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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron23 juin 2006

Réfugiés – RDC –

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La presse allemande continue de s’intéresser à la préparation des élections en République démocratique du Congo, mais la journée internationale des réfugiés, célébrée mardi dernier, est également l’occasion de parler de l’Afrique. Et là aussi il est question entre autres de la RDC. Antonio Guterres, le Haut-Commissaire de l’Onu pour les réfugiés signe un article dans la Frankfurter Rundschau. Il note que dans les camps de Tanzanie par exemple, les réfugiés ont au moins un toit au-dessus de la tête. Il y a de l’eau et des vivres, des soins médicaux et des écoles. Au Congo en revanche, dans la province de l’Equateur, 90% de la population n’a pas accès à l’eau potable. Au Sud-Kivu 70% du territoire ne sont accessibles qu’à pied pour ceux qui veulent rentrer. Dans ces conditions, souligne Antonio Guterres, la communauté internationale doit plus qu’une marmite et une poignée de main aux réfugiés rapatriés. La Tageszeitung consacre deux pages entières aux réfugiés oubliés de la République Centrafricaine. Un pays où la guerre sévit dans le nord, écrit le journal, mais à la différence de l’intérêt porté aux zones de conflits voisines que sont le Congo, le Soudan et le Tchad, personne ne s’intéresse aux victimes de cette crise humanitaire dont le chiffre est estimé par l’ONU à au moins 1,1 million de personnes, soit plus du quart de la population. Parmi les photos qui illustrent l’article, celle d’un village, Markounda, incendié par l’armée à la recherche de prétendus rebelles.

Pour revenir à la RDC la presse se fait l’écho des incertitudes qui s’amplifient à l’approche du 30 juin. Et pour cause. Comme le rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le mandat du gouvernement de transition s’achève officiellement le 30 juin. Des élections doivent avoir lieu un mois plus tard. Le dépouillement des bulletins du premier tour durera probablement deux mois, après quoi seulement on pourra parler d’un second tour et d’élections provinciales. Bref, prédit le journal, il ne faut pas s’attendre à la formation d’un nouveau gouvernement congolais avant la fin de l’année. Mais qui gouvernera dans l’intervalle ? Ceux qui sont actuellement au pouvoir, et auxquels le Fonds Monétaire international a gelé le financement du budget de l’Etat pour malversations chroniques ? La Commission électorale indépendante, comme les pays donateurs, s’appuient sur la nouvelle constitution qui règle le maintien du gouvernement de transition jusqu’à la prestation de serment du nouveau gouvernement. La communauté internationale s’inquiète donc moins d’un report, de deux ou trois semaines, des élections que de nouvelles palabres politiques qui pourraient durer un an. Ce faisant, note le journal, elle attise chez de nombreux Congolais le sentiment que les occidentaux veulent maintenir à tout prix Kabila au pouvoir. Ces théories de la conspiration trouvent un terrain fertile dans un pays qui depuis son indépendance a été le jouet d’intérêts étrangers.

Ces intérêts de l’étranger en Afrique, au Congo ou ailleurs sur le continent, inspirent d’autres articles à la presse allemande. C’est tout d’abord l’appétit grandissant manifesté par la Chine pour les matières premières africaines, en priorité le pétrole. La tournée en Afrique du premier ministre chinois Wen Jiabao fait écrire à la Frankfurter Rundschau que l’Afrique est devenue un terrain de jeu pour la nouvelle grande puissance qu’est la Chine. La Tageszeitung relève de son côté que les forces d’intervention en Afrique sont de nouveau à la mode. Les soldats européens qui seront envoyés au Congo en sont un exemple. Et la future force de réaction rapide de l’OTAN est taillée sur mesure pour l’Afrique. 7 000 soldats de l’Otan, note le journal, s’exercent, au Cap Vert, aux moyens de mettre fin à une guerre pour les matières premières en Afrique. Mais que se passera-t-il si la mission au Congo se révèle plus risquée qu’on ne l’imaginait et si l’OTAN est appelée plus tôt que prévu au Darfour ? Une seule question se posera alors : parmi nos intérêts quels sont ceux qui valent la peine de risquer la vie de nos jeunes sur les champs de bataille de l’Afrique ? Seuls des arguments égoïstes, comme la protection des puits de pétrole et l’endiguement de flots de réfugiés, seront politiquement acceptables. Et les forces d’intervention, conclut le journal, répondront vraiment à la définition qu’en donnent déjà de nombreux Africains : du néocolonialisme.