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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron24 février 2006

Nigéria – Ouganda

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Mosquée incendiée au Nigéria
Mosquée incendiée au NigériaImage : AP

C’est tout d’abord la nouvelle flambée de violences au Nigéria qui cette semaine retient l’attention des journaux. Violences inter-confessionnelles dans le nord du Nigéria où des églises ont été brûlées et des chrétiens tués par des musulmans. Die Welt rappelle que depuis l’introduction, en 2000, de la loi islamique dans douze Etats du nord du pays, des milliers de personnes ont péri dans des violences à motivation religieuse. Mais souligne ce quotidien, les leaders des deux communautés attribuent surtout le regain de tension à l’incertitude qui plane sur l’avenir politique du Nigéria. Dans le contexte du débat sur une éventuelle modification de la constitution, qui permettrait au président Obasanjo, un chrétien du Sud, de briguer un nouveau mandat, des responsables politiques du Nord avaient prédit ces dernières semaines l’éclatement de nouveaux troubles. Beaucoup de musulmans sont d’avis qu’après huit années passées à la tête de la fédération nigérianne, Olusegun Obasanjo devrait céder la place à un représentant de leur religion. La Frankfurter Rundschau évoque les représailles exercées par des chrétiens contre des musulmans, dans un Etat du sud cette fois. Le Sud pétrolier qui est aussi le théâtre d’un regain de violences contre les expatriés de compagnies pétrolières. Et comme le note la Süddeutsche Zeitung, ces compagnies ont peu d’espoir que le gouvernement de Lagos mette un terme aux sabotages, aux enlèvements et surtout au pompage clandestin dans les oléoducs. Raison pour laquelle elles ne s’intéressent plus qu’à de nouveaux gisements en pleine mer. Mais souligne le journal, si de tels projets peuvent atténuer les problèmes, ils prendront des années. Le Nigéria est encore un cas isolé. L’on peut déjà imaginer pourtant ce qui arriverait au Soudan si le boom pétrolier s’amplifie. Tant que le pétrole permettra de gagner beaucoup d’argent, les risques seront élevés. Pour les grands pays consommateurs, il est donc temps de diversifier leur approvisionnement énergétique, estime la Süddeutsche Zeitung.

Les élections de jeudi dernier en Ouganda ont également fait couler beaucoup d’encre dans la presse allemande. Il faut préciser que tous les articles ont été publiés au plus tard le jour même du scrutin. Exemple cet article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que les programmes politiques n’ont été qu’un enjeu marginal dans la campagne électorale. On s’est bien plutôt concentré sur les accusations et les insultes réciproques. Quant au principal adversaire de Yoweri Museveni à l’élection présidentielle, Kizza Besigye, le présenter comme un garant de la démocratie n’est pas dénué d’ironie, estime la Frankfurter Allgemeine. La faute en revient au régime Museveni qui l’a accablé de parodies de procès pour viol, trahison et complot. Dans le tumulte général,on a oublié que Besigye appartenait autrefois au noyau dur du Mouvement de libération, qu’il avait durement dénoncé les « tendances libérales » de Museveni et donc qu’il ne passe pas vraiment pour un démocrate sincère. La Tageszeitung trouve malgré tout un motif d’optimisme dans ces élections ougandaises. Apparemment le président Museveni est solidement en selle, mais ses adversaires sont nombreux et confiants. Les gens, écrit la TAZ, ne se retrouvent plus dans les partis traditionnels, nés autrefois le long de lignes ethniques et religieuses. Ils ne sont pas unis non plus derrière un grand leader. Ils veulent le pluralisme et un débat ouvert. L’Ouganda n’est pas un cas isolé. Pourquoi, sinon, la préparation des élections au Congo et en Côte d’Ivoire, ou les réformes politiques au Kenya et au Nigéria, donneraient-elles lieu à des querelles aussi virulentes ? La société africaine, conclut le journal, est une société du renouvellement perpétuel.