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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum8 mai 2009

Le premier sujet africain confirme l'adage qui veut que le bonheur des uns fasse le malheur des autres.

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Image : picture-alliance/ dpa

La prime à la casse, qui fait le bonheur des automobilistes européens, fait le désespoir des vendeurs de voitures d'occasion à destination de l'Afrique de l'ouest. Le Financial Times Deutschland résume le problème par ce titre "crise à la casse en Afrique". Le rachat de vieux véhicules en Europe se fait au détriment d'un marché florissant en Afrique de l'ouest. Des milliers de vieilles voitures européennes y sont exportées depuis que dans une Europe de l'est devenue plus prospère les clients ne veulent plus de vieilles guimbardes, écrit le journal. Au Bénin elles sont encore convoitées. Au début du millénaire les importations de voitures d'occasion représentaient 14% du produit intérieur brut. Ce commerce est maintenant en danger. Qui donne sa voiture à la casse reçoit maintenant, dans dix pays de l'Union européenne, une subvention de l'Etat. Nulle part les clauses ne sont aussi généreuses qu'en Allemagne qui, il y a encore quelques années, se débarrassait en Afrique de près de 100 000 vieilles voitures par an. Près d'un million et demi d'Allemands ont déjà demandé la prime à la casse. A lire encore dans le Financial Times Deutschland un article sur le tollé provoqué en début de semaine par le ministre allemand des finances Peer Steinbrück. S'en prenant une nouvelle fois aux paradis fiscaux européens, qui encouragent l'évasion fiscale des citoyens allemands, il a mis sur le même plan le Luxemboug, l'Autriche, le Liechstenstein, la Suisse et Ouagadoudou, la capitale du Burkina Faso - le Burkina étant sans doute synonyme dans son esprit de république bananière. Réaction indignée donc des paradis fiscaux incriminés. Mais Steinbrück, poursuit le journal, ne regrette rien. Et dit attendre sereinement la prochaine levée de boucliers. Cette fois-ci pourtant l'indignation pourrait venir d'un tout autre côté, note le journal. Car à l'inverse du Luxembourg et de l'Autriche, ni Ouagadougou, ni le Burkina Faso ne sont connus comme paradis fiscaux. Steinbrück compare la Suisse au Burkina Faso, titre à la une le quotidien Die Welt, qui sous la photo du ministre des finances juge utile d'indiquer à ses lecteurs, carte à l'appui, où se situe le Burkina Faso.

Au chapitre santé maintenant, la grippe A, dite grippe porcine, a fait pendant plusieurs jours la une des médias européens. La presse allemande relève que l'Afrique connait des épidémies infiniment plus mortelles, qui n'émeuvent personne à l'extérieur.

La Tageszeitung note tout d'abord un paradoxe: l'Union africaine et la CEDEAO ont appelé leurs Etats membres à élaborer des plans d'urgence contre la grippe A. Or la maladie n'a absolument pas atteint l'Afrique. En revanche l'Afrique de l'ouest connait actuellement de graves épidémies de méningite et de rougeole. Selon Médecins sans frontières, lit-on dans l'article, 1 900 personnes sont mortes de la méningite depuis le début de l'année dans le nord du Nigéria et les régions frontalières du Niger et du Tchad. C'est la pire épidémie depuis 1996, année où la méningite avait fait 25 000 morts en Afrique. Dans la région, relève aussi le journal, la méfiance est grande contre le traitement de la méningite. En 1996, pendant la dernière grande épidémie donc, le groupe pharmaceutique américain Pfizer avait testé à Kano, dans le nord du Nigéria, un nouveau médicament sur 200 enfants. Onze de ces enfants étaient morts. Le procès intenté à Pfizer dure depuis des années.

Et puis un anniversaire a été célébré cette semaine en Allemagne: celui de l'Afrika Verein. Depuis 75 ans, cette association pour l'Afrique aide des entreprises allemandes à faire du commerce sur le continent africain.

Un commerce qui n'a jamais été facile, écrit le Tagesspiegel, avant d'évoquer les premiers temps de l'Afrika Verein. Lorsque le 17 janvier 1934, armateurs, maisons de commerce et sociétés de plantations se réunirent pour leur première assemblée générale, le commerce avec l'Afrique avait beaucoup souffert de la crise économique mondiale. Les puissances coloniales de l'époque, France et Grande-Bretagne, avaient réagi par des mesures protectionnistes. De plus, poursuit le journal, les nationaux-socialistes, au pouvoir depuis 1933 en Allemagne, avaient ordonné, par manque de devises, que toutes les importations soient effectuées sous forme de troc. A partir de 1934, chaque contrat devait même être autorisé par les autorités nazies. Les entrepreneurs regroupés à l'époque au sein de l'Afrika-Verein, espéraient sans doute que les nazis recupéreraient les anciennes colonies, perdues en 1918. L'histoire de l'association, après la guerre, note encore le journal, reflète l'évolution économique du continent. Dans les années 70 l'Afrika Verein a perdu beaucoup d'adhérents. Le processus s'est poursuivi jusqu'en 1997. Les espoirs économiques placés dans l'Afrique avaient été déçus. Il a fallu attendre le début des initiatives de désendettement, et des réformes allant avec, pour constater un regain d'intérêt. L'Afrika Verein compte aujourd'hui 650 adhérents.

Enfin la presse allemande se fait l'écho d'une grève d'un genre particulier, qui vient d'avoir lieu en Afrique.

C'est la grève du sexe observée pendant une semaine par les femmes du Kenya. Elle a été initiée, lit-on dans le Tagesspiegel, par dix associations de femmes qui espéraient ainsi faire pression sur la grande coalition afin qu'elle entreprenne enfin les réformes promises. Entre autres une nouvelle constitution, et un registre électoral plausible. Aux élections de 2007, rappelle le journal, les listes électorales comportaient les noms de centaines de milliers de personnes décédées. Impossible de dire, poursuit le journal, si la gréve du sexe a été massivement suivie. Par mesure de précaution les associations féminines avaient payé des prostituées pour qu'elles refusent de travailler. Les commentaires de la presse kenyanne, essentiellement masculins, ont été à ce point abjects qu'il n'est pas à exclure que beaucoup de fammes aient suivi le mot d'ordre de grève - à l'exception des femmes musulmanes.