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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum28 août 2009

La Libye retient à plus d'un titre l'attention des journaux allemands

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Image : AP/Montage DW

L'Ecosse a libéré, pour raisons humanitaires, le Libyen al Megrahi. Il avait été condamné en 2001 à la détention perpétuelle pour l'attentat de Lockerbie contre un avion de la PanAm. Sa libération soulève de nombreuses questions.

Abdulbaset Ali al-Megrahi, lit-on dans le Tagesspiegel de Berlin, entend publier une autobiographie pour prouver son innocence, alors que les Américains s'indignent de sa libération et appellent au boycott du whisky écossais. L'opinion publique britannique, note plus loin le journal, veut savoir ce qui se cache derrière cette libération: la justice écossaise indépendante ou des considérations de politique étrangère, lesquelles relèvent alors de Londres, du gouvernement britannique. Trois questions encore sans réponse doivent éclairer l'arrière-plan politique de la libération du Libyen: Megrahi a-t-il été mentionné dans des discussions sur des livraisons de gaz et de pétrole, comme l'ont affirmé le colonel Kadhafi et son fils Saif? Pourquoi Kadhafi a-t-il remercié le premier ministre britannique, et même la reine, d'avoir encouragé l'Ecosse à libérer Megrahi et pourquoi Megrahi a-t-il renoncé à sa procédure en appel s'il tient tant à prouver son innocence? La Tageszeitung. estime que l'affaire s'est déroulée de façon idéale pour le premier ministre britannique Gordon Brown. Grâce à la libération d'al Megrahi les affaires sont apparemment meilleures que jamais avec la Libye, mais les virulentes critiques émises contre la grâce dont a bénéficié le Libyen ne touchent que le gouvernement écossais. La Libye encore, et l'indignation soulevée cette fois en Suisse par les excuses présentées publiquement à Tripoli par le president de la confédération helvétique Hans-Rudolf Merz. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que le 15 juillet 2008, un fils Kadhafi - Hannibal Kadhafi - avait été arrêté dans un hôtel de Genève avec son épouse. Deux de leurs domestiques - un Marocain et une Tunisienne - s'étaient plaints de mauvais traitements. Le couple avait été libéré deux jours plus tard contre le paiement d'une caution. En septembre 2008 un non-lieu était prononcé, les domestiques ayant retiré leur plainte, probablement en échange d'une indemnistaion. Le Marocain, note le journal, aurait entre-temps disparu à Tripoli. Affaire close, donc, mais qui ne fait peut-être que commencer pour le président suisse. Lequel a donc présenté des excuses pour mettre un terme aux représailles exercées depuis un an par la Libye contre la Suisse.

Bilder aus dem Township Katatura Namibia Windhuk
Image : DW / Koch

La presse allemande revient aussi cette semaine sur les répercussions de la crise économique mondiale en Afrique. Elle nous en livre un exemple très concret en Namibie où la chute du cours du cuivre se fait durement sentir. L'article est paru dans la Berliner Zeitung qui rappelle que le 3 juillet 2008 la tonne de cuivre a atteint un record historique: 5 769 euros, près de 9 000 dollars. Le 24 décembre 2008, une tonne de cuivre ne vaut plus que 2 000 euros. Quelques jours auparavant, dans la charmante petite ville minière de Tsumeb, à 400 km au nord-est de Windhuk, c'est la désolation. La société australienne Weatherly Mining annonce la fermeture immédiate de ses quatre mines de cuivre, dont deux à Tsumeb. 643 mineurs perdent leur emploi. Un chômage qui fait également sentir ses effets à l'école secondaire de Tsumeb. Rebecca Nuxas par exemple, 18 ans, avoue qu'elle part presque chaque jour à l'école le ventre creux. Apprendre lui est devenu laborieux. L'argent suffit tout juste pour survivre. La plupart des repas se réduisent à une boullie de maïs extrêmement claire. Une étude de l'Unesco sur les conséquences de la crise financière dans les régions les plus pauvres du monde arrive à des estimations affligeantes, souligne le journal: pendant le dernier trimestre 2008, la stabilisation du système bancaire a mobilisé dans le monde 310 milliards d'euros, versés par les contribuables. Pour atteindre des objectifs clés comme l'éducation pour tous d'ici à 2015, 5,6 milliards d'euros sont nécessaires, et ce financement chancelle.

Elektroschrott
Image : picture-alliance / dpa/dpaweb

Le problème des déchets dans une ville comme Kampala, la capitale ougandaise, est un autre théme auquel s'intéresse la presse allemande. Il occupe toute une page de la Tageszeitung qui relève entre autres que la décharge de Kampala, située à huit kilomètres de la capitale, croule sous les substances toxiques et se renifle de loin. Des camions y déversent les déchets en vrac. Mais la décharge n'est pas le terminus pour les bouteilles en plastique, les cartons ou les pièces d'ordinateurs. C'est la porte d'entrée du recyclage informel africain, écrit le journal. Ce sont des déchets lucratifs. Seulement voilà, par souci de protéger l'environnement, le gouvernement ougandais projette d'interdire les importations de réfrigérateurs et d'ordinateurs usagés, ils contiennent trop de substances hautement toxiques. La fin d'un rêve pour un étudiant en sociologie comme Patrick Jemba qui comptait ouvrir un cybercafé avec des ordinateurs importés d'Europe.

Enfin la Süddeutsche Zeitung revient sur la mort, en Méditerranée, de 73 émigrés clandestins africains, morts de faim et de soif. Comme l'ont relaté les cinq survivants, aucun bateau ne leur a porté secours. Et de fait, constate le journal, le HCR note depuis quelque temps que bien des capitaines n'envoient pas même un signal-radio aux gardes-côtes lorsqu'ils voient une embarcation de réfugiés en détresse.