre "le barrage d'un despote". Le barrage en question est situé à Merowe, à 400 km au nord de Khartoum. Avec un lac de retenue de 500 km2 c'est actuellement l'un des plus grands barrages en Afrique. La plainte, nous explique le journal, vise le bureau d'ingénieurs allemand Lahmeyer international. Il lui est reproché d'être responsable de l'expulsion de plus de 4 700 familles dans la région du lac de retenue. Une expulsion musclée que nous relate le journal, et dont la Tageszeitung se fait aussi l'écho. Le journal publie cet extrait du témoignage d'un paysan "pendant la prière du matin, le niveau de l'eau du Nil a brusquement monté, et l'eau a inondé ma maison. L'eau est montée si vite que je n'ai rien pu sauver, ni le bétail, ni les meubles, ni rien." La société Lahmeyer note le journal, rejette les reproches qui lui sont faits et affirme que les riverains ont été avertis à temps. La justice tranchera mais souligne le journal ce qui est certain c'est qu'il s'agit de la première plainte déposée en Allemagne contre une société allemande pour violation de droits sociaux dans un pays en développement.

Hunger im Niger
Image : AP

A noter encore deux articles sur le Niger. Le premier dans la Tageszeitung sur la crainte d'une nouvelle famine. C'est un article qui fait suite à la visite sur place du coordinateur de l 'ONU pour l'aide humanitaire, John Holmes. Selon lui 8 millions de Nigériens, 60% de la population, ont immédiatement besoin d'une aide alimentaire. L'autre article est paru dans la Süddeutsche Zeitung et se penche sur les nombreux cas de maladies, parfois mortelles, observés au Niger chez les travailleurs des mines d'uranium exploitées par la société française Areva.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum