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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron22 décembre 2006

Libye – Bilan Annan - Rwanda

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Cette semaine tous les commentateurs ont crié leur indignation après la condamnation à mort, en Libye, de cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien.

Verdict en appel après sept années de détention. Les six condamnés étaient accusés d’avoir inoculé sciemment le virus du sida à 426 enfants. Ils étaient venus pour aider, ils sont punis de mort, titre la Tageszeitung qui écrit que l’Union européenne se réveille. Elle se rend compte qu’en Libye les choses n’ont pas autant changé qu’elle aimerait le croire. Les droits de l’homme et les droits civiques y sont une notion étrangère. Les innombrables rapports d’organisations internationales de défense des droits de l’homme sont là pour le prouver: des opposants disparaissent derrière les barreaux sans inculpation, des immigrants clandestins sont internés et expulsés vers le Sahara. Jamais dans ce procès les preuves n’ont intéressé la justice libyenne, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Kadhafi a fait arrêter les infirmières bulgares pour apaiser son peuple. D’éminents scientifiques, dont Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida, avaient constaté que le manque d’hygiène et non un quelconque complot de l’étranger, était à l’origine de l’épidémie de sida en Libye. Etat arbitraire, déni de droit, la justice, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, s’est heurtée aux intérêts d’un régime qui se prend pour le meilleur du monde. La Süddeutsche Zeitung dénonce une chasse aux sorcières, un simulacre de procès dans lequel les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien ont été torturés pyschiquement, et sans doute aussi physiquement, pour faire triompher au final la vérité de Kadhafi. Il est temps, pour l’Union européenne, de montrer clairement qu’elle n’abandonne pas les ressortissants de son nouvel Etat membre, la Bulgarie donc, qui entrera dans l’UE le 1er janvier.

L’année 2006 touche à sa fin et avec elle c’est aussi le mandat de Kofi Annan comme secrétaire général de l’ONU qui s’achève. La presse allemande note que l’Afrique, précisément, porte un jugement sévère sur les prestations de celui qui aura été le premier Africain subsaharien à la tête des Nations unies.

Comme le relève la Frankfurter Rundschau, le bilan dressé sur le continent africain est plus mauvais que dans le reste du monde. "Il n’a rien fait dont nous puissions être fiers" déclare par exemple Moeletsi Mbeki, directeur de l’Institut sudafricain pour les affaires internationales, et frère du président Mbeki. Sur les questions vitales de l’Afrique, celles de son développement et de sa démocratisation, toutes les initiatives importantes sont venues d’autres organisations. Le G8 en particulier a supplanté l’ONU. C’est le club des riches qui a négocié l’annulation de la dette et accompagné le NEPAD, le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique. Autre expert cité par le journal: Alexander Casella, qui a travaillé pendant 20 ans au HCR, et qui fait dans le sarcasme en soulignant que, au lieu d’en faire peu et de le faire bien, comme son prédécesseur, Kofi Annan "n’a rien fait, mais l’a très bien fait". D’autres sont plus indulgents. Exemple Jakkie Cilliers, directeur de l’Institut d’étutdes stratégiques de Prétoria, qui estime que les grandes missions de casques bleus au Congo, en Sierra Leone et au Libéria, se sont toutes déroulées de façon positive.

Enfin le Rwanda fait aussi parler de lui, cette semaine, dans la presse allemande. Très précisément dans l’hebdomadaire Der Spiegel. L’article est intitulé "Internet dans toutes les cases" et nous apprend qu’un jeune entrepreneur américain, Greg Wyler, est en train d’installer dans l’un des pays les plus pauvres du monde l’un des réseaux de communications les plus modernes au monde. Greg Wyler veut transformer le Rwanda tout entier en une sorte de laboratoire à ciel ouvert pour une nouvelle forme d’aide au développement. Les sceptiques, note le Spiegel, trouvent cynique de fournir des ordinateurs à des enfants qui ne mangent pas à leur faim. Wyler considère en revanche l’accès à internet comme une infrastructure nécessaire, comparables aux routes et aux lignes électriques. 300 km de câbles en fibres optiques ont déjà été posés.