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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron17 février 2006

RDC – Soudan

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C’est la République démocratique du Congo qui cette semaine domine l’actualité africaine dans les journaux allemands.

Beaucoup d’articles en effet, beaucoup de commentaires aussi pour dénoncer les atermoiements de l’Union européenne occupée, au moins jusqu’à la fin de ce mois, à examiner trois options possibles pour l’envoi d’une force militaire dans la perspective des élections. Personne ne doute de l’utilité d’une telle mission, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung. Pour la première fois depuis des décennies des élections démocratiques doivent avoir lieu dans le pays. Mais par crainte d’être impliqué dans de nouveaux combats, Bruxelles hésite à envoyer des troupes. Sans compter, note le journal dans un autre article, que les soldats européens pourraient se trouver face à des enfants-soldats sur lesquels ils ne sont pas préparés à tirer. Mais ce que relève, aussi et surtout la presse allemande, c’est qu’aucun pays européen ne veut prendre le commandement d’une telle force. L’Allemagne refuse, écrit Die Welt, la France aussi parce qu’en 2003 elle a déjà dirigé l’opération Artemis dans l’est du Congo. Quant à la Grande-Bretagne elle ne veut pas du tout aller au Congo. Pour la Tageszeitung les choses sont donc claires : les plans sont revus à la baisse. L’Europe a peur du Congo. Mais il est également certain, souligne le journal, que le contexte d’une intervention européenne est de plus en plus flou. Nul ne sait si les élections auront vraiment lieu avant le 30 juin, autrement dit avant l’expiration du mandat de l’actuel gouvernement de transition. Si seulement, écrit de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si seulement l’Europe ne claironnait pas sur son rôle dans le monde en politique de sécurité, et l’Allemagne sur sa nouvelle responsabilité, les ministres européens de la défense n’auraient pas à tourner autour du pot pour expliquer qu’ils ne peuvent ni faire ceci ni faire cela.

Les Européens hésitent peut-être aussi, pour une autre raison, à aller au Congo. Lors de la récente conférence sur la sécurité, à Munich, les Américains ont plaidé pour une mission de l’OTAN au Soudan. Et la presse allemande revient précisément sur le conflit du Darfour.

La Süddeutsche Zeitung ouvre ses colonnes à Gerhard Baum, ancien ministre allemand de l’intérieur et ancien rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme au Soudan. L’article qu’il signe est une volée de bois vert pour les occidentaux. Gerhard Baum dénonce leur démission dans le conflit du Darfour et appelle la communauté internationale à se ressaisir. Pour commencer, écrit-il, l’ONU doit doter d’un mandat fort et clair la force de paix présente sur le terrain, celle qui est conduite donc par l’Union africaine. Il faut absolument la renforcer aussi en personnel et en moyens logistiques. Le gouvernement allemand, et d’autres gouvernements occidentaux, ne devraient pas hésiter à fournir des troupes à l’ONU. Elles seront plus utiles au Soudan qu’au Congo. La politique allemande des droits de l’homme ne restera crédible que si ce pays est prêt à engager la Bundeswehr, et aussi l’OTAN, dans la résolution des crises de ce monde. La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque le premier anniversaire de l’accord de paix conclu entre le régime de Khartoum et le Sud-Soudan. Et c’est pour noter que, si depuis l’an dernier les ennemis d’hier sont assis côte à côte, tant dans le gouvernement qu’au parlement, le pays est loin d’être pacifié pour autant. Le journal parle de l’obstination du vieil appareil de pouvoir à Khartoum et souligne que Salva Kiir, le président du SPLM, l’ancienne rébellion sudiste, semble perdre patience.