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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron2 avril 2004
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Image : AP

Le travail des enfants fera prochainement l’objet d’une conférence internationale à Berlin, mais une conférence qui sortira du cadre habituel. Berlin accueillera à la mi-avril le deuxième congrès mondial des enfants-travailleurs. Ils comptent profiter de ce congrès pour s’organiser en réseau, car leur principale revendication, explique la Tageszeitung de Berlin, n’est pas d’interdire le travail des enfants, mais de le réformer. Le journal nous relate dans ce contexte l’histoire d’une jeune Béninoise de 16 ans, Sandra Avocé, qui sera présente comme déléguée au congrès de Berlin. Il y a six ans Sandra a cru avoir une chance incroyable. Une dame lui a proposé de l’emmener avec elle au Gabon. Au début ses parents ne voulaient pas qu’elle parte. Mais Sandra a insisté. La famille était pauvre. Ce qui l’attendait au Gabon, c‘étaient 20 heures de travail par jour comme bonne à tout faire. Alors, poursuit le journal, au bout d’un an elle a craqué, elle s’est enfuie puis un Béninois l’a ramenée dans sa famille, qui l’a accueillie à bras ouverts. Un an plus tard elle a entendu parler d’une association, l’Action sociale pour la survie et l’épanouissement des enfants. Une association qui chaque année forme gratuitement cinquante garçons et filles à des métiers artisanaux. Sandra vient d’achever sa formation de coiffeuse. Mais note le journal, elle s’engage aussi bénévolement pour les enfants qui ont connu le même sort qu‘elle. En tant que présidente de l’Association des enfants et jeunes travailleurs du Bénin elle participe régulièrement à des conférences sur le travail des enfants. C’est à ce titre qu’elle a été invitée au congrès de Berlin.

La presse allemande s’intéresse aussi cette semaine à la Côte d’Ivoire, et c’est pour jeter un regard très pessimiste sur l’avenir du pays après les violences du 25 mars à Abidjan.

Comme le note la Süddeutsche Zeitung, depuis quelques mois la situation semblait se détendre. C’en est fini maintenant du calme. Les batailles de rues d’Abidjan montrent à quel point les fronts restent figés. L’accord de paix de 2003 n‘avait été possible que parce que les rebelles, qui contrôlent le nord du pays, avaient été empêchés par les soldats français de marcher sur Abidjan. Et parce que la France avait exercé une pression massive. Sans l’aide de l’ancienne puissance coloniale le président Gbagbo ne serait sans doute plus au pouvoir. Le problème majeur, souligne le journal, est que Gbagbo veut exclure au maximum ses adversaires du pouvoir. Ses partisans se considèrent comme les vrais habitants du pays, les gens du nord sont des citoyens de deuxième classe. Même si les affrontements prennent bientôt fin, conclut notre confrère, le pays replongera sans doute dans la violence lorsque sonnera l’heure d’un nouveau partage du pouvoir. Des élections sont prévues en 2005.

Enfin à l’approche d’autres élections, celles qui auront lieu le 14 avril en Afrique du sud, la presse allemande Marie-Ange évoque les difficultés de la réforme agraire, dix ans après la fin de l’apartheid. Il y a dix ans, écrit là encore la Süddeutsche Zeitung, le nouveau gouvernement avait promis de réparer les injustices subies. Cela impliquait aussi une réforme agraire, censée dédommager les noirs de plusieurs décennies d’expropriations et d’expulsions. Ce processus est maintenant achevé aux deux-tiers. Sur 68 000 demandes, 47 000 ont été satisfaites, soit sous la forme de compensations financières, soit par la restitution de terres dont l’Etat peut aujourd’hui disposer. En revanche, poursuit le journal, la redistribution des terres agricoles privées n’avance que très lentement. Les expropriations comme au Zimbabwe sont tabou, seules les terres vendues de plein gré peuvent changer de propriétaire. Mais à l’approche des élections la pression s’accentue sur le gouvernement. Cela dit, ajoute le journal, l’agriculture est infiniment moins importante en Afrique du sud qu’au Zimbabwe. Dans les conditions du marché mondial seules les grandes fermes commerciales survivront, et pour cela les noirs n’ont jusqu’à présent ni le savoir-faire ni la formation nécessaires.