1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé27 janvier 2006

Sommet de l'Union Africaine - Envoi de soldats européens en RDC ?

https://p.dw.com/p/C75O

La presse allemande s’est intéressée cette semaine au sommet de l’Union Africaine, qui s’est achevé mardi à Khartoum. Selon la tradition, c’est le président soudanais, hôte du sommet, qui aurait dû prendre la succession d’Olusegun Obasanjo à la tête de l’organisation pour l’année 2006. Ce sera finalement son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, rapportent les journaux. Un compromis auquel sont difficilement parvenus les chefs d’Etat africains, dont la plupart s’inquiétaient de voir le Soudan assurer la présidence tournante de l’Union Africaine, alors qu’un contingent de 7000 hommes est stationné à l’ouest du pays, au Darfour. Des soldats qui, comme le rappelait lundi la Tageszeitung de Berlin, sont là pour empêcher les milices soutenues par le gouvernement soudanais de décimer la population noire-africaine. Et le journal de conclure : « nommer el-Béchir à la tête de l’Union Africaine, ce serait un peu comme accorder à l’Iran la présidence de l’Agence internationale de l’Energie atomique. »

A propos de la troupe de l’Union Africaine stationnée au Darfour, le quotidien économique Handelsblatt déplore que cette mission, soutenue et financée par l’occident, n’ait jusqu’ici pas été en mesure de mettre un terme au conflit. Fin mars, l’organisation devra décider si elle maintient et renforce sa présence au Darfour. Et l’offre des Nations Unies d’envoyer une mission internationale séduit de plus en plus les gouvernements africains, à l’exception, bien entendu, de Khartoum. A ce sujet, la Süddeutsche Zeitung laisse cette semaine la parole à Kofi Annan. Une tribune dans laquelle le secrétaire général de l’ONU appelle à un vote rapide pour transformer la mission de l’UA en une mission des Nations Unies. Une transformation qui, selon Kofi Annan, implique un mandat fort et clairement défini qui donnerait le droit aux soldats de recourir à la force en cas de besoin. Une mission plus grande, plus mobile et mieux équipée, souligne le diplomate.

Dernier point relevé par la presse à propos de ce sommet : une certaine fragilité de l’Union Africaine. Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si le président de la Commission de l’Union peut se réjouir du bilan de l’année 2005, qui n’a vu aucune nouvelle guerre éclater en Afrique, un seul regard dans la salle de réunion de Khartoum suffit à montrer que le danger de nouveaux conflits armés est loin d’être écarté. Les dirigeants éthiopien et érythréen, normalement côte à côte selon l’ordre alphabétique, mais déchirés par un conflit frontalier, ont ainsi soigneusement changé de place pour éviter la confrontation. Quant au siège du Tchad, il est resté vide, boycotté par son président qui accuse Khartoum de soutenir les rebelles contre lui.

De son côté, la Tageszeitung ironise sur la « farce de Khartoum ». En créant l’UA sur le modèle de l’Union européenne, l’Afrique a voulu se donner une voix forte. Mais elle est tombée dans le même piège que les institutions européennes : des compétences qui se recoupent entre, d’un côté, la commission supranationale permanente et, de l’autre, la présidence tournante entre les pays membres.

Pour conclure cette revue de presse, rendons-nous à Kinshasa, où l’envoi d’une mission d’évaluation de l’Union européenne, et surtout l’éventualité d’une intervention allemande en RDC ont fait couler beaucoup d’encre cette semaine. Tout a commencé fin décembre par une requête des Nations Unies à l’Union européenne, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Bruxelles devait se prononcer sur l’envoi éventuel de troupes européennes en République Démocratique du Congo. Des soldats qui viendraient dès le printemps prêter main forte à la Monuc pour les élections. Une requête à laquelle Bruxelles s’est déclarée en principe favorable, tout en demandant plus de précisions sur la nature de la mission des Européens. Une mission qui, selon la Süddeutsche Zeitung, consisterait à empêcher les attaques de points stratégiques tels que le Palais présidentiel ou l’aéroport de Kinshasa par les milices des candidats.

Or il se trouve que les « Battlegroups », c'est-à-dire les « bataillons » de l’Union européenne, n’existent pas encore vraiment. Pour le moment, nous explique la Frankfurter Rundschau, le seul susceptible de remplir cette mission est composé en quasi-totalité de soldats allemands. D’où le regain d’intérêt à Berlin pour la question. La Tageszeitung souligne que personne, en Allemagne, ne connaît la réalité congolaise, mais que le pays devient le symbole du chaos africain ; un homme politique refuse que des soldats allemands tirent sur des enfants-soldats, un journal affirme qu’empêcher un génocide comme au Rwanda ne fait pas partie des prérogatives de l’Allemagne, rapporte la taz. Des allégations stupides. Si le sauvetage de vies humaines nécessite une intervention armée, ceci vaut tant pour l’Allemagne que pour les autres pays, estime le journal. LA RDC s’apprête à connaître les premières véritables élections libres de son histoire et est menacée par une course au pouvoir d’une extrême brutalité. Il n’est pas dit qu’une intervention européenne soit la meilleure solution. Mais si l’UE décide d’envoyer ses troupes, alors, conclut la taz, la participation allemande est nécessaire