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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

29 janvier 2010

Il y a 50 ans cette année, 17 nouveaux Etats ont vu le jour sur le continent africain. Il y avait parmi eux 14 pays qui avaient appartenu à l'empire colonial francais. Cet anniversaire inspire la presse allemande.

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Siège de l'Union africaine à Addis AbebaImage : DW /Maya Dreyer

1960 - annus mirabilis pour l'Afrique, écrit l'hebdomadaire Die Zeit. Année merveilleuse surtout pour l'Afrique de l'ouest et du centre dans la mesure où à la différence d'autres colonies françaises comme Madagascar, l'Indochine et l'Algérie, la décolonisation s'est déroulée sans combat, et pratiquement sans effusion de sang. Le journal évoque ensuite la déclaration de Brazzaville, du général de Gaulle en janvier 1944, puis le projet d'Union francaise qui devait lier la France et ses colonies sur la base d'une égalité de droits, Mais souligne Die Zeit, au plus tard avec l'éclatement de la guerre d'Algérie la décolonisation pacifique et la promesse de réformes faite à Brazzaville se révélèrent illusoires. Alors que certains territoires virent l'émergence d' une opposition au pouvoir colonial, d'autres hommes politiques noirs prefèrèrent s'arranger avec la métropole. Ils devinrent plus tard des partenaires de la France: Léopold Sédar Senghor au Sénégal par exemple et Félix Houphouët-Boigny en Côte d'Ivoire. Ils posèrent la première pierre de cette coopération des élites qui devait devenir une caractéristique importante du processus français de décolonisation. Le Gabon, note plus loin die Zeit, est la parfaite illustration du passage du pouvoir colonial à la politique de coopération dirigée depuis Paris.

Kenia Fischer vor der Küste
Pécheur kényanImage : AP

Dans un autre journal allemand, un économiste kényan dénonce précisément les liens de dépendance que l'aide au développement entretient avec des pays qui ont souvent été des colonisateurs de l'Afrique.Le Tagesspiegel publie une interview avec James Shikwati et lui pose tout d'abord cette question à propos de Haiti: entre 1990 et 2003, 4,3 milliards de dollars ont été déversés sur Haiti. Or les 9 millions de Haitiens sont devenus encore plus pauvres. Pourquoi l'aide n'aide-t-elle pas? La pauvreté, répond James Shikwati, a de nombreuses causes. La mauvaise gouvernance, les structures économiques globales, qui jusqu'à présent ont surtout profité aux Européens et à d'autres pays industriels. L'aide au développement peut à son tour cimenter cette situation. Son effet négatif sur les pays pauvres s'observe presque partout. L'aide affaiblit la compétitivité et entretient une mentalité d'assisté. Car rien n'est gratuit. Les donateurs ont leurs raisons de donner. Mais, lui demande le journaliste du Tagesspiegel: en Afrique, celui qui gagne de l'argent est responsable non seulement de sa famille mais bien souvent aussi de la moitié du village. La tradition de la famille élargie n'est-elle pas un obstacle au développement? Réponse de l'économiste kényan: le problème n'est pas de donner de l'argent au village, mais de vouloir jouer au baby-sitter de son village. Au niveau individuel aussi le don d'argent ne fait qu'engendrer la dépendance. Veut-on aider son village, ou veut-on être une espèce de demi-dieu? Là aussi il importe de donner aux gens la possibilité de décider eux-mêmes de leur destin.

Flash-Galerie Impressionen vom Afrika Cup
Des supporters orésents à la CANImage : DW

La presse allemande fait aussi une large place à la Coupe d'Afrique des nations qui s'achève ce dimanche à Luanda. Tout d'abord avec des articles sur la vague d'arrestations qui a fait suite à l'attaque de séparatises de Cabinda contre le bus de l'équipe nationale du Togo. C'était deux jours avant le début du tournoi, on s'en souvient, et entre-temps lit-on dans la Frankfurter Rundschau, le gouvernement angolais a réagi en arrêtant de nombreux opposants. La répression devrait encore se durcir après la fin de la compétition. Le journal relate aussi le passage à tabac, par des policiers angolais, d'un supporter et d'un journaliste ghanéens avant les quarts de finale entre l'Angola et le Ghana. Die Welt se fait également l'écho des arrestations opérées dans l'enclave de Cabinda. Entre autres celle du professeur d'économie Belchior Lanso. Die Welt a rencontré son épouse qui raconte que dix policiers lourdement armés ont perquisitionné la maison pendant trente minutes puis ont emmené le professeur, inculpé de "crime contre la sécurité de l'Etat". D'autres arrestations ont suivi, note die Welt: celle de l'avocat Francisco Luemba et de l'ancien prêtre Raul Tati. Depuis des années, Lanso, Luemba et Tati servaient de porte-voix à des responsables politiques locaux pour critiquer le gouvernement.

Africa Cup Halbfinale Ghana Nigeria
Demi-finale Ghana-NigériaImage : AP

Quant à la compétition sportive proprement dite la presse allemande dresse un bilan plutôt négatif. Deux articles parus jeudi, avant les demi-finales, sont là pour en témoigner. La Süddeutsche Zeitung évoque la poussée de haine entre Egyptiens et Algériens. L'émoi suscité par l'attaque contre les Togolais était à peine retombé que la Coupe d'Afrique était de nouveau assombrie par la face hideuse du sport, écrit le journal. Pour le football africain il aurait été bon que, sur le plan sportif au moins, ce tournoi continental ait quelque chose de positif à opposer à ses multiples côtés négatifs. Mais, sauf une surprise de dernière minute, cette Coupe d'Afrique restera une triste compétition. Le niveau sportif n'a pas convaincu. Le Tagesspiegel relève que la défaite de la Côte d'Ivoire face à l'Algérie a montré à quel point il est difficile pour une équipe aux individualités exceptionnelles, comme Didier Drogba et les frères Touré, de s'affirmer en Coupe d'Afrique lorsque l'équipe est affaiblie par des querelles internes. En revanche le journal dit tout le bien qu'il pense des joueurs ghanéens, dont il vante le talent et le calme.

Auteur : Marie-Ange Pioerron

Edition: Fréjus Quenum