1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron18 février 2005

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

https://p.dw.com/p/C9kJ

Cette semaine la presse ne fait qu’une place très modeste à l’Afrique. Même les événements au Togo ne sont que brièvement mentionnés. Mais comme le dit le dicton, qui cherche trouve. C’est ainsi que la Tageszeitung de Berlin s’intéresse aux abus sexuels commis par des casques bleus de l’ONU en République démocratique du Congo. Sur place cela ne surprend personne, écrit le journal. Comparées aux viols brutaux de femmes congolaises par les milices locales, les agressions commises par les soldats de l’ONU passaient pour anodines. Les victimes, en fin de compte, ont survécu, et ont même été payées. Au Congo c’est un privilège. Mais poursuit le journal, tout cela n’est pas une excuse. Les soldats des Nations unies au Congo ont pour mandat de protéger la population civile, non d’aller chez des prostituées. Leur comportement est intolérable. Entre-temps ils ont reçu l’ordre d’éviter tout contact avec la population et de rester dans leurs casernes, sauf pour des sorties à des fins militaires. A l’avenir, souligne la Tageszeitung, ils ne sauront donc plus ce qui se passe autour d’eux, même si une guerre éclate à quelques kilomètres de leur cantonnement. Autant dire qu‘une force de paix assujettie à de telles directives se rend elle-même superflue.

Toujours au chapitre des missions de paix des Nations unies, la Süddeutsche Zeitung commente l’éventualité d’une participation allemande à une force de paix onusienne au Sud-Soudan. Si un mandat est prochainement adopté, le gouvernement allemand, estime le journal, pourra difficilement dire non à la demande d’aide de l’ONU. D’ailleurs il ne le veut pas non plus. A l’automne dernier le ministre de la défense Peter Struck avait demandé en termes à peine voilés une intervention militaire au Soudan, y compris avec la participation de la Bundeswehr. A l’époque il s’agissait du Darfour. Stabiliser à présent l’accord de paix au Sud-Soudan par l’envoi d’un nombre limité de soldats est la façon la plus efficace, souligne le journal, de combattre les causes de l’exode des populations. Il est donc dans l’intérêt de l’Allemagne d’aider les Nations unies au Sud-Soudan, et non seulement, comme lors de missions précédentes en Afrique, sous la forme d’un modeste appui logistique. Mais il est vrai, concède le journal, que Peter Struck l’a aussi fait remarquer: les possibilités du budget de la défense ne sont pas illimitées.

Enfants de la violence – sous ce titre la Süddeutsche Zeitung nous présente le livre d’une journaliste allemande, Annette Rehrl, sur les enfants de la Sierra Leone. Onze années de guerre civile ont dévasté ce pays riche en bauxite, en or et en diamants. Depuis 2002 les armes se taisent et Annette Rehrl est donc allée sur place pour voir comment vivent aujourd’hui des enfants et des jeunes qui furent à la fois bourreaux et victimes. Elle en a rencontré beaucoup qui ont perdu leur famille, qui ont été amputés de force, qui ont été violés, et qui eux-mêmes ont mutilé, violé et tué. Exemple Momoh qui raconte comment son petit frère a été tué sous ses yeux par des rebelles. Momoh avait cinq ans à l’époque et a dû suivre les rebelles. Du matin au soir il a travaillé comme un esclave pour le commandant et sa femme. Et comme il ne savait pas cuisiner il était souvent battu. D’autres enfants ont reçu un fusil et ont été contraints de tuer, y compris leur propre famille. Trois ans après la fin de la guerre, relate notre consoeur dans son livre, les responsables politiques et religieux prêchent en faveur du pardon pour les assassins. Les capacités du Tribunal spécial suffisent tout juste pour les grands criminels de guerre. C’est ainsi que tous les jours un jeune homme passe devant un homme auquel il a coupé une jambe lorsqu’il était enfant soldat, et qui aujourd’hui en est réduit à faire la mendicité au bord de la route.