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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron29 mars 2005

RDC – Soudan

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C’est encore la République démocratique du Congo qui cette semaine retient en priorité l’intérêt des commentateurs.

La Tageszeitung de Berlin consacre même deux pages entières à la dénonciation de ce qu’elle considère comme les erreurs commises par la communauté internationale dans la reconstruction du pays. Le processus de paix garanti par le plus grand déploiement de casques bleus au monde, récompense des criminels à coup de postes gouvernementaux et d’aides financières, écrit le journal. La communauté internationale dépense toute son énergie à maintenir en vie un gouvernement d’incapables à Kinshasa. Les étrangers n’ont pas de temps à investir dans des choses réellement utiles comme l’amélioration de conditions de vie catastrophiques, la mise en place d’infrastructures ou la démobilisation des miliciens. Kinshasa est un vaisseau spatial, sans contact avec le sol, et dans l’attente permanente d’un putsch. Or souligne le journal, les intrigues de palais à Kinshasa sont synonymes d’effusion de sang dans l’est du pays. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la montée de la pression internationale sur le gouvernement de Kinshasa a quand même produit un effet: Thomas Lubanga, fondateur et chef de l’Union des patriotes congolais, une milice de l’Ituri, a été arrêté dans un grand hôtel de la capitale congolaise, et conduit en prison. Thomas Lubanga, rappelle le journal, passe pour l’un des principaux responsables des massacres du début de l’année 2003 à Bunia, la principale ville de l’Ituri. Les pays donateurs, estime le journal, sont aussi sur le point de perdre patience vis-à-vis du gouvernement de transition. Louis Michel, le commissaire européen à l’aide au développement, exige une date définitive pour la tenue des élections générales prévues initialement en juin prochain.

Après 25 ans de guerre civile, tout est à reconstruire également au Sud-Soudan. La presse allemande s’inquiète de l’ampleur de la tâche. Le long chemin de la reconstruction, titre la Frankfurter Rundschau. Si le Sud-Soudan a retrouvé la paix, il manque de tout: de routes, d’écoles, de maisons pour les réfugiés qui rentrent. Peu à peu les anciens rebelles de la SPLA édifient un embryon d’Etat. Au grand dam des ouvriers du bâtiment ils ont introduit un impôt de 10% sur les salaires. Et les organisations humanitaires ont maintenant besoin d’une licence pour leurs téléphones satellitaires. Mais souligne le journal, la paix , justement, met en lumière toute l’ampleur du sous-développement. Jan Egeland, le coordinateur de l’ONU pour l’aide humanitaire, est déçu. Sur les 500 millions de dollars demandés, la communauté internationale n’en a fourni que 24. Le tsunami en Asie et le Darfour font de l’ombre au Sud-Soudan, note le journal. A l’inverse, les problèmes du sud occultent la catastrophe du Darfour. Une catastrophe qui fait que pour beaucoup d’habitants de cette région de l’ouest du Soudan, le Tchad voisin reste le dernier espoir d’échapper à la mort. Mais la Tageszeitung donne libre cours à son indignation lorsqu’elle écrit que les portes du camp de réfugiés d’Oure Cassoni, juste derrière la frontière, sont fermées. Ne sont admis que ceux qui sont enregistrés comme réfugiés. Qu’ils aient faim ou qu’ils soient malades, la plupart doivent attendre des semaines, souligne le journal qui épingle l’absurdité de la bureaucratie mise en place par le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Enfin à l’occasion, mardi dernier, de la journée mondiale de l’eau, la Süddeutsche Zeitung relève que la pénurie d’eau pourrait être bientôt la principale cause de conflits en Afrique. L’atrocité de la guerre d’extermination au Darfour, écrit notamment ce confrère, n’aurait pas été possible sans l’extension continue du désert et sans l’hostilité, enracinée depuis des décennies, entre paysans et nomades.