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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron29 octobre 2004

Tunisie – Ouganda - Mozambique

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Pour commencer, deux commentaires sur l’élection présidentielle de dimanche dernier en Tunisie où le président Ben Ali a recueilli 94,48% des voix.

Un score inférieur à celui d’il y a cinq ans. Mais lit-on dans la Tageszeitung de Berlin, il n’y a jamais de surprise aux élections en Tunisie. Quand le chef de l’Etat appelle aux urnes, il obtient toujours plus de 90% des voix, même lorsqu’il autorise d’autres candidats à se présenter contre lui, comme ce fut le cas dimanche. Les seuls qui pourraient représenter un danger pour lui sont les islamistes. Mais leur parti, Ennadha, est interdit, plus de 700 de ses partisans sont en prison. L’occident, poursuit le journal, mise fermement sur Ben Ali, il passe pour un garant de la stabilité. Avec sa politique économique libérale il a fait de la Tunisie un pays intéressant pour l’industrie européenne. La population vit mieux que dans les autres pays du Maghreb. La classe moyenne est en revanche exclue de la participation à la vie politique, la répression et le contrôle des médias bloquent tout passage à la démocratie. La Frankfurter Rundschau parle de mise en scène démocratique. L’opposition tunisienne sait que la démocratie est absente dans son pays, écrit le journal. Mais le monde a d’autres soucis. La Tunisie est un îlot de stabilité, comparée à une Libye imprévisible et une Algérie blessée par la guerre civile. Ben Ali, poursuit notre confrère, se prévaut d’avoir formé une société qui rejette l’extrêmisme. Ce qu’il n’ose pas même penser sans doute, c’est que la Tunisie n’a pas besoin de farce démocratique. Elle est mûre pour la démocratie.

La tragédie qui se déroule depuis 18 ans dans le nord de l’Ouganda fournit cette semaine à la presse allemande un autre thème de réflexion. Il faut dire que le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, l’a qualifiée de "catastrophe humaine la plus ignorée, aujourd’hui, dans le monde".

Ces propos de Jan Egeland sont repris par la Süddeutsche Zeitung qui note que toutes les nuits, dans le nord de l’Ouganda, plus de 40 000 enfants fuient leurs villages et cherchent refuge dans des localités plus grandes pour échapper aux rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur, une milice qui a déjà kidnappé 20 000 enfants au moins, et que l’on peut qualifier sans exagération de démente, écrit le journal. Elle veut renverser le président Museveni et installer à sa place un régime des Dix Commandements. Mais souligne le journal, dans cette guerre le gouvernement Museveni joue aussi un rôle douteux, un gouvernement appuyé massivement par les Etats-Unis, mais aussi par l’Allemagne. Plus de la moitié du budget ougandais est financée par l’aide au développement. Or d’une part, l’armée ne peut rien faire contre les attaques de la rébellion, de l’autre, et cela est encore plus grave, elle a anéanti toute tentative de pourparlers de paix. La guerre dans le nord de l’Ouganda, poursuit le journal, se déroule dans une région dans laquelle Museveni n’a que peu de partisans. Elle profite aussi aux hauts gradés de l’armée qui peuvent détourner du budget militaire des sommes inexistantes en temps de paix.

Enfin à l’approche des élections présidentielle et législatives au Mozambique, début décembre, la presse allemande parle d’un boom économique exceptionnel dans ce pays classé en 1990 comme le plus pauvre du monde.

Comme l’écrit la Tageszeitung, dans beaucoup de pays africains qui sortent d’une guerre, le boom économique consécutif à la reconstruction est de courte durée. Au Mozambique, où les accords de paix datent de 1992, il semble ne pas vouloir finir, malgré la fréquence des cyclones et des inondations. L’explication, note le journal, est à chercher dans une gigantesque demande mondiale en matières premières dont le Mozambique n’est pas seulement richement doté, mais pour l’exploitation desquelles il offre aussi des conditions optimales. Le Mozambique a la chance d’être un voisin direct de l’Afrique du sud, dont les firmes sont en train de découvrir l‘Afrique.