1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Anne-Julie Martin / J.-M. Bos11 septembre 2009

Le Zimbabwe est largement présent dans les journaux de cette semaine, notamment suite au sommet de la SADC à Kinshasa qui a réclamé la levée des sanctions internationales contre Harare.

https://p.dw.com/p/Jd7O
Le Premier ministre zimbabwéen Morgan TsvangiraiImage : AP

Les voisins du Zimbabwe ne rendent pas la tâche facile à Morgan Tsvangirai, déplore la Süddeutsche Zeiutng. Le réformateur ne bénéficie pas du soutien nécessaire pour pouvoir tenir tête à Robert Mugabe, les Etats ne font pas front ensemble afin d'isoler le président. Au contraire, les Africains appellent à une levée des sanctions pour permette au pays de se développer. Il s'agit d'un mauvais raisonnement sinon d'une manœuvre calculée pour dissimuler les vrais problèmes. Les sanctions ne visent et ne touchent que des dirigeants, mais pas le peuple. Et ce sont ces dirigeants qui ont ruiné le Zimbabwe, pas les sanctions de l'occident. Ce serait envoyer un mauvais signal que de les lever maintenant. En expulsant les fermiers blancs, rappelle la SZ, Mugabe a détruit l'agriculture commerciale et ainsi le pilier économique de son pays. Evidemment, il était important de corriger les injustices historiques, mais au moyen d'une réforme agraire raisonnable. Die Welt publie justement un article sur l'une de ces familles de fermiers : la famille Freeth qui était l'une des dernières à avoir résisté. Mais leur maison a brûlé. Cela s'est passé le dimanche matin, pendant que le couple et ses enfants étaient à l'Eglise. Ils accusent les hommes de l'ancien ministre de l'Information Nathan Shamuyarira d'être à l'origine de l'incendie. Ces derniers occupaient depuis avril leurs plantations de mangues. Ben Freeth et son beau-père, Mike Campbell, dont la ferme a également brûlé trois jours plus tard, sont connus pour avoir lutté contre le régime de Robert Mugabe. Tous deux ont été enlevés et battus quasiment à mort. Ils ne se sont pas pour autant laissés intimider. Aujourd'hui encore, Ben Freeth ne veut pas abandonner. Sa femme Laura a promis à leurs 150 employés qu'ils reviendraient. Afin de tout reconstruire.

Farm in Simbabwe
Les blancs ont pour la plupart déserté leur fermeImage : Thomas Kruchem

Et puis on peut lire dans la Frankfurter Rundschau une interview de Morgan Tsvangirai, où le journaliste lui demande comment cela se passe lorsqu'il rencontre le président Mugabe. Réponse du Premier ministre : Imaginez que vous êtes assis dans la même pièce que celui qui a voulu vous faire assassiner. C'est terrible. Morgan Tsvangirai reconnaît toutefois que des rapports plus personnels se sont développés avec le vieil homme. « Suite à la mort de ma femme, il a fait preuve de compassion. Il a l'habitude de demander des nouvelles de mes enfants. Les barrières tombent lentement, des ponts s'installent. Ca se passe ainsi dans une réconciliation ». Autre question posée au chef de gouvernement, ou plutôt une remarque qui lui est faite, à savoir que beaucoup le soupçonnent de commencer à s'habituer aux satisfactions du pouvoir. « Si je voulais être un activiste, rétorque l'homme politique, je laisserais tomber ce travail et j'irais hurler en haut de la montagne. Là où je suis, j'ai la responsabilité de répondre à des attentes, c'est un tout autre rôle. Et puis avec un salaire de 100 dollars par mois, comment est-il possible de mener une vie satisfaisante ? »


Autre grand sujet traité par la presse : le procès de Lubna Hussein, qui s'est déroulé lundi dernier. La journaliste soudanaise ayant refusé de payer une amende de 200 dollars a été condamnée à un mois de prison pour avoir porté le pantalon.

Frauen demonstrieren in Khartum, Sudan
Manifestations de soutien à Lubna Hussein dans la capitale soudanaiseImage : AP

La presse se montre assez admirative devant le courage et la détermination de la jeune femme. Elle a fait en sorte, explique la Tageszeiutng, qu'il n'y ait pas qu'elle qui soit assise sur le banc des accusés, mais également le régime d'Omar el-Beshir. Elle, était menacée de recevoir des coups de fouets. Lui, d'être compromis. Avec ce procès, Lubna Hussein a voulu poursuivre ce qu'elle fait depuis des années dans sa chronique sur les hommes : une critique de la société masculine et du régime islamiste. Les hommes puissants du Nil se sont retrouvés encore une fois hors-jeu sur le plan international note la Süddeutsche Zeitung. Ils ont involontairement élevé la journaliste au rang de pionnière dans la lutte pour les droits des femmes. Difficile de savoir si les juges ont renoncé aux coups de fouet pour éviter d'attiser un peu plus les protestations à travers le monde. Quoiqu'il en soit, la justice soudanaise n'est pas libre. Elle est continuellement instrumentalisée par le régime au pouvoir et fait appliquer des lois assez obscures. La Frankfurter Rundschau consacre d'ailleurs un article à la situation actuelle du pays, en réaction à la déclaration de Rodolphe Adada, ancien responsable de la mission de paix des Nations Unies au Darfour. Ce dernier a affirmé que la guerre dans la région était finie. Plus de guerre donc, seulement un conflit ? Le quotidien en doute. Les différents partis sont loin d'avoir trouvé un accord de paix. Il semble de plus en plus difficile de trouver une solution car les trois mouvements rebelles de départ ont éclaté en trente groupes qui s'affrontent les uns les autres. Les militants de Pro Darfour rappellent que les réfugiés se trouvent toujours dans des camps improvisés et que si le nombre de morts a diminué, c'est qu'il n'y a plus personne à tuer dans les villages.

Et puis une note d'optimisme tout de même dans l'actualité. Elle nous arrive de la région des Grands Lacs.


« L'Afrique ne livre pas que des mauvaises nouvelles » titre le Neues Deutschland qui publie une interview de Libarata Mulamala, secrétaire exécutif de la Conférence Internationale sur la Région des Grands lacs. Selon elle, même si le chemin à parcourir est encore long, il ne faut pas perdre de vue le point de départ. En 2003, la région était saturée de conflits armés et de rebellions. Au Burundi aujourd'hui tous les groupes rebelles, y compris le FLN, ont déposé les armes. En République démocratique du Congo, certains groupes ont signé un accord de paix le 23 mars dernier, le CNDP de Laurent Kunda a accepté de venir à la table des négociations. Ses relations avec son voisin rwandais se sont améliorées : pour la première fois depuis 15 ans ils ont envoyés des ambassadeurs. Quant à l'absence remarquée de Joseph Kabila et de Paul Kagame au sommet de Conférence sur la Région des Grands lacs en août dernier, Libarata Mulamala fait remarquer que les deux chefs d'Etat se sont rencontrés la veille à Goma pour appeler à une « nouvelle ère ». « J'ai l'impression, dit-elle, que les médias s'intéressent surtout aux mauvaises nouvelles ».

Pour finir, direction Paris, où la correspondante de la Tageszeitung a rencontré Aghali Mahiya, un touareg nigérien qui bénéficie en France du statut de réfugié. Aghali Mahiya qui aurait souhaité participer aux manifestations anti-nucléaires du week-end dernier à Berlin. Il aurait voulu ajouter aux autres messages celui-ci : « Plus on construit de centrales nucléaires en Europe, plus notre région sera dévastée ». Mais le Bureau allemand des étrangers lui a interdit d'entrer sur le territoire. Il s'agissait de ne pas aborder le sujet en période de campagne électorale. Au Niger, la société française Areva puise de l'uranium depuis 40 ans. « On a de nouvelles maladie, explique-t-il, comme le cancer de la peau. Il y a de moins en moins d'arbustes pour le bétail. Le niveau de la nappe phréatique a considérablement baissé. Et les déchets nucléaires s'amoncèlent ».