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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron22 avril 2005
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Le Zimbabwe a célébré le 18 avril le 25ème anniversaire de son indépendance. Pour la presse de cette semaine c’est l’occasion de dresser un bilan des indépendances en Afrique.

Et le bilan que nous propose le quotidien Die Welt est désespérant. Certains Etats, écrit ce confrère, ont déjà disparu. Ils n’existent plus que sur les cartes, comme la Somalie, ou sont des espaces de non-droit, comme le Congo. Au Libéria les Nations unies assurent le pouvoir, le chaos se cherche donc d’autres terreaux, en Guinée et dans les autres pays voisins. A côté de l’expérience communiste, poursuit Die Welt, l’espoir de prospérité après l’indépendance de l’Afrique est le deuxième rêve brisé du siècle passé. Le rêveil est brutal: despotisme, cliques corrompues, effondrement d’infrastructures autrefois performantes, baisse de l’espérance de vie. Tous les modèles de développement ont échoué, souligne encore Die Welt: modèle capitaliste, économie planifiée ou modèle inspiré de la tradition africaine. Toutes les variantes ont débouché avec une légitimité presque panafricaine sur une seule forme d’Etat: celle de l’économie de pillage qui n’a pas été l’apanage de célébrités comme Bokassa ou Mobutu.

A la lumière de cet article de Die Welt, l’Afrique est la principale concernée par la lutte contre la pauvreté, proclamée par la communauté internationale dans les objectifs du millénaire. Mais là aussi la presse allemande est plutôt pessimiste.

Réduire de moitié le nombre de pauvres dans le monde d’ici à 2015 – l’objectif a été fixé en 2000 au sommet du millénaire. Cinq ans après, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, le bilan est dégrisant. Au rythme actuel jamais le combat contre la pauvreté ne pourra être gagné. Une pauvreté qui ne se mesure pas seulement à l’aune du revenu, précise le journal. Elle signifie aussi passer des heures, chaque jour, à aller chercher de l’eau, ne pas pouvoir aller à l’école et mourir de maladies qui dans les régions développées ont disparu depuis longtemps. L’objectif assigné il y a trois décennies par l’ONU aux pays industriels, à savoir consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement, n’a été atteint que par quelques pays de l’Europe du nord, rappelle le journal. Mais voilà que l’Allemagne précisément annonce vouloir accroître son aide publique pour arriver, d’ici à 2014, à ce fameux 0,7%. Et le même quotidien, la Frankfurter Rundschau donc, s’interroge sur le lien entre cette promesse et l’aspiration de l’Allemagne à un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU.

En Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, la Mission des Nations unies a lancé récemment une opération de ratissage dans un secteur où l’armée congolaise a été attaquée par des miliciens. La presse allemande y voit une preuve supplémentaire que, malgré la date butoir du 1er avril, le désarmement des milices est loin d’être achevé.

La Tageszeitung de Berlin écrit même que les milices achètent de nouvelles armes avec la prime de désarmement versée par l’ONU, 50 dollars par arme restituée. Officiellement l’Union des patriotes congolais, l’une des principales milices, a proclamé la fin de son combat. Officiellement, selon les chiffres des Nations unies, 10 000 miliciens, sur 15 000, ont été désarmés. Mais les armes rendues sont des fusils rouillés, souligne le journal. Et ajoute-t-il, depuis l’expiration de l’ultimatum, des véhicules de l’Agro-action allemande sont de nouveau arrêtés et contrôlés par des milices à l’extérieur de Bunia. Les miliciens sont à la recherche des salaires touchés par les employés locaux de cette ONG allemande. Ils ont besoin d’argent pour de nouvelles armes. Au marché noir à Bunia un kalachnikov coûte 15 dollars précise le journal.