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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron30 janvier 2009

Cette semaine l'actualité nous fait tout d'abord replonger dans les horreurs des guerres en République démocratique du Congo.

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Thomas Lubanga à la CPIImage : AP

Depuis lundi dernier, l'ex-chef de milice Thomas Lubanga est jugé par la Cour pénale internationale pour le recrutement d'enfants soldats.

Et tous les journaux qui traitent le sujet ne manquent pas de souligner bien sûr que Thomas Lubanga est le tout premier inculpé de la CPI. La Tageszeitung relève que celui qui a dirigé l'Union des patriotes congolais en Ituri, dans le nord-est de la RDC, est accusé par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch de crimes inouis: massacres ethniques, assassinats, tortures, viols et mutilations. Mais ces actes ne comptent pas à La Haye, juridiquement ils sont difficiles à prouver. L'Ituri est riche en or, rappelle le journal. Cette richesse a été la principale cause des combats qui ont ensanglanté cette région. Le déclin de Thomas Lubanga a commencé en 2003 avec la fin de la guerre au Congo. Des troupes ougndaises l'ont chassé de Bunia. Sa tentative visant à transformer l'UPC en parti politique a échoué . Lubanga a été arrêté en 2005 puis livré à La Haye.Ce pére de sept enfants risque maintenant la détention à perpétuité. Ce sont des centaines d'enfants, écrit de son côté la Frankfurter Rundschau, que Thomas Lubanga a entrainé à devenir des tueurs. Les pires combats ont eu lieu entre juillet 2002 et décembre 2003. Selon les Nations unies , 50 000 personnes au moins ont été assassinées en Ituri pendant cette seule période. Le procès est à la fois important pour les enfants et pour la CPI, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung , qui relève que le procureur en chef, Luis Moreno-Ocampo, s'est efforcé dès le premier jour d'illustrer les reproches faits à Lubanga. Il a montré des vidéos, par exemple une vidéo de Thomas Lubanga dans différents camps d'entrainement, entouré d'enfants et de jeunes en uniformes, qui lui servaient apparemment de gardes du corps et qui pouvaient à peine porter leurs armes automatiques, Neuf anciens enfants-soldats doivent déposer comme témoins, mais l'accusation, note le journal, a mis en garde: il ne faut pas attendre trop de détails de la part de ces enfants traumatisés. Pour l'hebdomadaire Die Zeit, ce procès marque la naissance de la justice internationale. Et le Congo, souligne le journal, reste le principal champ d'activité de la CPI. Non seulement parce que les procédures y sont les plus avancées, mais aussi parce que la dimension des crimes y est la plus grande. Le procès de Thomas Lubanga traduit une volonté de traiter, par le droit, les conséquences de la pire des guerres qu'ait connues le monde depuis 1945. Tant qu'il n'y aura aucune justice qui fontionne au Congo, cette tâche relèvera de la CPI. Sa réussite est une autre affaire.

La presse allemande parle rarement de Madagascar. Mais les violences des derniers jours dans la capitale malgache valent à la Grande Ile de capter cette semaine l'attention des journaux.

Pioerron

Beaucoup de morts dans les troubles à Madagascar, titre la Tageszeitung qui relève que la confrontation entre le président Marc Ravalomana et le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, a dégénéré en pillages et en desturctions qui se sont étendues à toutes les grandes villes du pays. Le maire de la capitale, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, a été élu en décembre 2007 comme candidat indépendant. Il reproche au président un comportement dictatorial et exige sa démission. Ses détracteurs lui reprochent d'être téléguidé par la clique de l'ancien président Ratsiraka, celui-là même qui a dirigé Madagascar pendant 23 ans et a ruiné son économie. Le mécontentement suscité par Ravalomana, poursuit le journal, tient surtout aux hausses draconiennes des prix des carburants et des denrées de première nécessité. Ravalomana refuse les subventions. Ce millionnaire qui a fait de la petite laiterie de son père la plus grande entreprise du pays a lancé après sa réélection en 2006 un programme économique , encensé à l'étranger, qui mise moins sur l'aide que sur les investissements privés pour stimuler l'économie. Le gouvernement tout entier doit se soumette à ce "Plan d'action pour Madagascar" supposé réduire de moitié la pauvreté dans les cinq prochaines années. Les ministres qui n'atteignent pas les objectifs fixés sont immédiatement remplacés. Mais souligne le journal, ce programme est contesté à cause de son impact social. 70% des 21 mllions de Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté, donc avec moins d'un dollar par jour. Marc Ravalomana passe de surcroit pour un homme extrêmement autoritaire. Qu'il soit de surcroit le plus grand entrepreneur du pays, et probablement l'homme le plus riche , ne le rend certainement pas plus populaire.

Quenum

Enfin l'arrivée d'immigrés clandestins africains en Europe continue de faire couler de l'encre dans la presse allemande. Des centaines de clandestins. échappés du centre de rétention de l'île italienne de Lampedusa, ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de détention et l'accélération de procédures d'expulsion décidée par le gouvernement italien.

Pioerron

Le gouvernement Berlusconi, lit-on dans la Tageszeitung, réussira peut-être à verrouiller définitivement la porte d'entrée qu'est Lampedusa. Ce ne sera pas pour autant un succès. Partout où des gouvernements européens ont dans le passé rendu l'accès à l'Europe plus difficile, ils n'ont obtenu qu'une chose: déplacer les flux migratoires. Si le nombre de réfugiés a considérablement augmenté l'an dernier à Lampedusa, cela tient surtout au fait que l'Espagne a rendu l'accès aux Canaries plus difficile. L'Egypte, fait remarquer la Berliner Zeitung, est jusqu'à présent le seul pays à avoir signé un accord de rapatriement avec l'Italie. Vers où veut-on renvoyer tous les autres Africains, désespérés au point de risquer leur vie et de laisser leurs familles derrière eux.