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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé28 octobre 2005

Aide au développement - Côte d'Ivoire - Melilla

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Cette semaine, plusieurs journaux ont consacré des articles à l’aide au développement. D’abord d’un point de vue allemand : on apprend ainsi dans la Frankfurter Rundschau que « L’Afrique restera une priorité » du ministère de la coopération et du développement, dans le futur gouvernement de grande coalition. Un ministère dirigé depuis sept ans par Heide-Marie Wieckzorek-Zeul, qui devrait rester à sa tête. Seul problème envisageable, les moyens financiers mis à sa disposition – certes le ministère de la coopération n’a pas souffert l’année dernière des restrictions budgétaires, mais rien ne garantit qu’il puisse à l’avenir disposer encore des quatre milliards qui lui étaient alloués sous la gauche. Un budget qui avait même augmenté, mais qui correspond à 0,28% seulement du PIB de l’Allemagne, alors que les objectifs du millénaire prévoient que les pays industrialisés consacrent 0,7% de leur PIB à l’aide au développement d’ici 2015. A ce propos, l’économiste sud-africain Themba Sono met en garde les pays industrialisés contre les dangers de l’ « aide » au développement, dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire Der Spiegel : que signifie l’aide pour l’Afrique ? Selon l’économiste, les gouvernements n’ont pas la capacité de gérer correctement cette aide, dont la majeure partie est engloutie par des dirigeants corrompus. Ce dont a besoin l’Afrique, affirme-t-il, c’est d’une infrastructure correcte pour les relations commerciales. Améliorer les transports et la communication doit être une priorité. Les gouvernements le savent, mais ne font rien. De même, la remise de la dette des pays les plus pauvres par les pays du G8 est un « aveu de faillite de la part de la politique », selon Themba Sono. Un geste moral de la part de l’occident, mais qui devrait être associé à des conditions. Une idée évoquée également par la Tageszeitung qui observe avec inquiétude le développement d’armées privées en Afrique centrale, des armées souvent dirigées par des criminels de guerre et qui forment des Etats dans l’Etat. Cinq dirigeants de l’ « Armée de résistance du Seigneur » auraient dû être livrés au tribunal pénal international, mais on ne sait pas où ils se cachent. On suppose que l’un d’entre eux est au Soudan, protégé par des forces armées. Deux autres serait au Congo et en Ouganda. Trois pays dans lesquels la chasse aux miliciens prend des allures ridicules, déplore la taz. Le journal cite également la région des Grands Lacs, où les milices hutues entretiennent une dynamique de guerre permanente. Et de prévenir : l’Afrique centrale menace de voir apparaître durablement des zones de non droit. L’intervention de la communauté internationale est plus que jamais nécessaire. Mais également, une réorganisation de l’aide au développement, accordée sous la condition préalable d’une coopération avec le tribunal pénal international. Autre sujet qui retient cette semaine l’attention des journaux allemands : l’approche de l’échéance du 30 octobre en Côte d’Ivoire, une date qui aurait dû marquer la fin de l’ère Gbagbo. Le pays se prépare au pire, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Du côté présidentiel d’abord, on observe un renforcement des effectifs de police et de gendarmerie. Du côté de l’opposition ensuite, les organisations de jeunes ont prévu de forcer dans la rue le retrait de Laurent Gbagbo – le journal rappelle que la dernière manifestation avait fini par un bain de sang. Et enfin du côté de l’armée française, qui s’est équipée de chars tout terrain. Les ressortissants français, eux, ont depuis longtemps réservé leur billet d’avion pour Paris. Le quotidien conclut : avec tout cela, on semble bien loin de la paix. Un point de vue relayé par la Tageszeitung, qui cite le rédacteur en chef du quotidien d’Abidjan Nord-Sud, Moussa Traoré : « Soit il ne va rien se passer, soit il va se passer quelque chose de terrible », affirme le rédacteur. Le quotidien ivoirien a fait évacuer la moitié de ses bureaux, au cas où la situation se détériorerait dans la plus grande ville du pays, rapporte la taz. Tout le monde attend avec anxiété la nuit de dimanche à lundi. Enfin, les journaux ont peu parlé des émigrés clandestins bloqués aux portes de l’enclave espagnole de Melilla, au Maroc, mais la Süddeutsche Zeitung évoque furtivement la question, en publiant la photo d’un clandestin malien qui regarde à travers le grillage du camp dans lequel il est enfermé. Le quotidien mentionne une plainte de l’ONG Amnesty International, qui dénonce les « graves violations des droits de l’homme » dans le traitement des clandestins. Une mission d’Amnesty sur les lieux rapporte que des policiers auraient usé de la violence envers des Africains, et renvoyé les blessés sans aucune assistance médicale, des centaines auraient été abandonnés dans le désert. Amnesty reproche à l’Union européenne de se concentrer seulement sur les contrôles aux frontières, et de mettre sous pression les pays limitrophes pour « maintenir les immigrants loin de l’Europe ».