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Afropresse l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron30 avril 2004

Afrique du sud - Libye

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Image : AP

La presse fait cette semaine encore une large place à l’Afrique du sud puisque le pays a célébré mardi dernier le 10ème anniversaire de la fin de l’apartheid. Une histoire écrite par l’Afrique, titre la Süddeutsche Zeitung. 10 ans de nouvelle Afrique du sud: l’apartheid est vaincu mais les problèmes restent immenses. La Frankfurter Allgemeine Zeitung indique que les festivités du 27 avril dernier auraient coûté plus de dix millions de dollars. Ce jour-là le président Thabo Mbeki a également été investi pour un nouveau mandat de cinq ans. Et pour le journal le côté "fête populaire" de sa prestation de serment entendait montrer ceci: l’Afrique du sud ne fête pas seulement le 10ème anniversaire de sa libération de l’apartheid, l’Afrique du sud fête aussi un succès unique: celui d‘avoir obtenu un changement de pouvoir historique, suivi d’un système démocratique, d‘avoir préservé l’Etat de droit et d‘avoir confirmé le pays dans son rôle de nation la plus avancée du continent. Dans la vie de tous les jours, note le journal, l’Afrique du sud s’est toutefois trouvée confrontée à des problèmes proprement kafkaiens, la police en est un exemple. Dès le début la nouvelle Afrique du sud a eu affaire à une forte criminalité. Cette police réputée jusqu’alors "efficace" est devenue pratiquement impuissante, parce que subitement il lui fallait appliquer les méthodes de l’Etat de droit. Auparavant on avait arrêté selon son bon plaisir, et obtenu des aveux à coup de matraques. Die Welt en revanche ne cache pas sa déception. L’Afrique du sud s’auto-célèbre, écrit ce confrère, mais le pays a perdu sa particularité. Il n’est pas devenu en Afrique la puissance morale qu’il aurait pu devenir. On invite bien plutôt aux cérémonies des criminels comme le voisin zimbabwéen Robert Mugabe. Ou Arafat et Khadafi. Mais il est vrai ajoute Die Welt, que ce dernier fait antichambre à Bruxelles.

La visite, cette semaine justement, du colonel Kadhafi à Bruxelles ne manque pas d’être commentée par la presse allemande. L’ancien voyou trouve à Bruxelles des Européens bienveillants, écrit la Frankfurter Rundschau qui souligne quw Kadhafi n’était plus venu en Europe depuis 15 ans. Et qui rappelle aussi les innombrables atteintes aux droits de l’homme commises en Libye. Les arrestations et les condamnations arbitraires sont toujours d’actualité, note le journal. Dans le pays comme à l’étranger des opposants ont été menacés, agressés ou assassinés. Des centaines de familles ignorent toujours ce que sont devenus leurs pères ou leurs fils. Mais investir en Libye est maintenant dans l’air du temps, même pour les anciens ennemis que sont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, à plus forte raison pour les Européens. Des Européens qui pour la Süddeutsche Zeitung ont besoin de la Libye. Ils ne se contentent pas, estime le journal, de spéculer sur le pétrole et le gaz du désert libyen. Dans sa lutte contre l’immigration clandestine en provenance de l’Afrique noire, l’Union européenne veut aussi coopérer avec Tripoli, et engager dans la foulée Kadhafi comme shérif auxiliaire. Alors on est prêt à oublier le passé et à fermer les yeux sur la violence que Kadhafi fait régner chez lui. Seulement ajoute le journal, la realpolitik ne devrait pas faire oublier à l’Union européenne que si Kadhafi n’est plus le diable qu’il était, il sent toujours le souffre.

A noter aussi, toujours dans la Süddeutsche Zeitung, une réaction à la déclaration, très édulcorée, adoptée la semaine dernière par la commission des droits de l’homme de l’ONU à propos des atrocités commises dans le Darfour, dans l’ouest du Soudan donc. Dans l’intérêt des populations martyres, écrit le journal, il est quand même judicieux que la commission ait au moins trouvé un compromis boiteux. La porte du Soudan est maintenant ouverte. Et compte tenu des brutalités dans le Darfour la forme de la condamnation est finalement secondaire. Khartoum est au pilori, il importe de maintenir la pression sur le régime.