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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Georges Ibrahim Tounkara3 juillet 2009

152morts, une seule survivante - le crash de l'Airbus A310-300 de la compagnie Yemenia au large des Comores est relaté cette semaine dans les colonnes des journaux allemands.

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Bahia Bakari, l'unique survivanteImage : AP

Les causes précises de l'accident, notent tous nos confrères, ne sont pas encore clairement établies. Mais comme le souligne, entre autres, la Berliner Zeitung, dans cette région du monde, entendez par là le Yémen, les contrôles sont rares. Le problème, poursuit le journal, est que les Comoriens vivant en exil n'ont tout simplement pas le choix. Air France ne dessert pas l'archipel, indépendant depuis 1975. Les vols via la Réunion ou Nairobi sont trop chers. Le commissaire européen aux transports Antonio Tajani, a annoncé qu'ils se battrait pour l'établissement d'une liste noire mondiale. L'Afrique serait le continent qui en profiterait le plus, elle qui est devenue une sorte de cimetiere pour les appareils interdits dans l'Union européenne, souligne le journal. La Süddeutsche Zeitung s'intéresse surtout à la jeune Bahia Bakari, 14 ans, l'unique survivante de ce crash de l'Airbus. Son père raconte qu'elle sait à peine nager, mais qu'elle s'est accrochée à un morceau de la carlingue. L'on peut se demander, écrit le journal, comment un seul passager, qui plus est un enfant, a pu survivre à l'accident. Mais il arrive régulièrement que des enfants et des bébés précisément survivent à l'écrasement d'un appareil. Et le journal de rappeler qu'en 1997 un petit Thailandais d'un an et un Vietnamien de quatre ans avaient été les seuls rescapés du crash d'un avion de Vietnam Airlines près de Pnom Penh au Cambodge. Autre exemple: lors du crash d'un Boeing 737 de Sudan Airways sur la côte de la Mer Rouge un enfant de trois ans avait survécu à la catastrophe qui avait fait 116 morts.

Lampedusa Entkräfteter Flüchtling wird von Hilfskräften betreut
Image : AP

C'est sur une catastrophe d'un autre genre que la Tageszeitung donne cette semaine un énorme coup de projecteur. Une catastrophe dont les victimes meurent souvent dans l'anonymat, et dans une indifférence générale. Georges N., un Camerounais de 30 ans qui refuse que son nom de famille soit cité, Georges N. donc relate sur deux pleines pages son odyssée de voyageur clandestin vers l'Europe. Ce diplômé en économie est parti de Douala en mars 2008, peu de temps après les émeutes de la faim, il a mis onze mois pour arriver en Libye où il a embarqué sur l'un de ces bateaux qui tentent la traversée. Notre groupe, écrit Georges, était originaire du Cameroun, du Nigeria, du Burkina et du Mali. Nous étions plus de 100. Le temps était beau, mais le bateau était surchargé. Nous avancions lentement. A environ 100 km de Lampedusa, des gardes-côtes libyens nous ont stoppés et exigé 50 dollars de chaque passager. Nous n'avions pas d'argent, alors les Libyens ont commencé à cogner dans le bateau. Nous avons sauté à l'eau. Heureusement un patrouilleur italien passait par là. Les Libyens ont pris la fuite. Les Italiens nous ont sauvés et raccompagnés en Libye puisque l'incident s'était produit dans les eaux territoriales libyennes. Je vous résume la suite: Georges et les autres sont jetés dans une prison libyenne, où les conditions sont indescriptibles. Il est hospitalisé, et là il affirme qu'à l'hôpital des prélèvements d'organes sont effectués sur les détenus subsahariens. J'ai vu, écrit-il, un Burkinabé auquel ils avaient ouvert tout le côté droit du ventre. Il est mort au bout de quelques heures. Georges sera finalement renvoyé au Cameroun par avion, sa famille ayant réussi à rassembler les 1 500 euros exigés par les autorités libyennes pour son expulsion.

En plus de ce long témoignage, la Tageszeitung appelle dans son éditorial de première page à la chute du mur qui sépare l'Afrique de l'Europe. La mondialisation, écrit notre confrère, a fait du monde un village. Mais à l'intérieur de ce village, seule une minorité a le droit de se mouvoir librement, c'est celle qui vit dans des palais.

Accra Stadt, Ghana
Image : AP Photo

A la recherche d'une politique pétrolière exemplaire - ce titre de la Tageszeitung concerne le Ghana, qui est en voie de devenir un Etat pétrolier. Depuis que la société irlandaise Tullow Oil a annoncé il y a deux ans les premières grandes découvertes de pétrole au large de la côte ghanéenne, les perspectives de richesse pétrolière n'ont cessé de s'amplifier, note le journal. L'exploitation devrait commencer en 2010. Mais à la lumière des mauvaises expériences faites par d'autres pays producteurs comme le Nigéria, le Ghana veut garantir que le pétrole profitera aussi à la population. C'est ainsi qu'un projet de loi déjà soumis au parlement a été retiré pour être débattu dans le cadre d'un processus de consultation beaucoup plus large. Ce projet de loi, précise le journal, date d'octobre 2008, donc de l'époque de John Kufuor qui a perdu la dernière élection présidentielle. La principale question encore en suspens concerne la répartition des ressources pétrolières. Mais la société civile critique aussi le peu de cas que les sociétés pétrolières présentes au Ghana font des questions environnementales.

Toujours au chapitre énergie, Neues Deutschland tourne ses regards vers le Rwanda où l'on vient de donner le coup d'envoi à la construction d'une centrale thermique. Le moment a été bien choisi, écrit le journal. Alors qu'à New York s'ouvrait un sommet consacré aux répercussions de la crise financière sur les pays en développement, le premier ministre rwandais posait à Kibuye, sur les bords du lac Kivu, la première pierre d'une centrale thermique unique en son genre dans le monde. Quinze ans après le génocide, le Rwanda veut investir dans l'avenir. Au plus tard à la fin de l'année prochaine la centrale de Kibuye injectera 100 megawatt dans le réseau électrique rwandais, soit le double de ce qui est actuellement disponible. Le méthane proviendra des profondeurs du lac Kivu.