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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron11 mars 2005

Kenya/Femmes – Ghana

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A l’occasion mardi dernier de la journée internationale de la femme, la Frankfurter Rundschau nous présente une Kenyanne qui ne manque pas de courage. Linah Jebii Kilimo a 41 ans, elle est ministre d’Etat à l’immigration dans le gouvernement Kibaki et dès son enfance elle a fait preuve de détermination. A neuf ans, elle s’enfuit de chez elle pour échapper à l’excision que ses parents veulent lui faire subir. Chrétienne convaincue, la petite Linah se révolte à l’époque contre la brutalité de la mutilation. Elle se cache chez des parents, elle trouve aussi l’appui de ses six frères et de l’église locale. Sinon, raconte-t-elle, elle est seule contre le village tout entier. On se moque d’elle, on lui dit qu’elle ne trouvera pas de mari, qu’elle ne pourra pas avoir d’enfants. Lorsqu’elle se présentera plus tard à des élections législatives elle sera traitée d’enfant, et subira une défaite. Ceci dit Linah Jebii Kilimo a bel et bien trouvé un mari, elle est aujourd’hui mère de cinq enfants, et si le président Kibaki l’a fait entrer au gouvernement, c’est précisément parce qu’elle peut être un modèle pour les filles. Officiellement, lit-on encore dans cet article, les mutilations génitales féminines sont interdites au Kenya depuis 1999, mais elles restent largement pratiquées. Raison pour laquelle Linah Jebii Kilimo plaide souvent en vain, dans son pays, pour la signature du protocole de Maputo, un protocole de l’Union africaine qui interdit les mutilations génitales.

Après les femmes, les personnes âgées. La presse allemande se penche sur l’exemple du Ghana où le respect, traditionnellement dû aux vieux, est en train de s’effriter.

La Süddeutsche Zeitung publie un long reportage sur le déclin d’une tradition qu’on croyait profondément ancrée, non seulement au Ghana mais dans l’ensemble de l’Afrique. Dans le village d’Avume, non loin de la frontière togolaise, le monde certes est encore en ordre pour un vieillard comme Kwadzo Kordorwur. A 77 ans, il s’occupe encore de ses champs d’échalottes et il a pour lui le respect de la famille. Le "tobgi", le grand-père, est au centre de tout. A quelques kilomètres de là, dans la petite ville d’Anloga, tout est déjà différent, poursuit le journal. Le pasteur raconte qu’une vieille femme est morte, ce qui en soi n’a rien d’exceptionnel, mais qu’on ne l’a découverte que deux jours plus tard. Personne ne s’occupait d’elle. Les choses décidément ont changé, souligne notre confrère. En 1982, lorsque les Nations unies ont organisé pour la première fois à Vienne une conférence sur le thème des personnes âgées, l’Afrique n’était pas représentée. Les sociétés viellissantes n’étaient pas perçues comme un problème sur le continent. Dix ans plus tard, à la deuxième conférence tenue à Madrid, le Ghana a envoyé un représentant. Dans les villes ghanéennes, souligne le journal, le problème des vieux a même pris une telle ampleur que l’association "Helpage Ghana" est débordée. Cette organisation de bénévoles s’occupe, à Accra, de 1 200 personnes âgées.

Enfin le même journal, la Süddeutsche Zeitung, publie également un appel en faveur de l’Afrique. Appel signé par Jeffrey Sachs, professeur d’économie et directeur du Earth Institute à l’université de Columbia, aux Etats-Unis. Sous le titre "le tsunami silencieux en Afrique", Jeffrey Sachs rappelle que 200 000 enfants meurent tous les mois de paludisme en Afrique. Or souligne-t-il, le paludisme peut être largement évité. Il existe aussi des remèdes relativement peu coûteux, garantissant un taux de réussite de près de 100%. Mais les victimes typiques du paludisme en Afrique sont trop pauvres pour avoir accès à ces remèdes. Un effort global, semblable à celui qui s’est manifesté après le tsunami en Asie, pourrait sauver plus d’un million de vies humaines par an.