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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron14 mai 2004

Soudan – RDC –Burundi

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Image : AP

Nous commençons par le Soudan. Le récent voyage au Tchad de la secrétaire d’Etat allemande aux affaires étrangères, Kerstin Müller, est largement évoqué cette semaine par les journaux.

La Frankfurter Runschau en fait même, sur toute une page, son thème du jour. Interrogée par le journal, Kerstin Müller se refuse encore à parler de génocide au Darfour, dans l’ouest du Soudan donc. Mais elle parle d’épuration ethnique. Les réfugiés que j’ai vus dans les camps au Tchad, dit-elle, étaient des Africains noirs, presque uniquement des femmes et des enfants, chassés par les milices arabes, les djandjawids. Le Rwanda, souligne encore la secrétaire d’Etat, nous a appris que dans ce genre de conflit nous ne pouvons abandonner les Africains à leur sort. Il est clair que la communauté internationale a une responsabilité. Mais pour l’instant nous soutenons les efforts de l’Union Africaine. La jeune organisation panafricaine qui a remplacé l’OUA, lit-on à côté de cette interview, fait pourtant figure d’un tigre édenté. Malgré les accusations de génocide au Darfour, les Etats africains laissent aux Européens, aux Etats-Unis ou aux associations de défense des droits de l’homme le soin de s’inquiéter voire de critiquer Khartoum. L’envoi d’une force d’intervention africaine dans le Darfour n’est pas même envisagée. Or le temps presse, souligne, dans un autre article, un responsable de l’Agro-action allemande. Les personnes déplacées à l’intérieur même du Darfour manquent de tout. Plus de 100 000 personnes vivent dans des camps de fortune, et la pénurie de vivres prend des proportions alarmantes. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève de son côté qu’une délégation de parlementaires allemands a été empêchée par les autorités soudanaises de se rendre dans le Darfour. Les députés ne sont pas allés plus loin que Khartoum.

Un sujet, un peu délaissé ces derniers temps, refait aussi surface dans la presse allemande. C’est le pillage des ressources naturelles dans l’est de la République démocratique du Congo:

Pioerron:

L’hebdomadaire Der Spiegel nous rappelle que ni la guerre ni l’anarchie n’ont pris fin dans la province du Nord-Kivu, une région qui comme beaucoup d‘autres au Congo regorge de minerais. Le journal nous relate le chargement, à bord d’un vieil hélicoptère ex-soviétique, de quatre tonnes de coltan. Quelque part sur une route asphaltée, construite par les coopérants chinois, direction Goma, la capitale du Nord-Kivu. C’est que le coltan reste le plus convoité des minerais. Et pour cause. On en extrait un métal rare, le tantale, qui est utilisé dans la fabrication de téléphones portables et de microprocesseurs. Jusqu’à présent, souligne le Spiegel, le coltan a apporté à l’ancien Zaïre autant de malheurs que l’or, autrefois, aux Indiens d’Amérique du sud. La montée en flèche des prix, à la fin de l’an 2000, a provoqué un exode vers les gisements de coltan. Les conséquences en sont désastreuses: les gens abandonnant leurs champs, la famine menace. Milices imprévisibles, politiciens corrompus et mafia des matières premières empêchent, dans l’est du Congo, l’établissement d’un ordre contraire à leurs intérêts. Le Spiegel évoque aussi l’histoire d’un homme d’affaires allemand, Dieter Pabst, qui va trois ou quatre fois par an en Ouganda pour acheter du coltan à des Congolais. Mais ajoute le journal, ce ne sont pas des gens comme Pabst qui exploitent en grand le Congo. Le Rwanda est depuis des années le profiteur le plus impudent de la guerre pour le coltan.

Enfin, et nous restons dans la région, la Frankfurter Rundschau se fait l’écho des critiques de Médecins sans Frontières-Belgique contre la réforme du système de santé au Burundi. Selon une enquête menée sur place par cette ONG, 99% des 7 millions de Burundais ont moins d’un dollar par jour pour vivre. Or cela n’a pas empêché le gouvernement d’introduire il y a deux ans un système de couverture des frais médicaux. Pour une consultation dans un centre de santé il faut débourser entre un et deux euros – un prix inabordable pour beaucoup de Burundais, souligne le journal.