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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron21 décembre 2007

Cette semaine, c’est le congrès de l’ANC en Afrique du sud, avec l’élection de Jacob Zuma à la présidence du parti au pouvoir, qui domine les commentaires de la presse allemande.

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Jacob ZumaImage : AP

Il ne faut pas s’en étonner, l’Afrique du sud restant pour la presse allemande l’un des sujets privilégiés dans l’actualité africaine. A l’approche du troisième anniversaire du tsunami en Asie, la Frankfurter Rundschau se hasarde au jeu de mots en parlant du "Zumami" qui vient de balayer l’Afrique du sud. Thabo Mbeki, écrit le journal, a essuyé une défaite tellement cuisante qu’il en ferait presque pitié si ce hiérarque de l’ANC ne devait s’en prendre qu’à lui-même. Deux délégués sur trois l’ont crié sur tous les tons "Mbeki n’écoute plus ce que nous lui disons". Il a si peu écouté, poursuit notre confrère, qu’il n’a pas perçu l’ampleur du mécontentement. Pour la Süddeutsche Zeitung, la révolte de l’aile gauche de l’ANC est aussi un symptôme de la profonde désillusion qui frappe des millions de Sud-Africains. L’ANC, par son combat victorieux contre l’apartheid, a conquis la liberté pour tous, note le journal. Mais la prospérité ne profite qu’à une minorité. Et il semble parfois que les gouvernants attachent plus d’importance au taux d’inflation et aux courbes de la croissance qu’à la souffrance des chômeurs et des sans-terre que l’ANC est censé défendre. Le temps de la ségrégation raciale est certes terminé en Afrique du sud, poursuit la Süddeutsche Zeitung, mais le pays est à nouveau divisé, entre gagnants et perdants de la croissance économique. La victoire de Jacob Zuma ne surprend pas non plus le quotidien Die Welt, qui parle d’un triomphe fortement teinté d’un romantisme de gauche et de ressentiments racistes. Zuma flaire le vengeur post-colonial, comme on en connait dans d’autres pays africains, ajoute Die Welt. Va-t-il- ruiner pour autant l’Afrique du sud? Non, répond le journal, qui s’attend plutôt à une scission de l’ANC. L’Afrique du sud est un curieux mélange. Elle a des côtés horribles, comme la violence et la corruption. Mais le positif l’emporte, souligne Die Welt. C’est un Etat de droit et les infrastructures fonctionnent. Jacob Zuma n’est pas Robert Mugabe, note de son côté la Tageszeitung. Et après son élection à la tête de l’ANC, l’Afrique du sud ne sera pas un second Zimbabwe. La politique sud-africaine va maintenant bouger, et c’est une bonne chose. Treize ans après la fin de l’apartheid, la stabilité ne peut plus être l’unique objectif du gouvernement.

Au Kenya, ce sont des élections générales qui auront lieu le 27 décembre. La course à la présidence s’annonce serrée entre le président sortant Mwai Kibaki et son principal challenger, Raila Odinga. La presse allemande s’inquiète d’une montée des violences à l’approche de ces élections.

Des violences qui touchent surtout l’ouest du pays. Par exemple la petite localité de Keringet où s’est rendu un journaliste de la Süddeutsche Zeitung. Ce sont surtout, lit-on dans ce reportage, des paysans kisii et kikuyu qui sont chassés de leurs maisons par des bandes criminelles. Les agresseurs viennent la nuit, le visage peint de kaolin, et ils attaquent à coup de haches, de machettes, de flèches et d’arcs. Les élections au Kenya sont certes toujours précédées de violences, poursuit l’auteur de l’article, mais les combats actuels dans l’ouest du pays rappellent les graves affrontements de 1992, lorsque plus de 1 500 personnes avaient été tuées et des centaines de milliers chassées de leurs foyers. Dans des endroits comme Keringet, ceux qui ont fui ne savent pas s’ils pourront voter. Mwai Kibaki et Raila Odinga, lit-on un peu plus loin, ont tous deux condamné ces explosions de violence. Mais tous deux misent aussi sur l’appui de leurs peuples respectifs, Kibaki sur les Kikuyu et Odinga sur les Luo dans l’ouest, les Luo qui dans l’histoire du Kenya n’ont encore jamais fourni un président.

Violence également au Darfour, dans l’ouest du Soudan. Mais comme l’explique un journal allemand, si la ligne de front n’a jamais été très claire, elle ne fait que s’embrouiller un peu plus.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur "la nouvelle colère des djandjawids", ces cavaliers arabes utilisés comme auxiliaires par les forces gouvernementales contre les populations noires du Darfour. Le journal relate l’agression d’un collaborateur zambien de la Croix-Rouge allemande à Mukjar, dans l’ouest du Darfour. Les assaillants ont exigé la voiture et tout l’argent des cinq occupants du véhicule, mais se sont montrés étonnamment aimables. "Nous ne voulons pas vous faire de mal, nous sommes contre le gouvernement. Nous prenons seulement ce qu’il nous doit." ont-ils déclaré à leurs victimes. Tout porte à croire, écrit le journal, qu’ils appartiennent à des milices arabes qui, il n’y a pas si longtemps, terrorisaient les habitants de Mukjar. Aujourd’hui ils se disent des soldats mécontents, ou opprimés et ont une nouvel ennemi: le gouvernement de Khartoum. De plus en plus de ces anciens auxiliaires se sentent trahis par les responsables politiques à Khartoum. Ils craignent d’être bientôt les perdants, si à partir du 1er janvier la MINUAD assume son mandat au Darfour. Ils prennent donc maintenant ce qui, selon eux, leur revient.

Enfin la Tageszeitung révèle dans son édition de vendredi certains détails du gigantesque contrat en cours de conclusion entre la Chine et la République démocratique du Congo. Sont prévus des investissements dans le secteur minier et les infrastructures à hauteur du produit national brut congolais – preuve que les Chinois, écrit la TAZ sont vraiment très intéressés. C’est la plus grosse affaire de la Chine en Afrique, et le bradage le plus complet du Congo à un investisseur étranger depuis la période coloniale.