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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron30 décembre 2005

Libye – Ethiopie/Erythrée – Afrique/Occident

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Nous allons tout d’abord en Libye. La Libye où la cour suprême a annulé la condamnation à mort de cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien accusés d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens.

Leur martyre n’en continue pas moins, estime la Frankfurter Rundschau qui parle de victimes oubliées, emprisonnées depuis six ans. Elles n’ont rien fait d’autre que leur devoir professionnel, écrit le journal. Mais l’imprévisible dictateur Mouammar Kadhafi avait besoin de boucs émissaires pour occulter les conditions d’hygiène dans la clinique de la ville, plutôt rebelle, de Benghazi. Le procès a été une farce et ajoute ce confrère, tous les ingrédients étaient réunis pour produire une médiatisation à outrance de cette affaire : un dictateur contre des infirmières innocentes, un procès truqué, des accusations plausibles de torture. Seulement voilá, les infirmières sont bulgares, et comme elles viennent de l’est, de l’Europe de l’est, les occidentaux n’ont manifesté à leur égard aucune solidarité spontanée. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Libye a de bonnes chances de réintégrer la communauté des Etats civilisés. Il n’est pas sûr que le système politique du pays mérite ce qualificatif. Mais la décision de la cour suprême a été politiquement astucieuse. La Libye se présente maintenant comme un Etat de droit modèle. Car souligne le journal, la cour suprême n’a pas acquitté les accusés. Elle a ordonné un nouveau procès au niveau de la cour pénale. Une décision politiquement correcte, souligne la Süddeutsche Zeitung, car le guide repentant de la révolution est devenu un partenaire apprécié des occidentaux. Ses services fournissent une aide précieuse dans la surveillance d’islamistes, il ne bricole plus des armes de destruction massive et les compagnies pétrolières américaines sont de nouveau présentes en Libye.

Cap à présent sur la Corne de l’Afrique, où le regain de tension entre l’Ethiopie et l’Erythrée a été évoqué ces derniers jours par la presse allemande.

Les querelles entre amis sont souvent les pires, lit-on dans la Frankfurter Rundschau qui rappelle que les deux chefs de gouvernement actuels, l’Erythréen Isaias Afewerki et l’Ethiopien Meles Zenawi ont autrefois combattu côte-à-côte contre le dictateur Mengistu Haile Mariam. Par gratitude, Zenawi a ensuite accordé l’indépendance aux Erythréens. La dispute a commencé peu de temps après la séparation. En apparence pour le tracé de la frontière. Mais poursuit le journal, il est clair que la discorde entre les deux anciens amis a de toute autres raisons. Elle tient aux problèmes internes de deux anciens chefs rebelles forcément non démocratiques de par leur origine. Tous deux utilisent leur querelle comme prétexte pour réprimer l’opposition. En Ethiopie plus de 40 000 opposants seraient emprisonnés. En Erythrée la paranoia d’Aferwerki a transformé cet ancien pays modèle de l’Afrique en un camp militaire. Seul un changement de régime dans les deux Etats permettra d’éliminer la véritable cause du conflit. Mais ce changement, souligne le journal, ne peut être ni imposé de l’extérieur ni opéré, à l’intérieur, du jour au lendemain.

Enfin à l’heure du changement d’année et des traditionnels bilans, la presse allemande nous livre le point de vue d’un expert sur l’attitude des occidentaux envers l’Afrique.

Cette libre opinion est signée Stephan Klingenbiel, de l’Institut allemand pour la politique de développement. Il retient que l’année 2005, qui devait être une année pour l’Afrique, aura surtout été celle des belles paroles. Pour des raisons d’intérêt stratégique, les occidentaux ont beaucoup promis au continent africain, mais rares sont les promesses qui jusqu’à présent ont été tenues. Dans les futures relations avec l’Afrique il importe donc de s’écarter des déclarations d’intention pour s’acheminer vers des accords plus concrets, plus contraignants. Vers des engagements réciproques entre, par exemple l’Union européenne, le G8 et le NEPAD. Car souligne Stephan Klingenbiel, le respect des promesses faites ne se mesure pas seulement à l’accroissement de la coopération au développement, mais aussi et surtout au degré d’application d’une politique concrète. En 2007 l’Allemagne aura la possibilité d’utiliser sa présidence tournante de l’Union européenne et du G8 pour inscrire ces dossiers à l’ordre du jour.