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Afropresse , l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron11 juillet 2008

Nous commençons ce tour d'horizon par le sommet du G8 au Japon

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Sommet du G8 au JaponImage : AP

Avant d'en arriver au sommet de cette année, la Tageszeitung revient sur un engagement pris l'an dernier, lorsque l'Allemagne présidait le G8. Au sommet de Heiligendamm, nous rappelle le journal, il avait été décidé d'accroitre la transparence dans le commerce des matières premières. Très concrétement, un projet pilote devait être lancé et entre-temps une région a été choisie pour ce projet pilote. Elle est située à cheval sur l'est du Congo et le Rwanda. Le commerce des matières premières, avec participation allemande, a joué là-bas un rôle majeur dans les guerres de ces dernières années, souligne le journal. Pendant la guerre du Congo l'Allemagne a été l'un des principaux acheteurs de coltane, ce mélange de minerais rares extrait dans la région. L'industrie internationale de la téléphonie mobile était très avide de cette matière première transformée principalement en Allemagne. Jusqu'à ce jour, note un peu plus loin le journal, une grande partie des matières premières extraites dans l'est du Congo est exportée via le Rwanda voisin, les exportateurs congolais devant payer des taxes à l'exportation dans leur propre pays mais pas au Rwanda. Le changement d'étiquette leur fait économiser beaucoup d'argent, et renforce aussi l'influence du Rwanda sur l'est de la RDC. La nouveauté est que, à la demande du gouvernement allemand et en application de la résolution du G8 de Heiligendamm, l'office fédéral allemand pour les sciences de la terre et les matières premières a présenté en décembre 2007 un projet pilote pour la certification de la chaine commerciale des minerais provenant du Rwanda, note la Tageszeitung. Le projet débutera en septembre prochain. Un don indolore pour l'Afrique, titre la Süddeutsche Zeitung à propos cette fois de la réunion du G8 qui vient d'avoir lieu au Japon. A première vue l'Union européenne a fait une belle promesse, écrit le journal. Elle mettra à la disposition des paysans dans les pays pauvres, principalement en Afrique, un milliard d'euros pour l'achat de semences et d'engrais. Qui plus est, l'argent doit être puisé dans les subventions agricoles destinées aux agriculteurs européens. Autrement dit dans les fonds qui empêchent le développement des marchés en Afrique. A y regarder de plus près, poursuit notre confrère, une chose pourtant est claire: le cadeau européen est extrêmement modeste. Malgré ce don les Européens restent attachés au principe des subventions agricoles. Et le milliard promis ne manquera pas aux agriculteurs européens, les pays membres de l'UE n'ayant pas demandé cet argent à Bruxelles. Le don ne fera mal à personne en Europe. Mais il redore le blason de l'UE dont l'inéquitable politique commerciale est critiquée à juste titre par les Africains, souligne la Süddeutsche Zeitung.

Le Zimbabwe a figuré aussi à l'ordre du jour du sommet du G8. Il est un peu moins présent, cette semaine, dans la presse allemande, mais il retient quand même l'intérêt de quelques journaux.

La Rheinische Post par exemple publie un entretien avec un responsable de l'organisation humanitaire allemande HELP, qui a des projets au Zimbabwe. Wolfgang Nierwetberg, le coordinateur pour le Zimbabwe, s'exprime entre autres sur les discussions en cours entre le gouvernement et l'opposition. Je ne sais pas, dit-il, si l'opposition est prête à collaborer avec la clique de Robert Mugabe. Pour moi il serait fatal d''en arriver à une étroite coopération. Car alors ce serait à se demander ce qu'incarne encore le "Mouvement pour le changement démocratique".

Sur la question des sanctions, Wolfgang Nierwetberg est contre. Mugabe, souligne-t-il, utilise toujours les sanctions pour expliquer les problèmes économiques de son pays. Des sanctions n'aideraient pas le Zimbabwe, Elles toucheraient surtout les pauvres, et non ceux qu'elles sont censées punir. Le Financial Times Deutschland titre sur le "crépuscule du despote" . Certes, écrit ce journal économique, spéculer sur l'ère post-Mugabe est considéré comme une trahison au Zimbabwe. Lorsque des entrepreneurs de l'ancien grenier à blé de l'Afrique forgent malgré tout des plans, ils le font donc sous couvert de l'anonymat. Le journal évoque, sans plus de précisions, une table ronde entre hommes d'affaires zimbabwéens et allemands. Table ronde dont il ressort, aux yeux des entrepreneurs zimbabwéens, que Mugabe est au bord de la faillite. Mugabe, estime l'un de ces entrepreneurs, sera terminé dès que le dollar zimbabwéen ne sera plus accepté comme moyen de paiement. Il n'aura plus alors aucun pouvoir sur la police, l'armée et les milices. Et ce jour est proche. Pour un autre entrepreneur, le glas sonnera politiquement pour Mugabe au plus tard en 2009, lorsque le mandat du président sud-africain Thabo Mbeki sera terminé et que le dernier protecteur de Mugabe ne sera plus là.

Enfin la presse allemande se penche sur la découverte de pétrole au Ghana.

Du pétrole découvert à 65 km de la côte, et qui fait craindre à la population une situation à la nigériane, lit-on dans la Frankfurter Rundschau. Le président John Kufuor a fait du développement du secteur pétrolier l'affaire de la présidence. Et Kufuor, explique le journal, mise sur ce qu'on appelle le "modèle norvégien". En clair: les recettes pétrolières ne seront pas affectées exclusivement au budget de l'Etat. Une partie sera transformée en obligations et en valeurs qui seront placées sur les marchés financiers internationaux. En Norvège les recettes qui en sont tirées servent de fonds de pension, les bénéfices vont au secteur social. Mais poursuit le journal, la création d'un fonds pétrolier inspiré du modèle norvégien n'est pas vue d'un bon oeil par Transparency Ghana. Dans le passé les fonds créés au Ghana se sont toujours transformés en budgets parallèles, qui échappent à tout contrôle public, estime la branche ghanéenne de l'organisation de lutte contre la corruption.