1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron4 juin 2004

RDC – Soudan – Côte d‘Ivoire

https://p.dw.com/p/C9kt
Image : AP

Après la flambée de violence à Bukavu, les journaux s’intéressent de nouveau, cette semaine, à la République démocratique du Congo. Ils ont bien sûr relaté la prise de la ville de Bukavu, mercredi, par des soldats rebelles. La Süddeutsche Zeitung titre sur le risque d’une nouvelle guerre civile dans l’est du Congo et redoute un échec du processus de paix. La Tageszeitung de Berlin parle d’une victoire facile pour la nouvelle rébellion du Congo. La capitale du Sud-Kivu est tombée sans combattre aux mains de deux milices commandées par deux généraux dissidents, tous deux originaires du Rwanda, qui depuis une semaine s’étaient insurgés contre les représentants locaux du gouvernement de transition, note le journal, qui relève aussi l’étrange comportement de la MONUC. Les casques bleus de l’ONU ne sont pas intervenus pour empêcher la prise de la ville. La semaine précédente ils avaient tiré sur les rebelles, tous des Banyamulenge, c’est-à-dire des Tutsis congolais d’origine rwandaise, mais ils n’avaient rien fait pour protéger les civils de ce groupe de population, chassés par les troupes gouvernementales congolaises. De quoi fournir à certaines têtes brulées, au Rwanda, un prétexte pour une nouvelle intervention au Congo. L’absence de solution aux questions de nationalités, souligne le journal, reste de la dynamite dans l’Afrique des Grands Lacs. Il est urgent de décider si la minorité d’origine rwandaise qui vit au Congo sera réintégrée dans ses droits civiques. C’est l’une des multiples questions litigieuses qui dans la précipitation du processus de paix ont été oubliées, mais qui conditionnent pourtant son succès.

Un autre pays reste aussi très présent cette semaine dans la presse allemande: c’est le Soudan. Le Soudan menacé de démembrement, titre la Frankfurter Rundschau. Un pas en avant, un demi-pas en arrière, cela semble être le schéma vers la paix en Afrique, écrit le journal. Au Soudan le gouvernement du président al-Bachir a fait la paix avec la rébellion sudiste. Mais une grave crise humanitaire sévit dans l’ouest du pays, dans le Darfour. Des milices arabes continuent d’y attaquer des populations africaines sans défense. Le président al-Bachir, poursuit le journal, sait parfaitement ce qui est en jeu: c’est l’éclatement du pays. D’abord la scission du sud, maintenant la rébellion dans l’ouest, et dans l’est aussi, près de l’Erythrée la révolte gronde. Le Soudan a négligé ses périphéries. Au Darfour, l’Union européenne s’accroche à l’espoir qu’une mission de l’Union africaine chargée de surveiller le fragile cessez-le-feu, pourra être utile. Mais l’Union africaine, souligne le journal, est un tigre de papier qui n’a encore jamais résolu un conflit. Les occidentaux doivent être présents sur tous les canaux diplomatiques. Le Soudan cherche à se donner un visage moderne pour se débarrasser de l’image d’Etat terroriste. Malgré la dureté du régime, cela rend le Soudan sensible aux pressions internationales.

Enfin la situation en Côte d’Ivoire inspire à un quotidien allemand une analyse très pessimiste, et très critique pour le président Gbagbo. La Süddeutsche Zeitung écrit en effet que, sans exagérer, on peut aujourd’hui le qualifier de criminel, de chef de bandes qui peuvent tuer impunément des étrangers et des allogènes, autrement dit des gens originaires du nord. Même les optimistes, souligne le journal, doutent que dans ce climat de haine une reprise de la guerre puisse être évitée. La situation est jugée si dangereuse que la Bundeswehr, l’armée allemande, a envoyé dernièrement une équipe à Abidjan pour examiner avec l’ambassade d’Allemagne une éventuelle évacuation des 200 Allemands qui vivent dans le pays. Et poursuit le journal, même le fait que Laurent Gbagbo soit tributaire de l’aide financière française ne rend pas cette guerre moins improbable.