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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 février 2006

Côte d’Ivoire – Corne - Ethiopie

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Nous commençons par la Côte d’Ivoire. Deux dirigeants des Jeunes Patriotes et un commandant des Forces Nouvelles sont depuis quelques jours sous le coup de sanctions décrétées par l’ONU. Charles Blé Goudé et Eugène Djué chez les Jeunes Patriotes partisans de Laurent Gbagbo, Martin Kouakou Fofié du côté rebelle – tous trois sont frappés d’une interdiction de voyager et du gel de leurs avoirs à l’étranger. La Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, en déduit la Frankfurter Rundschau, se prépare à de nouvelles violences, tandis que la Frankfurter Allgemeine Zeitung cite un ambassadeur occidental qualifiant ces sanctions de trop frileuses et trop tardives. Le journal doute lui aussi qu’elles suffisent à faire triompher la raison dans la politique intérieure ivoirienne. Le nouveau premier ministre du gouvernement de transition fait piètre figure et risque de connaître le même sort que son prédécesseur Seydou Diarra, superbement ignoré par Laurent Gbagbo. De leur côté, poursuit le journal, les rebelles s’accrochent à leur revendication initiale : pas de désarmement tant que la question de la nationalité ivoirienne – qui est Ivoirien et qui ne l’est pas – n’aura pas été réglée. Un recensement ne poserait aucun problème. L’Union européenne accepte de le financer. Mais apparemment la communauté internationale a fait l’impasse sur le médiateur sud-africain mandaté par l’Union africaine. Thabo Mbeki, souligne le journal, est sur le point de donner raison à Jacques Chirac, déclarant que les Sud-Africains ne connaissent rien à l’Afrique de l’ouest. Il a pris fait et cause pour Laurent Gbagbo et s’est du même coup rendu inacceptable par la rébellion.

Cap maintenant sur la Corne de l’Afrique où l’aggravation de la crise alimentaire préoccupe la presse allemande.

Lorsque la mort approche, titre la Süddeutsche Zeitung qui note qu’au Kenya, en Somalie et en Ethiopie le nombre de personnes qui souffrent de la faim continue d’augmenter. Il manque actuellement au Programme alimentaire mondial 245 millions de dollars pour atténuer la crise. Mais une collaboratrice de l’Agro-Action allemande, citée dans l’article, dénonce la négligence du gouvernement kenyan et de la communauté internationale. Si l’agriculture avait bénéficié d’un appui plus substantiel, la situation dans bien des endroits ne serait pas si dramatique. Comme quoi, poursuit le journal, les erreurs observées récemment au Niger pourraient se répéter. A côté de la sécheresse, attribuée par des experts au phénomène climatique El Nino, ce sont avant tout des carences politiques qui sont à l’origine de la crise actuelle.

Depuis les élections de mars 2005, l’Ethiopie connaît aussi une grave crise politique qui fait l’objet d’un long reportage dans la presse allemande. Très précisément dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que depuis ces élections c’est pour ainsi dire l’état d’urgence en Ethiopie. Le journal rappelle la brutale répression des manifestations de l’opposition. Des manifestations qui ont eu lieu surtout à Addis Abeba et dans la région peuplée majoritairement d’Oromos, à l’ouest, à l’est et au sud de la capitale. Les Oromos représentent 40% de la population et leur aspiration à l’autodétermination est aussi vieille que leur premier assujettissement par les Amharas au 19ème siècle. Aujourd’hui elle est aussi sévèrement réprimée que du temps de Mengistu le rouge. Il se peut, suppute le journal, que Meles Zenawi refuse de leur accorder une sorte d’autonomie pour ne pas leur fournir un outil qui pourrait faire imploser l’Ethiopie. Mais la raison est peut-être ailleurs : le Front de Libération Oromo s’était allié aux Tigréens de Meles Zenawi dans le combat contre Mengistu. Il a par la suite refusé de se plier à l’hégémonie des Tigréens.