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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron31 octobre 2008

Cette semaine ce sont les combats dans l'est de la République démocratique du Congo qui dominent l'actualité africaine dans les journaux

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Afflux de déplacés à GomaImage : AP

Des photos s'étalent à la une des journaux - photos que l'on a déjà vues si souvent ces dernières années à propos de la RDC, celles de files interminables de civils qui fuient les combats. Du déjà-vu déprimant, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung. Le président Kabila et son adversaire Laurent Nkunda sont tous deux des bellicistes. S'ils ont négocié sous la pression de la communauté internationale, ils veulent en réalité un triomphe militaire. La situation dans l'est du Congo est compliquée poursuit le journal. La guerre a de multiples enjeux: la terre, les ressources naturelles, les intérêts des pays voisins et des multinationales et la crainte des groupes ethniques d'être exterminés par leurs adversaires respectifs. Laurent Nkunda, sûr de l'appui du Rwanda, exploite cette crainte pour s'affirmer comme le protecteur des Tutsis au Congo. Quant à l'armée gouvernementale congolaise, estime le journal, elle n'a pas changé depuis l'époque de Mobutu: une armée indisciplinée et faible. Après plus de dix années de guerre, écrit la Berliner Zeitung, le désespoir grandit au sein d'une population martyre qui vit dans la province autrefois la plus riche du Congo. Il y a quelques semaines, note le journal, des députés locaux ont démissionné de leur mandat pour rejoindre la rébellion nkundiste. L'aversion contre Nkunda, considéré comme une marionnette du Rwanda, est certes grande, mais ses troupes ne sont pas les seules à faire trembler la population autour du lac Kivu. Les soldats de l'armée congolaise sont connus pour leur brutalité. Et le journal de citer un commerçant de Goma qui rappelle que les hommes des FARDC n'ont pas d'argent, pas d'équipements, pas de quoi manger. Il n'est pas surprenant, ajoute-t-il, que l'armée congolaise ne connaisse que la marche arrière. La Tageszeitung titre sur l'échec de l'ONU au Congo. Le drame humanitaire dans l'est du Congo, écrit ce confrère, a pris les dimensions de l'horreur au Darfour. Les espoirs soulevés par les élections de 2006 sont contredits par la réalité. Le gouvernement congolais n'a pas appris à gouverner. Les guerres à l'est ne se sont pas arrêtées, mais ont bien plutôt connu une escalade. On se fourvoie, estime le journal, en demandant, comme le fait par exemple le gouvernement allemand, l'envoi d'un nombre encore plus grand de casques bleus. Il n'importe pas d'avoir plus de soldats sur le terrain, mais d'appliquer une autre politique.

La presse allemande se fait aussi l'écho cette semaine de la vague d'attentats suicides en Somalie. Très précisément au Somaliland et au Puntland - ce qui fait écrire à la Frankfurter Allgemeine Zeitung que l'Etat somalien n'existe pas. Depuis 1991 il n'y a plus de gouvernement qui fonctionne. La même année l'ancien Somaliland britannique a proclamé son indépendance. Dans le nord-est le Puntland revendique depuis 1998 son autonomie. La "Somalie" poursuit le journal en mettant Somalie entre guillemets, est la proie d'une anarchie plus ou moins grande selon les moments. Des pirates sèment l'insécurité sur les côtes, des islamistes infestent l'intérieur du pays. C'est un cocltail dangereux, souligne le journal. La Somalie illustre à satiété les conséquences auxquelles il faut s'attendre lorsqu'un Etat a cessé de remplir des fonctions élémentaires et doit être classé dans la rubrique "échec".

Un autre événement retient cette semaine l'attention de la presse allemande: c'est le verdict de la cour de justice de la CEDEAO qui condamne l'Etat du Niger à verser des dommages et intérêts à une ancienne esclave.

Elle s'appelle Hadijatou Mani, elle a 25 ans et elle a porté plainte contre l'Etat nigérien pour ne pas l'avoir protégée de l'esclavage. La Berliner Zeitung relate qu'à l'âge de 12 ans Hadijatou a été vendue par sa famille, pour l'équivalent de 500 dollars, à un homme qui a fait d'elle son esclave - esclave domestique et esclave sexuelle. Le verdict, souligne le journal, n'est pas seulement une satisfaction pour Hadijatou Mani, il pourrait aider aussi beaucoup d'autres jeunes filles. Car si l'esclavage est interdit au Niger, des fillettes sont régulièrement vendues et l'Etat ferme les yeux. Le cas de Hadijatou devrait encourager d'autres victimes à ne pas se plier à leur "destin" entre guillemets, mais à se battre pour leurs droits. Esclave à 12 ans, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui estime elle aussi que le verdict des juges de la CEDEAO n'est pas seulement un camouflet pour le gouvernement nigérien mais pourrait faire aussi jurisprudence. Bien que l'esclavage, poursuit le journal, soit interdit partout en Afrique, il reste répandu au Sahel, particulièrement chez les Touaregs et d'autres groupes arabes - en Mauritanie comme dans certaines régions du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan.

En bref encore plusieurs journaux allemands se font l'écho de la première vente aux enchères d'ivoire en Afrique australe depuis bientôt dix ans. Elle a eu lieu en Namibie, avec l'aval de la CITES (la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées). Seuls le Japon et la Chine, traditionnellement les plus grands négociants d'ivoire, s'étaient inscrits pour cette vente aux enchères, note la Tageszeitung. N'ont été mises en vente que des défenses d'éléphants morts de mort naturelle ou décimés dans le cadre de programmes gouvernementaux de régulation des populations de pachydermes. Mais la TAZ, comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung, relèvent les inquiétudes des protecteurs de la faune . Cette vente, même légale, risque de donner un coup de pouce au braconnage, donc au trafic d'Ivoire, un trafic dans lequel la Chine et le Japon, notent les deux journaux, arrivent précisément en tête.