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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron13 février 2004

RDC - Soudan

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Nous commençons par la République démocratique du Congo, puisque le président Kabila a achevé cette semaine sa tournée européenne. Kabila a besoin d'aide, titre la Süddeutsche Zeitung, qui estime que le jeune président congolais a mérité l'appui qu'il est venu chercher en Europe, y compris à Berlin. Son problème est que, même s'il reçoit une aide extérieure, chez lui il n'a pas grand chose à dire, écrit le journal. Sous la pression de la communauté internationale, il a fait la paix avec les groupes rebelles et fait entrer ses ennemis dans le gouvernement. Or cette construction est un cabinet de l'horreur. Kabila est flanqué de quatre puissants vice-présidents dont trois au moins sont de sinistre réputation, ajoute le journal qui cite Jean-Pierre Bemba, Azarias Ruberwa, une marionnette du Rwanda, et Abdoulaye Yerodia. Si le Congo, jusqu'à l'accord de paix, a été pillé au moyen de la force armée, les nouveaux dirigeants peuvent pratiquement le faire à présent avec l'aval de l'Etat. Un redressement du pays n'est pas dans leur intérêt, il ne ferait que gêner leurs affaires. Plus pessimiste encore la Tageszeitung de Berlin fait état des mauvaises nouvelles venues du Congo pendant la tournée européenne de Joseph Kabila. Tout d'abord l'annonce que le MLC de Jean-Pierre Bemba suspendait sa participation au gouvernement de transition. Ensuite les combats dans l'est du pays entre des unités de l'ancienne armée fidèle à Kabila et le principal mouvement rebelle, le RCD. Cela fait déjà des mois, rappelle le journal, que la société civile et des experts de l'ONU mettent en garde contre une troisième guerre du Congo. Interrogé par le même journal, le président de la commission électorale indépendante congolaise, Apollinaire Malu Malu, croit en revanche que l'organisation d'élections dès 2005, est tout à fait possible . Le calendrier est ambitieux, dit-il, mais nous travaillons comme des fous.

La presse allemande s'intéresse aussi cette semaine à un autre grand pays africain qui peine à instaurer la paix, c'est le Soudan. La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque le conflit dans le Darfour, et le communiqué de victoire de Khartoum où le président el-Béchir affirme que la rébellion est vaincue. Il revient aussi sur les soupçons de purification ethnique nourris contre Khartoum. De fait, écrit le journal, les populations chassées de chez elles sont presque toutes noires, et ceux qui les expulsent ont la peau claire. Des réfugiés sont bombardés, des milices arabes utilisent l'arme des viols massifs. Les connaisseurs du Soudan, poursuit notre confrère, voient des parallèles stupéfiants entre les méthodes qui ont été utilisées contre les rebelles du Sud-Soudan et les événements actuels dans le Darfour. L'accord de cessez-le-feu et les pourparlers de paix en cours entre Khartoum et la rébellion sudiste ont libéré des forces militaires considérables, qui sont maintenant mobilisées dans le Darfour. Il est clair par ailleurs que seuls les Etats Unis ont sur Khartoum une influence suffisante pour mettre un terme à la guerre dans le Darfour. Mais si Les Américains jouent un rôle décisif dans les pourparlers de paix entre le gouvernement et les rebelles du Sud, sur le Darfour ils se sont abstenus jusqu'à présent de toute déclaration publique. Avant la reprise de ces pourparlers de paix annoncée pour le 17 février à Naivasha au Kenya, la Tageszeitung nous livre un reportage sur un camp de réfugiés soudanais dans le nord-ouest du Kenya. Selon le HCR, dans la première année qui suivra la signature de l'accord de paix, 100 000 personnes rentreront au Sud-Soudan, sur les 600 000 qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. Un rapatriement qui dans le Sud-Soudan se transformera en cauchemar logistique , prévient le porte-parole du HCR au Kenya. Il n'y a pour ainsi dire aucune infrastructure.