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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron8 octobre 2004

Italie/Libye – Rwanda – Sud/Soudan-Kenya

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Image : AP

La presse allemande réagit tout d’abord aux expulsions massives d’immigrés clandestins par l’Italie.

Depuis une semaine des centaines d’Africains ont été embarqués à bord d’avions civils ou militaires à destination de la Libye. Pour la Süddeutsche Zeitung le ministre italien de l’intérieur, tout en parlant beaucoup de droit et de loi, mise avant tout sur le choc des images. Ces jours-ci, note le journal, les télévisions italienne et libyenne diffusent de longues séquences sur le pont aérien ouvert entre la petite île silicienne de Lampedusa et la Libye. Le message est donc clair: qui tente, éventuellement au péril de sa vie, de gagner l’Italie par la mer pour y demander l’asile comme immigré clandestin, n’a pratiquement aucune chance. De fait, écrit le journal, d’après les règlements de l’Union européenne, rares sont ceux qui peuvent obtenir l‘asile politique. Montrer aux réfugiés ce qui les attend doit donc être permis. Et souligne notre confrère, on ne peut accuser le ministre italien de l’intérieur d’inhumanité – trop de gens ont déjà péri en mer. La Tageszeitung de Berlin dénonce en revanche l’illégalité, aux yeux du droit italien et européen, de ces refoulements expéditifs. Et le journal s’interroge sur le prix payé par l’Italie à la Libye pour délocaliser définitivement l’encombrant problème des réfugiés sur la rive sud de la Méditerranée.

Le Rwanda veut faire figure de pionnier en matière de protection de l’environnement. L’utilisation, la fabrication et l’importation de sacs en plastique y sont désormais interdites. La mesure est suffisamment novatrice pour qu’un journal allemand l’annonce en première page.

En l’occurence la Frankfurter Rundschau, qui rappelle que les sacs en plastique, utilisés partout en Afrique, et jetés n’importe où, sont une calamité pour l’environnement. Mais les Rwandais, note le journal, passent pour les "Prussiens de l’Afrique". Alors qu’à Nairobi ou Kampala les automobilistes grillent parfois un feu-rouge, à Kigali tout le monde s’arrête. Cette mentalité particulière, poursuit le journal, explique sans doute que l’un des pays les plus pauvres du monde, précisément, soit le premier Etat de l’Afrique de l’est à interdire les sacs en plastique. Une mesure qui provoque quand même une certaine grogne. A Kigali les rares supermarchés pour diplomates et Rwandais fortunés distribuent maintenant des sacs en papier à leur clients. Mais ils sont importés d’Ouganda à des coûts élevés et ne sont pas une alternative pour les couches pauvres de la population. Beaucoup de petits commerçants trouvent donc l’interdiction trop sévère, souligne le journal avant de noter qu’au Kenya certains aimeraient revenir aussi aux paniers traditionnels. Seulement au Kenya, l’interdiction des sachets en plastique n’est pas pour demain.

Enfin le Kenya, justement, pourrait être relié un jour au Sud-Soudan par une ligne de chemin de fer. La presse allemande en tout cas lève le voile sur un vaste projet confié à une firme allemande. Un contrat de 3 milliards d’euros conclu entre la SPLA, l’armée de libération du Sud-Soudan, et la société allemande Thormählen. Comme l’explique la Tageszeitung, il s’agit de construire une ligne ferroviaire de 4 000 km reliant Juba, dans le sud du Soudan, au réseau ferré kenyan et ougandais. Rien n’est fait certes. Les différents accords conclus entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste prévoient pour le Sud-Soudan une période d’autonomie de six ans, puis l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Tout cela n’entrera en vigueur qu’après la signature d’un accord global de paix. Mais la SPLA, poursuit le journal, prend ses devants. Le Sud-Soudan est culturellement et géographiquement plus proche du Kenya que du nord du pays. Or les pays voisins d’où arrivent tous les biens consommés au Sud-Soudan ne sont accessibles que par la voie des airs.