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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron8 septembre 2006

Soudan – Economie africaine

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Nous commençons par le Soudan. Le conseil de sécurité de l’ONU a adopté récemment une résolution sur l’envoi d’une force de paix internationale au Darfour. Mais les journaux allemands ne sont pas plus optimistes pour autant.

Exemple la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que, si la communauté internationale a mis si longtemps à adopter cette résolution, cela ne tient pas seulement à la sémantique politique, ni à l’absence de scrupules de la Chine, soucieuse de ne pas casser ses contrats pétroliers au Soudan. La question qui s’est bien plutôt posée, souligne le journal, est celle de savoir si une intervention dite humanitaire peut atteindre l’objectif fixé et dans quelle mesure les fournisseurs potentiels de troupes aspirent à un apaisement de cette région en crise. Hormis la compassion pour les victimes, le Darfour, pour les pays européens, est très loin. Une fois de plus, note de son côté la Frankfurter Rundschau, le drame de l’Afrique s’étale sous nos yeux. D’une part la communauté internationale se désintéresse d’un conflit compliqué dans une région inintéressante pour la politique mondiale. De l’autre les Africains ne peuvent stopper à eux seuls le génocide. L’inefficacité de leur force envoyée au Darfour inflige un sérieux revers au timide espoir que le continent se ressaisisse. L’Afrique pourtant n’a pas d’autre choix. La Süddeutsche Zeitung qualifie le conflit au Darfour de la crise la plus sanglante de l’époque actuelle. Après le Rwanda et le Congo, il fournit un nouvel exemple de ces conflits qui font des centaines de milliers de victimes avant que les Nations unies ne tentent d’apporter une réponse. Le régime soudanais refuse le déploiement d’une force onusienne au Darfour. Or envoyer des soldats de l’ONU dans un pays qui est le théâtre de combats et dans lequel ces soldats sont considérés comme des intrus c’est les envoyer à leur perte. Ceci dit, poursuit le journal, même si Khartoum finissait par céder, le succès des Nations unies n’en serait pas garanti pour autant. L’ONU tente actuellement de mettre sur pied deux contingents importants pour des missions risquées: soit 15 000 casques bleus pour le Liban et 17 000 pour le Soudan.

La presse allemande trouve quand même, cette semaine, une raison de ne pas désespérer de l’Afrique. La Banque mondiale vient de publier un rapport sur le climat des affaires, et l’Afrique s’en tire plutôt bien.

Qui l’aurait cru, s’exclame Die Welt. La volonté et la capacité de réforme des gouvernements africains a remarquablement augmenté. C’est bien le résultat le plus surprenant de cette étude de la Banque mondiale sur les conditions générales de l’activité économique. Parmi les indicateurs retenus comme critères figurent par exemple les coûts de création d’une entreprise, l’accès au crédit et les conditions d’exportation. Or constate Die Welt qui va de surprise en surprise, le Ghana et la Tanzanie sont dans le peloton de tête des dix pays du monde les plus ouverts aux réformes. Le Congo, et cela n’étonne pas le journal, est la lanterne rouge. Beaucoup d’entreprises européennes, poursuit Die Welt, ont cessé de vouloir investir en Afrique, pour cause de corruption et de prolifération du sida. Elles préfèrent se tourner vers l’Europe de l’est et l’Asie, mais elles feraient bien, aujourd’hui, de reconsidérer leur position. Car la Chine en particulier est en train de faire la démonstration que l’Afrique permet de réaliser d’excellentes affaires.

Un autre rapport est sorti cette semaine. C’est le rapport du FNUAP sur l’état de la population mondiale et il concerne tout spécialement les mouvements migratoires des femmes.

La presse allemande s’en fait l’écho bien sûr. Et la Frankfurter Rundschau jette un éclairage particulier sur l’exode des infirmières africaines. Tous les mois par exemple, 300 infirmières quittent l’Afrique du sud pour trouver un meilleur salaire dans les pays industriels du nord. La Grande Bretagne arrive en tête de la liste des pays jugés les plus attrayants, alors que l’Afrique du sud a un besoin aigu d’infirmières. Au Zimbabwe, lit-on encore dans cet article, le ministre de la santé a dû reconnaitre que la pénurie de personnel médical qualifié empêchait de maitriser une épidémie de choléra. Ce sont surtout les salaires misérables qui poussent les infirmières à quitter leurs pays, poursuit le journal, mais aussi l’attrait de meilleures conditions de travail et de vie. 10 000 infirmières sud-africaines travaillent en Grande-Bretagne, mais le gouvernement britannique a adopté récemment une nouvelle réglementation : les infirmières du Tiers-Monde n’obtiendront désormais un permis de travail que si aucune infirmière britannique ou européenne ne peut être trouvée pour le même emploi.