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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron2 mai 2008

La récente visite, en Allemagne, du président rwandais Paul Kagamé, fait encore couler un peu d'encre dans les journaux allemands.

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Mémorial du génocide près de KigaliImage : picture-alliance/ dpa

La Tageszeitung relate l'arrestation, pour la première fois en Allemagne, d'un Rwandais , présumé coupable de génocide. Onesphore Rwabukombe était maire de la commune de Muvumba, dans le nord du Rwanda, à l'époque du génocide de 1994. Son arrestation en Hesse, à Geinhausen, a eu lieu, souligne le journal, le jour même où Paul Kagamé était à Berlin pour s'entretenir, entre autres, avec la chancelière Angela Merkel et demander une plus grande fermeté de la part de l'Allemagne et d'autres pays européens contre de présumés génocidaires en fuite. Rwabukombe est le numéro 435 sur la liste officielle des responsables du génocide recherchés par le Rwanda, A l'époque il n'était pas seulement maire d'une commune mais aussi membre de la direction locale du MRND, le parti qui était alors au pouvoir. La milice de ce parti, les Interahamwe a été l'organe exécutant et l'une des principales forces motrices des massacres, rappelle le journal. Depuis 2007 Rwabukombe est sur la liste rouge des personnes recherchées par Interpol pour crimes contre l'humanité, crime de génocide et crime organisé transnational. De source rwandaise, le mandat d'arrêt délivré contre lui a été transmis il y a cinq mois aux autorités allemandes.

Nous restons dans la région des Grands Lacs, puisque la presse allemande évoque cette semaine les nouvelles accusations portées contre des casques bleus de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo. Des armes contre de l'or, titre la Berliner Zeitung, qui revient tout d'abord sur l'attaque, le 24 février 2003, du village de Bogoro, dans l'est du Congo. Selon un rapport de la Cour pénale internationale des centaines de personnes ont été tuées, des femmes réduites en esclaves sexuelles , le village a été incendié. Le Front Nationaliste et Intégrationniste figure parmi les groupes rebelles responsables de cette attaque. Son leader, Mathieu Ngudjolo Chui devra répondre dans les mois prochains à La Haye de crimes contre l'humanité. Or, poursuit le journal, selon un reportage télévisé de la BBC, certains éléments au moins du FNI ont été appuyés par des soldats de l'ONU qui auraient fourni des armes au FNI. En échange de quoi les soldats auraient reçu de l'or provenant des mines de l'est du Congo. Ces accusations, rappelle le journal, ne sont pas nouvelles. En 2007 l'ONU avait mené une enquête interne au terme de laquelle elle avait conclu ne disposer d'aucune preuve. Un seul soldat se serait adonné au trafic d'or. Mais des journalistes de la BBC assurent avoir trouvé de nouvelles preuves à Mongwalu, un village dans le nord-est du Congo. Des preuves que des casques bleus pakistanais ont fourni des armes au FNI. De graves accusations ont été également portées contre des soldats indiens. Ils auraient acheté de l'or et de la drogue à des extrêmistes hutus responsables du génocide au Rwanda.

Sans surprise le Zimbabwe continue d'alimenter les rubriques internationales de la presse allemande. Exemple dans la Tageszeitung qui illustre la brutalité de la police zimbabwéenne par l'histoire d'un vieil homme. Solomon Mhande a 76 ans, il est paysan à Mutoko, à 200 km au nord de Harare. Des milices du parti gouvernemental, lit-on dans cet article, l'ont roué de coups pendant trois heures en lui reprochant d'avoir voté pour l'opposition. Il a été grièvement blessé, un bras a été fracturé. Solomon est allors parti à Harare, pour chercher refuge au siège du MDC, le parti d'opposition. Vendredi (entendez par là le 25 avril) il s'apprêtait à aller chez le médecin lorsque la police a donné l'assaut au siège du parti et arrêté toutes les personnes qui se trouvaient à l'intérieur. Arrivé au commissariat, le vieil homme a été placé, avec 40 autres personnes, dans une cellule conçue pour douze occupants. Son interrogatoire a duré 40 minutes. Il a été de nouveau frappé et a passé trois jours sur le sol en pierre de cette cellule bondée, sans couvertures ni nourriture. Le dimanche soir il a été libéré parce que ses blessures avaient recommencé à saigner, puis il a été hospitalisé. Depuis les élections du 29 mars, note plus loin le journal, des milliers de partisans de l'opposition ont été chassés de chez eux par les milices pro-gouvernementales. Dans les zones rurales des centaines de cases ont été incendiées.

Toujours à propos du Zimbabwe l'hebdomadaire Der Spiegel relate les mésaventures de la Banque allemande de développement, la KfW. Pendant longtemps, écrit le Spiegel, le dictateur a été un hôte bienvenu en Allemagne. A la fin des années 90, Robert Mugabe est même venu deux fois à Bonn, l'ancienne capitale fédérale. En 1998, la KfW a financé à des sociétés publiques zimbabwéennes une tournée chez les grands noms de l'industrie allemande. Outre des hôpitaux et la modernisation d'une centrale électrique, trois autres grands projets ont été lancés: la construction par ABB Mannheim d'un nouveau terminal à l'aéroport de Harare, la modernisation par Ferrostahl d'un acierie, enfin en 2000 l'équipement par Siemens de la compagnie zimbabwéenne de téléphonie mobile. L'accolade avec Mugabe se révèle aujourd'hui malheureuse, souligne le Spiegel. Si les industriels allemands ont encaissé les millions de la KfW, celle-ci attend toujours en vain que le gouvernement zimbabwéen lui rembourse ses dettes. Un crédit de 100 millions d'euros est en souffrance. Mais la patience de la KfW a une fin. Raison pour laquelle une société spécialisée dans le recouvrement de créances, Commercial Intelligence, qui a son siège à Singapour, a été chargée de récupérer les millions de la banque publique allemande.