1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron2 juillet 2004

Darfour – Rwanda

https://p.dw.com/p/C9kp
Image : AP

Sans surprise c’est encore le Soudan qui domine cette semaine l’actualité africaine.

Les journaux ont évidemment relaté les visites au Soudan du secrétaire général de l’ONU et du secrétaire d’Etat américain. Kofi Annan et Colin Powell sont allés à Khartoum et ont fait tous deux une brève visite dans le Darfour. Mais pour la Tageszeitung de Berlin, le bilan est plutôt maigre. Certes, écrit le journal, pour la première fois le gouvernement soudanais est plus ou moins menacé. Menacé de sanctions s’il ne contrôle pas les milices djandjawids qui sévissent dans le Darfour, s’il ne garantit pas un libre accès aux organisations humanitaires et s’il n’entame pas des négociations avec les rebelles. Difficile pourtant de menacer plus doucement que Colin Powell, ajoute le journal, qui cite cette déclaration du secrétaire d’Etat américain: "faute d’avancées prochaines dans ces trois domaines la communauté internationale pourrait être amenée à considérer d’autres actions, dont celle du conseil de sécurité". La Süddeutsche Zeitung souligne que la découverte politique du Darfour par Colin Powell et Kofi Annan est la meilleure nouvelle depuis des semaines pour les victimes de la guerre au Soudan. Le tandem Powell-Annan peut faire beaucoup pour désamorcer le conflit. Mais la diplomatie s’est mise en marche bien tardivement. La guerre dans l’ouest du Soudan n’est pas une catastrophe qui arrive subitement, écrit le journal. Pendant plus d’un an elle n’a pourtant suscité guère d’émotion dans les capitales occidentales. D’une part à cause de la fixation sur l’Irak, de l’autre parce que les crises en Afrique ne déclenchent généralement une activité fébrile qu’à partir du moment où elles prennent des dimensions catastrophiques, comme maintenant dans le Darfour. Alors que faire maintenant? Eh bien pour le journal, point n'est besoin d'un gigantesque contingent de casques bleus. Il faut s’engager politiquement. Les Américains doivent forcer le gouvernement soudanais et les rebelles à s’asseoir autour d’une table, et cela immédiatement.

Paul Kagamé, le président rwandais, était cette semaine à Berlin. Il a eu dans la capitale allemande des entretiens politiques qui ont porté principalement sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo. C’est aussi le thème dominant de l’interview qu’il a accordée à un quotidien allemand. En l’occurence la Süddeutsche Zeitung qui demande par exemple à Paul Kagamé quels intérêts sont en jeu, pour le Rwanda, au Congo. Réponse du président: une chose surtout nous inquiète: la présence des milices Interahamwe, qui ont commis le génocide au Rwanda en 1994. Ces gens-là symbolisent le génocide, ils doivent disparaitre. De quelle manière, demande le journal. C’est tout simple, dit Paul Kagamé, il faut arrêter et juger ces criminels. Mais, fait remarquer la Süddeutsche Zeitung, selon la mission de l’ONU au Congo, les Interahamwe ne représentent plus une menace sérieuse. Paul Kagamé: si c’est vrai, je me demande alors pourquoi la MONUC a tellement peur d’eux. Les casques bleus rampent. Nous disons à l’ONU où se trouvent les Interahamwe, mais la MONUC n’ose rien faire. Jamais encore je n’ai vu un telle bande d’inutiles. Et puis le président rwandais s’emporte également lorsque notre confrère lui demande ce qu’il pense de ceux qui reprochent à l’Allemagne d’accorder au Rwanda une aide au développement trop importante, vu le rôle douteux joué par le Rwanda au Congo. Je pensais qu’il y avait en Europe des gens intelligents, répond Paul Kagamé. Nous avons été victimes d’un génocide. Et c’est la racine de tout ce conflit. L’Allemagne fait beaucoup de choses dans notre pays, il faut développer cette coopération.

Enfin toujours à propos de la récente montée de fièvre entre le Rwanda et la RDC, les journaux se font l’écho de la rencontre, à Abuja au Nigéria, entre les présidents Kagamé et Kabila. Une rencontre qui aux yeux de la Tageszeitung, écarte pour l’instant le risque d’une nouvelle guerre entre les deux voisins.