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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron15 décembre 2006

Madagascar – Somalie

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C’est tout d’abord le résultat de l’élection présidentielle à Madagascar qui cette semaine retient l’attention des journaux. Eclipsée la République démocratique du Congo depuis l’investiture de Joseph Kabila, c’est effectivement vers la Grande Ile que les chroniqueurs tournent à présent leurs regards. Le roi du yaourt reste président, titre la Tageszeitung après la réélection, dès le premier tour, du riche homme d’affaires Marc Ravalomanana à la tête de l’Etat malgache. Le bilan de son premier mandat, écrit le journal, est mitigé. Son élection, en 2001, a été synonyme de rapprochement avec les Etats-Unis, et surtout l’Allemagne, qu’il connait bien. En politique intérieure il a inauguré un tournant vers une économie libérale, axée sur l’exportation. Il a lancé un vaste programme de construction de routes et modifié le droit foncier pour offrir de meilleures conditions aux sociétés étrangères qui investissent dans le secteur minier. Mais poursuit le journal, la corruption et la lourdeur politique de Madagascar n’ont guère changé. 70% des 18 millions de Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il y a quatre ans, il est vrai, ils étaient encore 80%. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Marc Ravalomanana est le Berlusconi de Madagascar. Une comparaison avec l’ancien chef du gouvernement italien qui s’explique notamment par la fulgurante ascension sociale de l’ancien livreur de lait devenu le plus gros entrepreneur de Madagascar. L’empire qu’il a créé à partir de la modeste laiterie familiale contrôle aujourd’hui de vastes pans du secteur alimentaire malgache. Et selon ses détracteurs, souligne le journal, le président ne fait guère de différence entre intérêts privés et exercice de la magistrature suprême. Des filiales du groupe Tiko, le groupe de Marc Ravalomanana donc, sont présentes dans la construction de routes, et, ajoute notre confrère, compte tenu du fait que la plupart des nouvelles routes construites à Madagascar sont financées par l’aide au développement, cela laisse effectivement un étrange arrière-goût.

Autre grand thème, cette semaine pour la presse allemande: la Somalie. L’escalade du conflit entre le gouvernement de transition et les islamistes fait craindre l’éclatement d’une guerre dans la Corne de l’Afrique. C’est ce que la Süddeutsche Zeitung appelle une guerre par procuration. En apparence, écrit le journal, deux hommes s’affrontent en duel. L‘un, Abdullah Yussuf Ahmed, est un ancien chef de guerre qui, en tant que président du gouvernement de transition, bénéficie aujourd’hui de l’appui des Nations unies. L’autre, Cheikh Hassan Dahir Aweys, est un chef de milices islamistes radicales qui ont chassé les chefs de guerre de Mogadiscio. Mais ce duel se joue avec beaucoup d’auxiliaires extérieurs. A Baidoa le gouvernement intérimaire peut compter sur le grand voisin éthiopien, lequel est appuyé à son tour par les Etats-Unis. A Mogadiscio l’Union des tribunaux islamiques n’est pas seule non plus. L’Erythrée, ennemie héréditaire de l’Ethiopie, lui a envoyé des combattants et des armes. Selon l’ONU des pays comme Djibouti, la Syrie, la Libye, l’Arabie saoudite et l’Iran appuient également les nouveaux maîtres des Mogadiscio. Bref, poursuit le journal, une guerre par procuration, très difficile à endiguer, est en train de s’esquisser dans la Corne de l’Afrique. Washington a pris récemment l’initiative en faisant voter par le conseil de sécurité de l’ONU une résolution demandant l’envoi d’une force de paix en Somalie. Mais quelle paix veut-on préserver? La Frankfurter Rundschau redoute elle aussi une déstabilisation de la région toute entière. Il est grand temps, demande le journal, de convoquer une conférence internationale et d’intégrer les islamistes comme partie de la solution plutôt que de continuer à les exclure comme terroristes potentiels. Sinon les morts dans la Corme de l’Afrique se compteront bientôt par dizaines de milliers. Pour Kofi Annan il y a maintenant des choses plus importantes à faire que fêter son départ.