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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron29 septembre 2006

RDC – Somalie

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Franz-Josef Jung avec Jean-Pierre Bemba
Franz-Josef Jung avec Jean-Pierre BembaImage : AP

Franz-Josef Jung, le ministre allemand de la défense, était cette semaine à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Il a rendu visite au contingent allemand déployé dans le cadre de l’EUFOR. Et à cette occasion il a réaffirmé que les soldats de la Bundeswehr quitteraient comme prévu le Congo à la fin novembre. Or c’est justement ce qui pose problème à certains commentateurs de la presse allemande. La situation au Congo est explosive, écrit la Tageszeitung. A un mois du second tour de la présidentielle, les deux principaux camps politiques, ceux de Joseph Kabila et de Jean-Pierre Bemba, se préparent à une campagne électorale qui risque d’être violente. Souligner, dans une situation aussi précaire, que le mandat de la Bundeswehr et de la force européenne s’achèvera comme prévu à la fin novembre relève de l’imprudence, estime le journal. Le ministre de la défense sait qu’à cette date les résultats du second tour de la présidentielle viendront tout juste d’être publiés, et que ceux des élections provinciales se feront peut-être encore attendre. Choisir ce moment pour partir serait une invitation à tous les perturbateurs. On murmure certes que les soldats allemands ne seront pas rentrés chez eux pour Noël. Mais les opinions publiques, tant allemande que congolaise, ont droit, sur ce genre de question, à un débat public. Chris Patten, l’ancien commissaire européen aux affaires extérieures, insiste lui aussi, dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung, sur l’instabilité de la situation au Congo et appelle les Allemands à prolonger leur mission jusqu’en janvier 2007. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que Joseph Kabila s’est fait livrer par l’Ukraine une vingtaine de chars et de transports de troupes. Mais apparemment cela n’inquiète pas l’EUFOR. Le journal relève aussi que Jean-Pierre Bemba aura fait plutôt bonne impression à Franz Josef Jung, lequel n’aura pu rencontrer ni Joseph Kabila, qui s’est retranché derrière des problèmes d’emploi du temps, ni le président de la commission électorale indépendante, Apollinaire Malu Malu, alors en visite en Afrique du sud.

La Somalie reste pour la presse allemande un autre sujet d’inquiétude. La prise du port de Kismayo par l’Alliance des tribunaux islamiques fait craindre l’éclatement d’une guerre ouverte entre la Somalie et l’Ethiopie.

C’est ce que prédit en tout cas un journal comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car écrit-il, en réaction à la chute de Kismayo, l’Ethiopie a envoyé 500 soldats à Baidoa pour appuyer le gouvernement de transition. Les islamistes ont perçu cet envoi de troupes comme une déclaration de guerre. Il faut s’attendre, dans un proche avenir, à des affrontements entre milices islamistes et soldats éthiopiens dans la ville de Baidoa. L’Ethiopie, souligne le journal, se sent menacée par les islamistes, dont l’objectifr déclaré est de reconquérir l’Ogaden, une région peuplée de Somalis mais qui appartient à l’Ethiopie. Parallèlement la crainte des Américains de voir s’installer un Etat taliban sur le sol africain est pour l’Ethiopie l’occasion bienvenue d’améliorer ses relations avec l’Amérique. Elles ont été mises à mal par les fraudes électorales de l’an dernier en Ethiopie. Pour l’instant en tout cas, le premier ministre Meles Zenawi est à l’abri des critiques de Washington. Le Kenya, où de plus en plus de voix s’élèvent pour demander des négociations avec les tribunaux islamiques, est apparemment le seul pays qui perçoive la force explosive du conflit qui s’annonce en Somalie, à savoir le plus vieux pays chrétien du continent, l’Ethiopie, contre les nouveaux prophètes autoproclamés. On lit en revanche dans la Süddeutsche Zeitung que le Kenya précisément, et des représentants du gouvernement somalien de transition, auraient demandé au conseil de sécurité de l’ONU une levée de l’embargo sur les armes contre la Somalie. Ceci pour permettre l’intervention d’une force de paix de l’Union africaine. L’insistance du Kenya, estime le journal, place les Nations unies dans une situation délicate. De facto les soldats seraient là pour protéger le gouvernement de transition et seraient considérés par les milices islamistes comme des envahisseurs. La force de paix risquerait donc d’attiser un peu plus le conflit.