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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron1 février 2008

Le Kenya continue de retenir en priorité l'attention des journaux allemands.

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Des Kenyans fuient les violencesImage : AP

La Tageszeitung de Berlin titre par exemple sur la triste tradition des milices. Dans le chaos post-électoral au Kenya, écrit le journal, des gangs armés font la chasse à d'autres groupes ethniques. Les milices ethniques sont depuis longtemps le prolongement des extrêmistes politiques. En particulier la secte des Mungikis, déjà utilisée en 2000 par le président Daniel arap Moi pour semer la terreur dans les bidonvilles. Le journal note aussi que cette recrudescence de violence a stoppé net le miracle économique kenyan. Les conséquences en sont dramatiques. Dans le secteur du tourisme, 20 000 personnes sont déjà au chômage. La Süddeutsche Zeitung parle d'un pays prisonnier de la guerre. L'escalade de la violence, note ce confrère, a pris entre-temps une ampleur qui alimente les doutes sur la capacité des responsables politiques d'apaiser, même s'ils le voulaient, la furie des milices. Il est vrai, souligne le même journal dans un éditorial, que les hommes politiques kenyans jouent depuis longtemps avec le feu pour préserver leur pouvoir. Les différences ethniques sont utilisées pour exiger des appuis, intimider des adversaires et manipuler les élections. Il serait néanmoins trop simple, poursuit le journal, de ne voir les troubles actuels qu'à la lumière des fraudes électorales. C'est bien plutôt un mélange diffus de vieilles rivalités, de manoeuvres politiques irresponsables et d'une soif inapaisée de terre qui rend le Kenya si explosif. La province de la vallée du Rift est l'un des épicentres des violences actuelles. Pendant des décennies de vives tensions s'y sont accumulées entre les groupes de population. La terre, souligne le journal, en a presque toujours été l'enjeu.

Koné

Autre sujet de réflexion, cette semaine pour la presse allemande, Marie-Ange: le feu vert donné par les ministres européens des affaires étrangères à l'envoi d'un force européenne au Tchad et en République Centrafricaine.

Pioerron

La mission "EUFOR Tchad/RCA" sera forte de 3 700 soldats, dont 2 000 Français, elle devrait être opérationnelle à partir du 1er mars et elle aura pour mandat de garantir pendant douze mois la sécurité aux frontières avec le Soudan. Mais la tâche ne sera pas simple, écrit la Tageszeitung. Fin novembre les combats ont été particulièrement violents dans l'est du Tchad. Plus d'un millier de soldats gouvernementaux ont été tués. La force européenne ne pourrait rien faire contre des combats d'une telle ampleur. Tout au plus pourrait-elle garantir la sécurité des camps de réfugiés et de déplacés. Ce qui ne pourrait qu'inciter tous les habitants de la région à chercher refuge dans ces camps. En Centrafrique, poursuit le journal, il s'agira plutôt pour l'EUFOR de stabiliser un régime secoué par de multiples crises. Pour la Süddeutsche Zeitung l'Union européenne se lance dans une mission à haut risque. Ceux qui critiquent les trois mois de retard pris dans le déploiement de l'EUFOR sont persuadés de défendre une bonne cause, écrit le journal. A savoir porter secours dans un coin perdu de l'Afrique. Mais cela les rend aveugles au coeur du problème. Beaucoup de pays, dont l'Allemagne, ne restent pas à l'écart par dureté de coeur. Ils ne voient pas l'utilité de cette mission pour résoudre la crise du Darfour. Le risque est par ailleurs grand, poursuit le journal, que les soldats européens se trouvent pris dans les combats entre les forces tchadiennes et les rebelles contre lesquels le président Déby a pu s'affirmer jusqu'à présent avec l'aide de soldats français. La Berliner Zeitung parle d'ailleurs de la mission de la France au Tchad, une mission camouflée en mission européenne par le président Sarkozy.

Koné

Enfin la presse allemande, Marie-Ange, continue de s'intéresser dans ses rubriques sportives à la CAN, la coupe d'Afrique des nations de football, qui se poursuit au Ghana.

Pioerron

Et pour la Berliner Zeitung, il y a précisément des raisons de suivre cette compétition. Au bout d'une semaine de coupe d'Afrique, écrit ce quotidien berlinois, tout le monde savait que des prestations médiocres ne suffiraient pas cette fois pour décrocher le titre. La compétition a énormément gagné en qualité footballistique. Il y a encore six ans au Mali certaines pelouses ressemblaient à des paysages lunaires cabossés. Le tournoi de 2004 en Tunisie irradiait en trois des quatre lieux de compétition le charme d'une manifestation de province. C'est à présent bien différent, ajoute le journal qui vante notamment les qualités de l'équipe ivoirienne, peut-être l'une des cinq meilleures équipes au monde à l'heure actuelle. A en juger par un article de la Süddeutsche Zeitung, la réputation du football africain risque pourtant d'être égratignée par les bruits de corruption qui émaillent cette coupe d'Afrique des nations. Le journal cite l'exemple de Reinhard Fabisch, l'entraîneur allemand de l'équipe nationale du Bénin, qui a raconté comment un individu lui avait proposé de l'argent pour que son équipe procure des buts ou des pénalties à l'adversaire. Autre exemple: celui du président de la fédération namibienne de football, qui a révélé que les joueurs de son équipe s'étaient vu offrir 30 000 dollars pour manipuler le score. Bien sûr, écrit le journal, la corruption n'est pas un problème purement africain, mais il y a en Afrique une culture ouverte de la corruption.