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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron18 juillet 2008

Un grand sujet a dominé cette semaine l'actualité africaine dans les journaux allemands: c'est la demande d'inculpation du président soudanais El-Béchir par le procureur de la Cour pénale internationale.

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Le président soudanais Omar El-BéchirImage : AP Photo

Luis Moreno Ocampo, le procureur de la CPI, demande notamment son inculpation pour génocide - et comme l'écrit la Tageszeitung, l'accusation de génocide est l'artillerie la plus lourde que puisse sortir la CPI. Depuis qu'elle a pris ses fonctions, il y a six ans, rappelle le journal, la cour a fait arrêter quatre inculpés, tous originaires de la République démocratique du Congo. Elle a également délivré des mandats d'arrêt contre des chefs rebelles ougandais et deux officiels soudanais. Dans aucun de ces cas l'accusation de génocide n'a été formulée. Dans un autre article le même journal note que Béchir dirige le plus grand pays d'Afrique avec la poigne de fer d'un général. Il ne tolère à ses côtés aucun numéro deux. Mais il tire profit d'un formidable essor économique. Grâce aux milliards du pétrole, la poussiéreuse Khartoum est en train de devenir une sorte de Dubaï africaine. En dehors de la capitale, rien ou presque ne se développe. C'est la raison principale pour laquelle El Béchir doit combattre sans cesse des rébellions, non seulement au Darfour, mais aussi dans le sud et l'est du Soudan. La Süddeutsche Zeitung relève l'embarras du secrétaire général de l'ONU. Ban Ki-moon voit son rôle de médiateur au Soudan largement compromis si le président soudanais devait rêellement être inculpé. Mais Ban Ki-moon, qui est venu il y a quelques jours en Allemagne, a assuré à la Süddeutsche Zeitung qu'une paix sans justice ne pouvait être qu'éphémère. Le Tagesspiegel de Berlin cite quant à lui un juriste de l'université Humboldt, Gerhard Werke. L'affaire Béchir , souligne ce juriste, est un test non seulement pour la CPI, mais aussi pour l'ONU et le conseil de sécurité. Dans un premier temps, les juges vont devoir statuer sur la demande de mandat d'arrêt. Ils ont trois mois pour le faire. Et sans doute voudront-ils éviter toute effronterie, souligne le journal, car depuis sa création la CPI est toujours dans l'attente de son premier succès. Le génocidaire, titre enfin le quotidien Die Welt, sans s'embarrasser du conditionnel. Depuis des années, écrit le journal, le président soudanais Omar el-Béchir occupe la première place au palmarès des dictateurs de sinistre réputation. A 64 ans il arrive loin devant le Nord-Coréen Kim Jong-Il ou le Zimbabwéen Robert Mugabe. Mais note plus loin Die Welt, le paria El-Béchir peut compter sur de puissants alliés. La Chine par exemple. Cela dit les dictateurs avides de sang vivent en solitaires poursuit le journal, qui ne croit pas qu'un revirement à la façon de son voisin Khadafi puisse encore sauver El Béchir. Selon toute vraisemblance il devra répondre de ses crimes. Et Luis Moreno Ocampo, que les Soudanais vénèrent comme un héros malgré la propagande et les tirades anti-occidentales, se rendrait alors immortel dans ce pays martyr, ajoute Die Welt.

L'Afrique et les Etats-Unis sont aussi un thème de réflexion, cette semaine, pour la presse allemande.

Washington intègre l'Afrique dans sa stratégie globale, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui consacre un article au commandement militaire américain pour l'Afrique, "Africa Command", plus connu sous l'abréviation Africom. Sa création a été décidée en 2006 et son quartier général est installé à Stuttgart en Allemagne. Pour l'Amérique, souligne le journal, il est important que ce commandement militaire soit lié à l'extension du contrôle stratégique de la côte ouest-africaine par des unités de la flotte américaine et des gardes-côtes américains. Le lien entre armée, police, douane et surveillance de la navigation maritime est particulièrement étroit. Il doit aider les pays africains ayant une façade maritime à lutter contre le terrorisme, la piraterie, la pêche illégale et la contrebande. En Afrique du nord, poursuit le journal, le Pentagone et le Département d'Etat ont déjà scellé un partenariat contre le terrorisme. Reste à voir maintenant si Washington coopérera aussi avec l'Union européenne ou si les Etats-Unis mettront des bâtons dans les roues à la politique de sécurité européenne axée sur la Méditerranée et le Maghreb.

Le Zimbabwe continue aussi d'inspirer des articles à la presse allemande. Il est notamment question d'une possible collusion entre le régime de Robert Mugabe et des miliciens hutus rwandais.

La Tageszeitung relève que le gouvernement de Robert Mugabe aurait recruté des miliciens hutus rwandais et d'autres mercenaires africains pour renforcer les campagnes de terreur contre les partisans de l'opposition avant le second tour de l'élection présidentielle. Notre confrère cite à ce propos trois sources concordantes: l'agence de presse IPS, le quotidien britannique The Independent et le journal rwandais New Times. Le régime zimbabwéen, rappelle le journal, entretient des relations avec des milices hutues rwandaises depuis la guerre en RDC, de 1998 à 2003. A l'époque l'armée zimbabwéenne était présente dans les provinces méridionales du Katanga et du Kasaï où, avec des miliciens hutus, elle défendait des zones minières contre des rebelles soutenus par le Rwanda. De source britannique, poursuit le journal, un ancien chef de la garde présidentielle, Protais Mpiranya, qui est recherché par le TPIR pour son implication présumée dans le génocide de 1994, vit au Zimbabwe sous la protection du gouvernement.

Dans un registre plus réconfortant, la Süddeutsche Zeitung rend un bel hommage à Nelson Mandela pour ses 90 ans. L'homme au sourire sans pareil, écrit le journal, C'est plus qu'un sourire, c'est une façon d'approcher le monde. Malgré 27 années passées en prison, jamais il n'a cessé de croire en la victoire de la justice. Mandela, souligne le journal, est plus que le père de la nation. C'est une icône qui rayonne par-delà les frontières.