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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron18 octobre 2006

Somalie – Darfour

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Parmi les thèmes africains traités cette semaine par les journaux, nous retiendrons tout d’abord la Somalie.

On commence par cet article de l’hebdomadaire Der Spiegel qui nous présente un Somalien en train de rêver. Mohiadin Hassan Ali rêve d’une mer de drapeaux bleu-blanc, d’une foule qui chante, d’un ballon qui s’envole de plus en plus haut puis tombe doucement dans le filet, derrière le gardien de buts. Jouer de nouveau un match à domicile, voilà son rêve. Mohiadin Hassan Ali est le président de la fédération somalienne de football. Et cette fédération n’a pas le droit d’organiser des matches à domicile. Depuis le début de la guerre civile, au début des années 90, elle doit toujours jouer à l’extérieur. A présent note le Spiegel, tout est censé s’améliorer. Les islamistes ont conquis Mogadiscio et chassé les dangereux chefs de guerre de la capitale. Mais le football et les islamistes ne font pas bon ménage. Pendant la coupe du monde de football en Allemagne, deux personnes ont été abattues pour avoir regardé un match à la télévision. Des hommes en shorts, les mollets nus, là les islamistes ne plaisantent pas. Il y a trois semaines, ajoute le journal,un autre Somalien a subi le même sort. Il avait regardé le match Chelsea-Liverpool.

La Frankfurter Rundschau nous présente quant à elle Hassan Mohamed Gutale. Il a 42 ans et, depuis 16 ans, il garde, comme la prunelle de ses yeux, le centre de formation professionnelle de la GTZ, la coopération technique allemande, à Mogadiscio. Pendant six ans ce centre a formé des ajusteurs, des menuisiers, des mécaniciens. Mais en août 1990 les Allemands ont fait leurs valises. Au début, note le journal, ils envoyaient tous les mois un chèque de 5 000 dollars pour l’entretien du centre. Hassan et ses collègues utilisaient aussi l’argent pour continuer à enseigner. Et puis en janvier 2001 la GTZ a complètement arrêté ses versements. Hassan et ses collègues n’en ont pas moins continué à donner des cours. Bénévolement cette fois. Le centre, souligne le journal, est aujourd’hui en parfait état de fonctionnement. Et comme le dit Hassan, les Allemands peuvent revenir.

Le Darfour reste un autre point fort de l’actualité africaine dans la presse allemande.

Provocation soudanaise – c’est le titre d’un éditorial de la Süddeutsche Zeitung qui s’étonne que Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, parle d’une catastrophe imminente au Darfour. La catastrophe dure depuis des années, écrit le journal. Des centaines de milliers de personnes y ont perdu la vie. Dans une telle situation le gouvernement soudanais continue de refuser le déploiement de casques bleus de l’ONU. Le régime de Khartoum considère toute intervention des Nations unies comme une invasion et la participation de n’importe quel Etat comme un "acte hostile". Des déclarations comme celles-ci, poursuit le journal, ne sont pas étonnantes de la part d’un régime qui massacre lui-même sa population ou la fait massacrer par milices interposées. Il faut, souligne notre confrère, que les Nations unies envoient la force de paix décidée par le conseil de sécurité. Mais comme elles ne peuvent le faire sans l’accord du gouvernement soudanais, la communauté internationale doit exercer une pression massive sur Khartoum pour obtenir son consentement. Seulement, conclut le journal, tant que Moscou et Pékin saboteront ces efforts, la catastrophe soudanaise continuera.

En bref sachez encore que la Tageszeitung salue la décision du gouvernement norvégien qui vient d’annuler la dette de cinq pays en développement. L’important est moins le montant, 63 millions d’euros, que la motivation. Pour Oslo les crédits à la Sierra Leone, au Pérou, à l’Equateur, à la Jamaïque et à l’Egypte avaient pour but, non pas de promouvoir le développement de ces pays, mais uniquement de relancer les exportations de navires norvégiens. Une décision qualifiée d’exemplaire par le journal dans la mesure où elle reconnait la responsabilité des créanciers. Qui, sinon eux, demande la TAZ, ont fourni tout le nécessaire aux Pinochets et Mobutus de ce monde pour qu’ils puissent piller et opprimer leur population.