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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 novembre 2006

Climat – Chine/Afrique – Nigéria

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Nous commençons par un sujet qui concerne l’humanité toute entière, c’est le climat. Mais à la lumière de la conférence qui se déroule actuellement à Nairobi, l’Afrique semble particulièrement éprouvée par les changements climatiques. Comme l’écrit la Tageszeitung, les conséquences de l’effet de serre y sont particulièrement sensibles. Des études écologiques l’ont montré, note le journal: le continent africain se réchauffe, les périodes de sécheresse s’allongent et accentuent la crise alimentaire dans de nombreuses régions. Cela touche les plus pauvres des pauvres, et un continent qui n’a pas les moyens d’endiguer avec succès l’effet de serre provoqué par les nations industrielles. Interrogée par le journal, la ministre de la coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul, reconnait que les programmes de développement d’énergies renouvelables, lancés par le gouvernement allemand dans les pays du Sud, rencontrent un vif intérêt en Asie et en Amérique latine, alors que la demande africaine reste très modeste. Son explication: beaucoup de ces programmes sont financés par des crédits de la Banque allemande de développement. Or les crédits ne sont d’aucune aide pour les pays les plus pauvres d’Afrique, sans compter que dans ces pays très peu de gens seulement peuvent se payer des énergies renouvelables aux prix du marché. Nous devons privilégier les subventions, souligne Mme Wieczorek-Zeul. Mais ajoute-t-elle, n’oublions pas non plus que beaucoup de pays africains misent sur l’énergie hydraulique. La plupart des grands barrages ont d’immenses conséquences sociales et écologiques, mais n’apportent pratiquement aucun avantage aux pauvres dans les régions dépourvues de réseaux électriques.

Le boom économique de la Chine, on le sait, contribue précisément à l’effet de serre, mais il est aussi un espoir pour l’Afrique. La presse allemande revient sur le sommet sino-africain du week-end dernier à Pékin.

L’Empire du Milieu, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, lorgne surtout sur les matières premières africaines. Il n’hésite pas pour cela à débourser des milliards pour des projets d’infrastructures et des usines en Afrique – ce que l’Afrique, depuis longtemps déjà, ne peut plus attendre des occidentaux. Mais poursuit le journal, depuis l’orient le soleil levant projette aussi une ombre sur l’Afrique. Les importations asiatiques bon marché menacent de faire plier genou aux rares sites industriels africains, surtout dans le textile. Les chefs d’Etat africains doivent veiller à ne pas se laisser étouffer par l’accolade chinoise. Et les citoyens africains doivent faire en sorte que les milliards de la Chine n’appuient pas des dirigeants corrompus dont ils veulent se débarrasser.

Au Nigéria les élections présidentielle et législatives auront lieu en avril 2007 – de quoi faire de la lutte contre la corruption une arme électorale, selon la presse allemande de cette semaine. L’affaire de corruption la plus spectaculaire de l’histoire récente, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, est à coup sûr celle du vice-président Atiku Abubakar. Il doit répondre actuellement, devant une commission d’enquête du sénat, de l’accusation de détournement de fonds. Abubakar dément et accuse le président Obasanjo de vouloir l’éliminer politiquement. Il est vrai, poursuit le journal, qu’Abubakar a été l’adversaire le plus célèbre de l’intention qu’avait Obasanjo de modifier la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. Et lorsque Abubakar a menacé de publier les "revenus annexes", réels ou supposés, d’Obasanjo, ce dernier a fait remettre au sénat un rapport d’enquête sur les fautes d’Abubakar. Rapport qu’il avait lui-même reçu de la Commission sur les crimes financiers et économiques. Celle-ci a donc nourri une fois de plus le soupçon d’agir exclusivement dans l’intérêt politique d’Obasanjo. Ses rapports en effet sont destinés par principe, non pas au président mais au ministère de la justice. Et ajoute le journal, on peut se semander pourquoi la commission publie ses rapports au début de la campagne électorale, si ce n’est pour prolonger le pouvoir d’Obasanjo au-delà de son dernier mandat en mettant à sa disposition des documents "explosifs."