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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron19 novembre 2007

Libye – Namibie – Zimbabwe

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Libyan leader Moammar Gadhafi arrives for the opening of the 8th African Union summit in Addis Ababa, Ethiopia, Monday, Jan. 29, 2007. An African Union summit opened in Ethiopia Monday, with Sudan coming under increasing international pressure to resolve the worsening violence in Darfur. (AP Photo / Karel Prinsloo)
Mouammar Kadhafi, le dirigeant libyenImage : AP

Cette semaine il n’y a pas vraiment un grand sujet africain qui s’impose dans les journaux. Les thèmes sont variés. Mais l’Afrique fait quand même la une d’un quotidien berlinois.

En l’occurence la Tageszeitung qui titre à la une sur le "goulag de Kadhafi" et qui en page trois décrit les conditions épouvantables dans lesquelles sont détenus, en Libye, les clandestins subsahariens candidats à l’émigration vers l’Europe. Exemple à Kufrah, dans le sud-est du pays, où entre 20 et 78 personnes sont entassées dans des cellules de six mètres sur huit. Bref, souligne le journal dans son éditorial, des conditions caractéristiques des camps de détention dans une dictature. Le tout avec l’aide de l’Europe qui mise sur ce système pour contenir les clandestins loin de ses frontières. L’Europe, note la TAZ, envoie des matelas, des couvertures, des appareils de vision de nuit, des caméras sous-marines et des bus. Le gouvernement libyen a même reçu d’Italie un millier de sacs mortuaires. Une seule chose intéresse les responsables politiques européens, souligne notre confrère: comment boucher les derniers trous de souris dans les portes de l’Europe. Ce qui se passe derrière ces portes ne les intéresse pas. Mais cela nous intéresse-t-il? Le gouvernement qui appliquerait l’image de la barque pleine, non pas à notre société de nantis, mais aux bateaux de réfugiés désespérement surchargés en Méditerranée, ce gouvernement-là, conclut le journal, ne serait jamais réélu.

Cap maintenant sur l’Afrique australe, tout d’abord avec le risque de scission au sein de la SWAPO, le parti au pouvoir en Namibie. C’est un risque qui est en tout cas évoqué par la Frankfurter Allgemeine Zeitung après la démission de l’ancien ministre des affaires étrangères, Hidipo Hamutenya. Ce poids lourd de la politique namibienne, écrit le journal, était membre de l’ancien mouvement de libération depuis 1961. Il a justifié son départ par "l’immobilisme" de la SWAPO, par son incapacité à s’ouvrir aux idées nouvelles. D’autres membres éminents du parti ont suivi son exemple, comme l’ancienne vice-ministre de l’administration pénitentiaire ou l’ancienne secrétaire générale du syndicat des enseignants. C’est, poursuit le journal, la plus grande vague de défections qu’ait jamais connue la Swapo. Laquelle a réagi en exigeant de tous ses adhérents qu’ils jurent par écrit fidélité au parti. Ainsi cherche-t-elle sans doute à éviter que les nombreux partisans de Hamutenya ne changent de camp. Car il est probable, selon le journal, que l’ancien ministre rejoigne le nouveau "rassemblement pour la démocratie et le progrès" créé précisément par un ancien membre de la SWAPO, Jesaya Nyamu.

Le Zimbabwe est également présent cette semaine dans la presse allemande. Un quotidien berlinois relate l’histoire d’un journaliste zimbabwéen, venu en Allemagne pour participer à un séminaire de formation, mais qui maintenant n’ose plus rentrer dans son pays. Il s’appelle Itai Mushekwe, il n’a que 23 ans, mais comme on peut le lire dans la Berliner Zeitung, c’est déjà un journaliste connu dans son pays. Il écrit pour L’Independant, l’un des deux derniers journaux indépendants du Zimbabwe. En septembre il est venu à Berlin avec un collègue. Tous deux avaient été sélectionnés pour participer à un séminaire. Il y a deux semaines il devait rentrer dans son pays. Mais, poursuit le journal, voilà que son collègue a découvert son nom sur le site d’un journal zimbabwéen en ligne. Avec 14 autres journalistes, Itai Mushekwe figure sur une liste établie par les services secrets. Résultat: il n’ose plus rentrer. Il craint pour sa vie. Car, explique la Berliner Zeitung, tous ceux qui figurent sur cette fameuse liste noire doivent être placés sous surveillance dans la perspective des élections prévues l’an prochain au Zimbabwe. Itai Mushekwe ne sait pas très bien ce qui l’attend. Mais il craint le pire. Cela dit, souligne le journal, malgré la peur et les menaces, le jeune journaliste zimbabwéen ne veut pas demander l’asile en Allemagne. Il ne veut pas vivre à l’étranger comme des millions de ses compatriotes. Dans l’immédiat, la prolongation de son visa a pu être obtenue grâce à l’intervention de Reporters sans frontières. Itai Mushekwe pourra rester à Berlin jusqu’à la fin de l’année.

Enfin la presse allemande évoque dans ses colonnes le congrès mondial sur la santé pulmonaire qui a eu lieu il y a quelques jours au Cap, en Afrique du sud. Un congrès qui selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung a révélé que le sida et la tuberculose ne peuvent plus être considérés comme deux maladies distinctes, du moins pas en Afrique australe où près de 80% des tuberculeux sont séropositifs. Alors qu’en Europe de l’est et dans certains Etats de l’ex-Union soviétique, une forme multirésistante de tuberculose est en train de se propager indépendamment du sida, en Afrique subsaharienne, note le journal, la tuberculose se répand principalement en liaison avec le sida. Qui plus est, aucune grande firme pharmaceutique n’a plus effectué de recherche sur la tuberculose jusqu’il y a environ sept ans. Tous les antibiotiques datent des années 40 à 60 du siècle passé. Mais deux candidats prometteurs ont été présentés au congrès du Cap, relève le journal. L’un d’entre eux atteindra dans quelques semaines la phase trois des études cliniques. Cela signifie que son mécanisme d’efficacité sera bientôt testé sur des milliers de patients à six endroits différents au Kenya, en Afrique du sud, en Tanzanie et en Zambie.