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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron8 avril 2005

Zimbabwe – Rwanda

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Le résultat des élections législatives au Zimbabwe inspire cette semaine beaucoup de commentaires critiques à la presse allemande. La majorité des deux-tiers remportée par la ZANU-PF, le parti de Robert Mugabe donc, est qualifiée de désastre politique par la Frankfurter Rundschau. Non seulement pour le Zimbabwe qui va glisser un peu plus dans l’abîme et où une clique corrompue va rester impunément au pouvoir. C’est aussi un jour noir pour l’Afrique, souligne le journal. Une fois de plus on aura permis que le concept d’élections démocratiques soit mis à mal. Pour Die Welt Robert Mugabe entend rester à la tête du pays jusqu’à l’âge de cent ans. Lors d’élections précédentes l’opposition avait été intimidée par le recours à la violence. Cette fois-ci elle a été massivement exclue du scrutin. Mugabe a affiné ses méthodes de répression, le droit de réunion et la liberté de la presse ont été fortement restreints. La Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce l’indulgence du gouvernement sud-africain envers Mugabe. Cela cadre mal avec la prétention de Thabo Mbeki d’être le porte-parole de la "nouvelle Afrique". Mugabe a eu sa victoire, note la Süddeutsche Zeitung. Mais ceux qui spéculent sur des protestations de masse seront déçus. Presque plus personne au Zimbabwe ne veut risquer sa vie. Une opposition dangereuse pour le président ne peut venir que de ses propres rangs. Et là il est permis d’espérer, estime le journal. Mugabe n’a plus les moyens de contenter ses partisans. L’Etat est en faillite.

Onze ans jour pour jour après le début du génocide au Rwanda, le 7 avril, le film Hôtel Rwanda, du cinéaste irlandais Terry George, est sorti sur les écrans en Allemagne. C’est un film qui s’inspire de l’histoire vraie d’un homme qui a sauvé plus d’un millier de vies. Et dans la presse allemande les critiques sont élogieuses pour cette histoire, un peu romancée, de Paul Rusesabagina. Il était à l’époque directeur de l’hôtel des Mille Collines à Kigali et il a sauvé 1 200 personnes en leur donnant refuge dans son hôtel. Un film qui rappelle le crime que fut le génocide, ou en fait prendre conscience, est déjà un film important, écrit la Süddeutsche Zeitung. Une production occidentale qui parvient de surcroit à renoncer à l’inévitable héros blanc au regard indigné, est un film progressiste. Faire enfin sentir au monde son indifférence criminelle, comme un coup au coeur, sans devoir se sentir obligé de proposer une solution à tous les problèmes de l’Afrique- c’est ce qu’a fait Terry Georges. Et il attend du public plus que de l’émotion. L’hebdomadaire Der Spiegel parle d’un film émouvant, mais pas larmoyant, qui rappelle un génocide que le monde aurait préféré oublier. Mais concède le journal: tirer les leçons de l’histoire n’est pas le fort de l’espèce humaine. Un film n’y changera rien. Et en allusion à un deuxième génocide, le Spiegel note que le Rwanda sera peut-être le premier pays à voir sa population exterminée par le sida.

Enfin après la décision du conseil de sécurité de l’ONU de traduire, devant la cour pénale internationale, les auteurs présumés de crimes contre l’humanité au Darfour, la presse allemande se pose des questions. Si l’ONU a transmis à la CPI une liste secrète de 51 criminels présumés, la Frankfurter Rundschau se demande qui les arrêtera. Les 2 200 soldats de l’union africaine présents au Darfour ne sont pas mandatés pour le faire. Autre question posée cette fois par Die Welt: comment l’Onu compte-t-elle livrer les coupables à la CPI, sans leur accord et sans l’aide de Khartoum? Des procès par contumace ne sont pas un bon outil de dissuasion. A la longue, une intervention militaire ou un renforcement de l’embargo contre Khartoum seront donc inévitables, estime Die Welt.